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Le gouvernement optimiste malgré un déficit commercial record

LE DÉFICIT COMMERCIAL

LE DÉFICIT COMMERCIAL - -

par Matthias Blamont et Jean-Baptiste Vey PARIS (Reuters) - Le gouvernement français s'est efforcé mardi de relativiser le déficit commercial record...

par Matthias Blamont et Jean-Baptiste Vey

PARIS (Reuters) - Le gouvernement français s'est efforcé mardi de relativiser le déficit commercial record enregistré par la France en 2011 et estimé que la poursuite des réformes lancées par Nicolas Sarkozy était susceptible de rétablir l'équilibre à l'horizon 2017.

Le secrétaire d'Etat au Commerce extérieur, Pierre Lellouche, a défendu l'instauration prochaine d'une "TVA compétitivité" et l'idée que le rétablissement des comptes du commerce extérieur devait s'inscrire dans le temps.

"Les chiffres d'aujourd'hui ne sont évidemment pas bons et en même temps je suis satisfait que le commerce extérieur devienne un vrai sujet à l'approche de l'élection présidentielle", a-t-il dit à des journalistes.

"Le commerce extérieur et l'endettement sont devenus des marqueurs d'indépendance d'un pays. Le fond du sujet, c'est la compétitivité de la France, son coût du travail notamment et sa réindustrialisation par l'export", a-t-il ajouté. "Il faut sortir de l'idée que l'industrie c'est sale et que la croissance ne se fait que par le marché intérieur."

Le relèvement programmé de 19,6% à 21,2% du taux de TVA en octobre prochain en échange d'une baisse des charges patronales devrait renforcer la compétitivité des entreprises tricolores, a-t-il estimé. A condition qu'elles ne préfèrent pas restaurer leurs marges au détriment de l'investissement productif.

Plombé aux trois quarts par une facture énergétique en nette hausse, le déficit commercial français a totalisé 69,6 milliards d'euros l'an dernier contre 51,5 milliards en 2010. Le précédent record date de 2008 (-56,2 milliards) et le dernier excédent de 2002 (+3,5 milliards).

La contribution du commerce extérieur à la croissance du produit intérieur brut 2011 devrait ainsi être légèrement négative, de -0,3 point, selon les calculs de Bercy.

L'Allemagne, instituée en modèle par Nicolas Sarkozy et les membres du gouvernement depuis fin janvier, devrait publier mercredi un excédent commercial estimé à quelque 160 milliards d'euros au titre de 2011.

Hors énergie, l'Italie, dont l'endettement suscite pourtant l'inquiétude, affiche de son côté un excédent de 30,5 milliards d'euros sur les onze premiers mois de l'an dernier.

La part française du marché mondial en valeur continue pour sa part à se dégrader depuis 15 ans. A 3,3% en 2011, elle atteignait 5,8% en 1995. Surtout, le déficit des exportations avec l'Union européenne, qui représentent 61% du total des produits vendus hors de France, s'est creusé l'an dernier, en dépit d'une amélioration en Afrique et en Asie.

PRIORITÉ AUX ÉMERGENTS

"L'objectif que nous nous sommes fixé dans cette maison c'est de tendre à zéro (l'équilibre de la balance commerciale, NDLR) d'ici à cinq ans", a souligné Pierre Lellouche.

"Pour cela il faut tout simplement appliquer les mêmes recettes que ceux qui ont réussi dans la mondialisation, c'est-à-dire chercher de la croissance vers les pays où il y a de la croissance", a-t-il ajouté, avant de rappeler que la France écoulait 7% de ses exportations vers le bloc des BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine) quand celles de l'Allemagne vers ces pays atteignent 12%.

"Si nous arrivons à doubler le rythme de croissance de nos exportations vers ces économies, nous aurons rétabli nos comptes dans un délai de cinq ans", a poursuivi le secrétaire d'Etat.

Prié de dire pourquoi la France n'était pas parvenue à une telle performance depuis 2007, Pierre Lellouche a évoqué la nécessité d'une action dans la durée.

"Les réformes de structures de Nicolas Sarkozy ont démarré en 2007. L'Allemagne a commencé il y a 12 ans", a-t-il dit une nouvelle fois en allusion à la politique de Berlin.

"GROS PROBLÈMES AVEC LA CHINE"

Le secrétaire d'Etat a logiquement tenu à mettre en avant les bonnes nouvelles contenues dans la publication du jour, au premier rang desquelles la signature de grands contrats d'équipement civil dans les pays émergents, en hausse de 36% sur un an, un excédent agroalimentaire plus important (11,4 milliards d'euros) et l'augmentation, de 9%, des exportations made in France, désormais à peu près au même niveau qu'en 2008.

La Chine, avec laquelle la France entretient un déficit commercial de l'ordre de 27 milliards d'euros, devra coopérer avec la communauté internationale, a dit Pierre Lellouche.

"Nous avons de gros problèmes avec la Chine. C'est un client très important (...) avec une classe moyenne 300 millions de personnes, mais la contrefaçon y est un sport national et les investissements y sont très restrictifs", a-t-il dit.

"Il faut que nous parvenions à amener les dirigeants chinois à comprendre qu'ils sont membres d'une communauté internationale et qu'ils en sont même actionnaires. Ce n'est pas un jeu à somme nulle".

Edité par Yves Clarisse