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Politique

Le gouvernement lâche un peu de lest sur les retraites

Le ministre du Travail, Eric Woerth. Le gouvernement a lâché du lest sur les retraites dans l'espoir d'étouffer la radicalisation de la contestation de sa réforme. Mais la mesure en faveur des parents ayant arrêté de travailler pour élever leurs enfants,

Le ministre du Travail, Eric Woerth. Le gouvernement a lâché du lest sur les retraites dans l'espoir d'étouffer la radicalisation de la contestation de sa réforme. Mais la mesure en faveur des parents ayant arrêté de travailler pour élever leurs enfants, - -

Le gouvernement a fait jeudi un geste sur les retraites dans l'espoir d'étouffer la radicalisation de la contestation de sa réforme.

Mais la mesure en faveur des parents ayant arrêté de travailler pour élever leurs enfants, proposée par Nicolas Sarkozy en accord avec sa majorité parlementaire, a reçu un accueil mitigé des syndicats, qui préparent une nouvelle journée de grèves et de manifestations pour mardi prochain.

Tandis que la CFDT saluait dans un communiqué un "pas en avant", la CGT a voulu y voir une concession obtenue grâce à la mobilisation de la rue et a dit en souhaiter d'autres, sur le coeur de la réforme.

"Cela montre que les marges de manoeuvre sont encore possibles et que la mobilisation est capable de faire bouger un certain nombre de lignes sur un texte qu'on nous présentait comme un texte parfait", a dit le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, lors d'un point presse.

L'amendement défendu par Eric Woerth prévoit le maintien pour une période transitoire de cinq ans de la retraite à taux plein à 65 ans, contre 67 dans le projet de loi, pour les mères de trois enfants et plus nées entre 1951, première génération concernée par la réforme, et 1955, sous réserve qu'elles se soient arrêtées de travailler pour élever leurs enfants.

En satisfaisant aux demandes d'une partie des sénateurs de droite et centristes, le gouvernement espère faire progresser plus rapidement le texte au Sénat, où le débat devrait se poursuivre jusqu'à la fin du mois.

"Nous avons un débat utile entre le Sénat et le gouvernement, ça permet de faire avancer ce texte", a dit à Reuters Gérard Longuet, chef de file des sénateurs UMP. "Votons ce texte, avançons. Je ne suis pas pressé mais trois semaines, ce sera plus que l'Assemblée nationale (...) On va au maximum de ce qui est possible. Au-delà, ce ne serait pas raisonnable".

Gérard Longuet a ajouté qu'aucun aménagement supplémentaire n'était à attendre après la prochaine journée de grèves.

L'Elysée a précisé pour sa part dans un communiqué qu'il n'était pas question de toucher à l'essentiel d'une réforme dont Nicolas Sarkozy entend faire l'un des symboles de son quinquennat et qui prévoit le passage à 62 ans de l'âge légal de départ à la retraite.

WOERTH SALUE DES "AVANCÉES MAJEURES"

La mesure principale présentée jeudi aux sénateurs par Eric Woerth bénéficierait à 130.000 mères de famille.

Le ministre, qui pilote le projet de loi sur les retraites, a proposé aux sénateurs un deuxième amendement qui prévoit le maintien à 65 ans de l'âge d'annulation de la décote pour les parents d'enfants lourdement handicapés, une mesure pérenne.

"Ces deux mesures sont des avancées majeures et montrent que le gouvernement est à l'écoute des mécontentements et des inquiétudes de la rue, de l'Assemblée nationale et du Sénat", a déclaré Eric Woerth.

Pour les socialistes, il ne s'agit que d'un rideau de fumée.

"Depuis hier (mercredi), vous dressez un décor, une mise en scène (...) Vous essayez de faire croire que le gouvernement avance, quand il se contente de reculer un peu moins", a dit Jean-Pierre Bel, chef de file des sénateurs socialistes.

Pour financer les mesures proposées, le gouvernement veut augmenter de 0,2 point les prélèvements sociaux sur les revenus du capital et aligner le taux des prélèvements forfaitaires sur les plus-values immobilières sur celui des autres revenus du capital.

Selon Eric Woerth, ces deux nouvelles recettes permettraient de dégager 340 millions d'euros par an et de financer les deux mesures, dont le coût cumulé est estimé à 3,4 milliards d'euros d'ici 2022. Elles n'entreront pas dans le calcul du bouclier fiscal, a-t-il précisé.

Avec le service France, édité par Patrick Vignal