BFMTV
Politique

Le G20 en quête d'un compromis sur les déséquilibres

Les pays du G20 continuaient vendredi matin d'afficher leurs divergences sur les moyens de mesurer les déséquilibres économiques mondiaux peu avant l'ouverture de la réunion des ministres des Finances et des banquiers centraux à Paris. /Photo prise le 17

Les pays du G20 continuaient vendredi matin d'afficher leurs divergences sur les moyens de mesurer les déséquilibres économiques mondiaux peu avant l'ouverture de la réunion des ministres des Finances et des banquiers centraux à Paris. /Photo prise le 17 - -

PARIS (Reuters) - Les pays du G20 continuaient vendredi d'afficher leurs divergences sur les moyens de mesurer les déséquilibres économiques...

PARIS (Reuters) - Les pays du G20 continuaient vendredi d'afficher leurs divergences sur les moyens de mesurer les déséquilibres économiques mondiaux peu avant l'ouverture de la réunion des ministres des Finances et des banquiers centraux.

La présidence française du groupe qui réunit 85% du produit intérieur brut mondial espère pouvoir annoncer samedi un accord au moins partiel sur une liste d'indicateurs permettant d'évaluer ces déséquilibres et d'ouvrir le débat sur les moyens d'y remédier.

Cette liste pourrait inclure des critères tels que le solde des paiements courants, les taux de change réels, le solde de la balance commerciale, le solde budgétaire ou les réserves de change.

Mais la réunion ministérielle pourrait déboucher sur un accord seulement partiel, a ainsi déclaré le ministre japonais des Finances, Yoshihiko Noda.

"Il n'est pas certain que les pays se mettent d'accord sur tous les indicateurs mais je pense qu'un accord sur certains d'entre eux est possible", a-t-il dit à des journalistes.

Les discussions porteront sur les propositions d'un groupe de travail visant à retenir des indicateurs tels que le solde budgétaire, les réserves de change et les taux d'épargne, a-t-il ajouté.

"J'ai l'impression, sur la base des discussions du groupe de travail, que les pays sont désormais partagés en deux camps", a-t-il expliqué.

Une source allemande a déclaré de son côté qu'un éventuel accord devait inclure l'ensemble des indicateurs évoqués jusqu'à présent, y compris les taux de change.

LAGARDE OPTIMISTE

"Nous soutenons les travaux du cadre de travail", a déclaré cette source à Reuters, "mais nous voulons que l'ensemble des cinq indicateurs soit adopté."

"On a du mal à imaginer d'en exclure certains, par exemple de laisser tomber ceux liés aux changes et de conserver ceux concernant les comptes courants", a précisé la source.

Christine Lagarde, la ministre française de l'Economie, affichait son optimisme vendredi matin, déclarant que "pour réaliser nos objectifs, il faut qu'on les place assez haut et qu'on mette toutes nos forces dans la bataille".

De son côté, le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, souligne dans un entretien au Monde que "le G20 est fondé sur la bonne volonté".

"Aucun pays n'a signalé être en désaccord avec l'exercice" consistant à mesurer les déséquilibres, ajoute-t-il. "Même si se mettre d'accord sur les détails est toujours un processus complexe."

La réduction des déséquilibres devait être évoquée dans l'après-midi de vendredi lors d'un débat réunissant les dirigeants des principales banques centrales de la planète, en marge de la réunion officielle.

Dans un rapport qui doit être présenté au G20 samedi et que s'est procuré Reuters, le Fonds monétaire international souligne les risques d'une reprise globale à deux vitesses, les pays avancés restant exposés à la menace d'un nouveau ralentissement alors que certains émergents tentent d'éviter une surchauffe.

INFLATION ET DETTE SANS DOUTE AU MENU

La Chine a une nouvelle fois relevé vendredi le ratio de réserves imposé aux principales banques du pays, pour tenter de freiner les flux de crédit.

Pour le gouverneur de la Banque du Japon, Masaaki Shirakawa, qui s'exprimait devant des journalistes vendredi, "l'assouplissement monétaire dans les pays développés provoque des flux de capitaux vers les pays émergents et c'est en partie à l'origine de la hausse des prix des matières premières".

L'éventualité d'un accord a minima sur les indicateurs ne semble pas préoccuper les investisseurs.

Evoquant cette possibilité, Barclays Capital estime que "les marchés n'apprécieraient sans doute pas une démarche brutale consistant à sacrifier les priorités intérieures aux équilibres extérieurs, qui pourrait être un facteur de trouble si elle n'était pas gérée correctement".

La lutte contre les déséquilibres économiques est l'une des priorités affichées de Nicolas Sarkozy pour la présidence du G20 cette année, avec la réforme du système monétaire international, la réforme de la gouvernance des grandes institutions internationales et la lutte contre la volatilité des prix des matières premières.

Ce dernier dossier semble davantage préoccuper les observateurs alors que plusieurs pays connaissent des poussées inflationnistes nourries par l'envolée des cours de l'énergie et des produits alimentaires de base.

Le baril de Brent a dépassé le seuil des 103 dollars vendredi à Londres, au plus haut depuis fin 2008.

Les marchés financiers sont par ailleurs davantage préoccupés par la persistance des tensions sur le dossier des dettes souveraines en Europe.

Les prêts au jour le jour de la Banque centrale européenne (BCE) aux banques de la région restent très élevés, à plus 15 milliards d'euros contre 1,2 milliard seulement mercredi, ce qui alimente les spéculations sur des difficultés de certains établissements de pays "périphériques".

Les Etats membres de la zone euro sont de plus en plus persuadés que le Portugal devra se résoudre à demander une aide internationale d'ici avril, a déclaré jeudi à Reuters une source de la zone.

Rie Ishiguro et Gernot Heller, Marc Angrand pour le service français, édité par Yves Clarisse