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Politique

Le front syndical à l'épreuve du vote du sénat

Lors d'une manifestation contre la réforme des retraites, samedi à Nantes. Les syndicats opposés à la réforme des retraites aborderont une phase périlleuse jeudi lors de la réunion de l'intersyndicale destinée à définir leur stratégie après le vote du tex

Lors d'une manifestation contre la réforme des retraites, samedi à Nantes. Les syndicats opposés à la réforme des retraites aborderont une phase périlleuse jeudi lors de la réunion de l'intersyndicale destinée à définir leur stratégie après le vote du tex - -

par Gérard Bon PARIS (Reuters) - Les syndicats français opposés à la réforme des retraites aborderont une phase périlleuse jeudi lors de la réunion...

par Gérard Bon

PARIS (Reuters) - Les syndicats français opposés à la réforme des retraites aborderont une phase périlleuse jeudi lors de la réunion de l'intersyndicale destinée à définir leur stratégie après le vote du texte par le Sénat.

Jusqu'à présent, le duo formé par Bernard Thibault (CGT) et François Chérèque (CFDT) a affiché une entente sans faille mais le vote du Sénat, prévu jeudi ou vendredi, et la radicalisation dans certains secteurs pourraient compliquer le jeu syndical.

Mais la CFDT dément toute tension entre les deux dirigeants syndicaux ou tentation de sortir de l'intersyndicale.

"Non, ça ne craque pas, le couple Thibault-Chérèque tient. Tout le monde cherche le moment où ça va craquer, mais ça ne se passera pas comme ça", dit-on dans l'entourage de François Chérèque.

De même, la confédération ne voit aucun symbole dans le fait que les deux leaders n'aient pas manifesté côte à côte samedi dernier à Paris, mais à quelque distance l'un de l'autre.

"Ils ont décidé de laisser entre eux les responsables d'Ile-de-France, c'est tout. Depuis le début du mouvement, ils ont un contact constant", ajoute-t-on de même source.

Pour la plupart des analystes, les deux dirigeants sont condamnés à s'entendre au risque de se couper de leur base.

L'ampleur de la nouvelle journée de grève et de manifestations de mardi devrait néanmoins peser dans l'analyse des organisations syndicales.

AGENDA LOIN D'ÊTRE FERMÉ, DIT LA CGT

Quatre syndicats sur huit - CGT, FSU, Solidaires, CFTC - ont marqué pour l'instant leur volonté de poursuivre la mobilisation après le vote du projet de loi.

Mais la CFDT a indiqué qu'elle souhaitait adapter la stratégie à la "nouvelle séquence" qui s'ouvrira.

"Après le vote au Sénat, nous serons dans une autre configuration", a prévenu Marcel Grignard, numéro deux de la centrale, lors de la dernière intersyndicale jeudi dernier.

Selon le service de presse du syndicat, on aurait tort de penser que la CFDT veut renoncer à appeler les Français à manifester. "Tout se décidera dans l'unité", dit-on.

L'Unsa, qui redoute que les futurs cortèges ne soient clairsemés après les mobilisations qui ont rassemblé jusqu'à 3,5 millions de personnes selon eux, n'a pas caché en revanche sa préférence pour "de nouvelles formes de contestation".

"Si l'intersyndicale décide de nouvelles manifestations après le vote du sénat, ce sera sans nous", déclare pour sa part Carole Couvert, numéro deux de la CFE-CGC, lundi dans Le Figaro.

Or, la CGT n'entend pas se couper de sa base la plus radicale et a pris sous son aile l'ensemble des mouvements reconductibles lancés dans les transports, le secteur de l'énergie et à La Poste, notamment.

"Nous avons un mouvement d'une ampleur inégalée depuis plus de quinze ans. Les organisations syndicales ne vont pas dire stop du jour au lendemain, ce n'est pas concevable", a dit Bernard Thibault dans Le Journal du dimanche du 17 octobre.

Dans son entourage, on souligne que l'agenda est loin d'être fermé, les deux assemblées devant se prononcer solennellement la semaine du 25 octobre. La loi doit être ensuite promulguée par Nicolas Sarkozy, au plus tard courant novembre si elle fait l'objet d'un recours au Conseil constitutionnel.

La CGT a trouvé un allié surprise en la personne de Jacques Voisin, le président du syndicat CFTC, pour qui "une loi votée, ça se corrige."

Néanmoins, la CGT, qui n'a jamais appelé officiellement à la grève reconductible, tente de faire un exercice de synthèse afin de se pas se couper de la CFDT.

Jean-Claude Mailly, le "patron" de Force ouvrière, ne semble pas avoir tranché pour le moment. "La semaine va être décisive, pour l'instant, c'est au jour le jour", dit-on à la direction de la confédération.

Édité par Yves Clarisse