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Le Front national joue en partie son avenir aux régionales

Très affaibli depuis 2007, le Front national compte sur les élections régionales pour retrouver des couleurs et surtout ménager l'avenir dans la perspective du prochain retrait de Jean-Marie Le Pen. /Photo prise le 7 mars 2010/REUTERS/Jean-Paul Pélissier

Très affaibli depuis 2007, le Front national compte sur les élections régionales pour retrouver des couleurs et surtout ménager l'avenir dans la perspective du prochain retrait de Jean-Marie Le Pen. /Photo prise le 7 mars 2010/REUTERS/Jean-Paul Pélissier - -

par Gérard Bon PARIS - Très affaibli depuis 2007, le Front national compte sur les élections régionales françaises pour retrouver des couleurs et...

par Gérard Bon

PARIS (Reuters) - Très affaibli depuis 2007, le Front national compte sur les élections régionales françaises pour retrouver des couleurs et surtout ménager l'avenir dans la perspective du prochain retrait de Jean-Marie Le Pen.

Crédité d'environ 9% des voix dans les sondages pour le scrutin de mars, le FN serait loin des 12,38% obtenus aux régionales 2004 mais en progrès par rapport aux législatives de 2007 (4,29%) et aux européennes (6,34%) de 2009.

Il serait en outre en situation de se maintenir au second tour dans une demi-douzaine de régions et de gêner la majorité, une forme de revanche pour Jean-Marie Le Pen, qui reproche à Nicolas Sarkozy de lui avoir "volé" une partie de son électorat.

Avec quelques percées en perspective, le parti d'extrême droite espère surtout conforter la position de ses deux principaux dirigeants, Jean-Marie Le Pen et sa fille Marine, avant d'aborder la question de la succession.

L'actuelle vice-présidente, qui semble la mieux placée pour succéder à son père fin 2010 ou début 2011, mise sur un bon score dans le Nord-Pas-de-Calais pour en faire un tremplin national et asseoir son autorité sur le parti.

L'enjeu est d'autant plus important que des dissidents s'organisent "dans l'ombre du FN" avec l'espoir d'une recomposition de la "mouvance" lorsque Jean-Marie Le Pen passera la main, souligne le politologue Jean-Yves Camus.

Pour Marine Le Pen, les indicateurs sont actuellement au vert : un sondage Ifop pour La Voix du Nord paru le 1er mars la crédite de 17%, à trois points seulement de la candidate de la majorité, Valérie Létard (Nouveau centre).

Du coup, Bruno Bilde, l'un de ses lieutenants, verrait bien la "fille du chef" devancer la secrétaire d'Etat à l'Ecologie, infligeant ainsi un camouflet à la droite républicaine.

"Létard n'a jamais été acceptée par l'UMP locale et ne cesse de baisser dans les sondages. Si cette tendance se poursuit, Marine pourrait lui passer devant", dit-il.

"LE PEN SE FAIT VIEUX"

En attendant, Marine Le Pen mène campagne sur ses terres de prédilection, touchées par les plans sociaux et les délocalisations et où les "Ch'tis" lui réservent un accueil chaleureux, même lorsqu'ils n'envisagent pas de voter pour elle.

Résigné à quitter dans quelques mois la présidence du parti, Jean-Marie Le Pen, 81 ans, n'envisage pas pour autant de prendre sa retraite et compte bien être élu conseiller régional pour quatre ans, en plus de son mandat européen.

"Vous n'allez pas vous débarrasser de moi comme ça, je n'ai pas fini d'embêter mes adversaires", répète-t-il aux journalistes.

Tête de liste dans son bastion de Provence-Alpes-Côte d'Azur, il espère pouvoir se poser en arbitre du scrutin avec 13% à 16% des intentions de vote selon les sondages.

Un tel score permettrait au socialiste sortant Michel Vauzelle de remporter la victoire face à l'UMP Thierry Mariani, d'autant que Jean-Marie Le Pen a promis qu'il ne ferait pas de cadeau à la majorité.

Le leader du FN, qui se dit en pleine forme, en est revenu aux fondamentaux du parti et dénonce de meetings en réunions la "présence islamiste en France" et "les mosquées qui poussent comme des champignons".

La dynamique de l'extrême droite étant très variable selon les régions, le FN espère d'autres percées, comme celles de Nicolas Bay en Haute-Normandie, ou de Thierry Gourlot en Lorraine, tous deux crédités de 10% des intentions de vote.

Plus que le débat sur l'identité nationale, le FN pourrait profiter "des plans sociaux massifs, des affaires Jean Sarkozy et Henri Proglio, ainsi que des questions liées aux bonus bancaires ou aux retraites chapeau", estime Jean-Yves Camus.

Pour Nonna Mayer, politologue, le contexte "n'a jamais été aussi porteur" pour le FN mais le parti "n'est pas en état d'en profiter."

"Jean-Marie Le Pen se fait vieux, il n'a plus la même force de conviction (...) Et le FN ne s'est jamais vraiment remis de sa scission de 1999 avec Bruno Mégret", explique-t-elle dans Libération, daté du 8 mars.

De plus, malgré "l'effet Marine", le parti de Jean-Marie Le Pen a toujours l'image la plus mauvaise de tous les partis politiques. "Il est celui qui mobilise le plus fort taux de rejet", souligne Jean-Yves Camus, pour qui la qualification de Jean-Marie Le Pen au second tour de la présidentielle de 2002 était surtout le fruit d'un vote protestataire.

Edité par Yves Clarisse