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Politique

Le gouvernement modère le ton, les magistrats mobilisent

Drapeau déployé devant le ministère de la Justice, mercredi, à Paris. La grève des audiences lancée dans la magistrature après les critiques de Nicolas Sarkozy liées à l'affaire Laëtitia devait donner lieu à d'importantes manifestations ce jeudi, notammen

Drapeau déployé devant le ministère de la Justice, mercredi, à Paris. La grève des audiences lancée dans la magistrature après les critiques de Nicolas Sarkozy liées à l'affaire Laëtitia devait donner lieu à d'importantes manifestations ce jeudi, notammen - -

PARIS (Reuters) - Lancés dans une grève inédite des audiences, les magistrats manifestent jeudi dans toute la France, notamment à Nantes et Paris,...

PARIS (Reuters) - Lancés dans une grève inédite des audiences, les magistrats manifestent jeudi dans toute la France, notamment à Nantes et Paris, tandis que le gouvernement tempère ses accusations dans l'affaire Laëtitia.

Le porte-parole du gouvernement français, François Baroin, qui s'exprimait quelques heures avant les manifestations de juges et au lendemain d'une série d'enquêtes d'opinion montrant que le mouvement est soutenu par environ deux tiers des Français, a souligné les difficultés du métier de juge.

"C'est un métier difficile, ils portent beaucoup de misère de la société", a-t-il dit sur RTL.

Prié de dire s'il y avait eu à ses yeux une faute dans l'affaire du meurtre de Laëtitia Perrais, dont le principal suspect n'a pas fait l'objet du suivi prévu, il a répondu que ce seraient les inspections qui le diraient alors que Nicolas Sarkozy avait jugé que des fautes avaient été commises.

Selon des sources syndicales, 170 juridictions sur 193 ont décidé depuis de renvoyer sine die les audiences non urgentes. Le ministère de la Justice ne donne pas de chiffre.

Des manifestations devaient se dérouler partout en France jeudi après-midi, avec deux points forts à Nantes et Paris. La Cour de cassation, plus haute juridiction du pays, doit tenir au même moment une assemblée générale pour savoir si elle se joint au mouvement, ce qui serait inédit.

Ses sections criminelle et sociale ont déjà ordonné séparément des renvois d'audiences.

Nicolas Sarkozy est attendu sur ce sujet lors de son intervention télévisée de ce jeudi soir sur TF1.

"PLEIN SOUTIEN" DU PS

Le président français avait en effet accusé les magistrats de "fautes" dans le suivi d'un homme sorti de prison en février 2010, Tony Meilhon, suspecté d'avoir tué près de Nantes Laëtitia Perrais et d'avoir démembré son corps.

Il a annoncé la semaine dernière des sanctions, mais le Conseil supérieur de la magistrature a rappelé mercredi qu'il était seul compétent en la matière.

Les résultats de trois inspections ordonnées au sein de la justice, de l'administration pénitentiaire et de la police sont attendues en début de semaine prochaine.

Sorti de prison en février 2010 après avoir purgé en intégralité et durant onze ans des peines pour plusieurs délits, Tony Meilhon devait respecter une "mise à l'épreuve" mais ce suivi n'a pas été mis en oeuvre faute d'effectifs, comme pour plus de 800 autres détenus en Loire-Atlantique.

Il faisait l'objet de plaintes pour des délits et pour une affaire de vol de voiture.

Les organisations de magistrats, soutenues par une vingtaine de syndicats de fonctionnaires, d'avocats, de policiers, de psychiatres et de victimes, demandent au gouvernement un plan de remise à niveau financier du système judiciaire français, classé au 37e rang européen pour l'effort budgétaire.

Actuellement en déplacement à l'étranger, le premier secrétaire du Parti socialiste Martine Aubry a exprimé son "plein soutien" au mouvement.

"Je demande au président de la République de répondre avec clarté au monde judiciaire. Il doit lui manifester le respect dû à la justice de notre pays et s'engager à apporter les moyens nécessaires pour remplir sa mission", écrit-elle dans un communiqué.

Thierry Lévêque, Jean-Baptiste Vey, édité par Yves Clarisse