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Politique

Le FN redevient un épouvantail pour les partis

Jean-Marie Le Pen, le président du Front national. Entraîné par la famille Le Pen, le FN a signé dimanche soir son retour dans le jeu politique français et redevient une préoccupation majeure pour les partis en vue de l'élection présidentielle de 2012, se

Jean-Marie Le Pen, le président du Front national. Entraîné par la famille Le Pen, le FN a signé dimanche soir son retour dans le jeu politique français et redevient une préoccupation majeure pour les partis en vue de l'élection présidentielle de 2012, se - -

par Gérard Bon PARIS - Entraîné par la famille Le Pen, le Front national a signé dimanche soir son retour dans le jeu politique français et redevient...

par Gérard Bon

PARIS (Reuters) - Entraîné par la famille Le Pen, le Front national a signé dimanche soir son retour dans le jeu politique français et redevient une préoccupation majeure pour les partis en vue de l'élection présidentielle de 2012.

Fait nouveau, la formation d'extrême droite a réussi à progresser entre les deux tours des régionales avec plus de 17% des voix en moyenne dans les douze régions où elle pouvait se maintenir, ce qui lui donne un score national de 9,17%.

Pour Jérôme Fourquet, de l'institut de sondages Ifop, la remontée du FN et sa progression entre les deux tours est "l'un des enseignements majeurs du scrutin", d'autant qu'il dispose aujourd'hui de "deux moteurs supplémentaires."

D'une part, parce que son score démontre que la méthode adoptée en 2007 par Nicolas Sarkozy pour capter l'électorat du Front national est devenue "obsolète".

D'autre part parce que le parti va bénéficier dans quelques mois du retrait de Jean-Marie Le Pen, 81 ans, au profit de sa fille Marine, 41 ans.

"Aujourd'hui, la stratégie qui avait été adoptée avec succès en 2007 et dans la foulée pour endiguer le vote FN ne fonctionne plus", explique Jérôme Fourquet à Reuters.

Les électeurs passés dans le camp de Nicolas Sarkozy en 2007 "ont été vaccinés et ne croient plus à ses annonces et à son discours", notamment sur la sécurité, ajoute-t-il.

Ils ont donc apporté un démenti au ministre de l'Immigration et de l'Identité nationale Eric Besson, qui parlait début février du FN comme d'un "épouvantail qui n'existe pas".

PAS DE "REMAKE" DE 2012

Parallèlement, le "passage de témoin entre le père et la fille", qui a l'arme de la jeunesse et est moins sujette aux dérapages, "donne une toute autre perspective" à la candidature FN en 2012, dit Jérôme Fourquet.

Jean-Marie Le Pen s'est engagé à laisser la présidence du FN lors du prochain congrès du parti prévu dans quelques mois et sa fille semble à peu près assurée de lui succéder.

Jean-Yves Camus, historien spécialiste de l'extrême droite, se veut prudent sur un éventuel "remake de 2002", année où Jean-Marie Le Pen s'était invité à la surprise générale au second tour de la présidentielle.

"C'est très improbable, à une présidentielle, on change de niveau d'élection", explique-t-il.

Néanmoins, il estime lui aussi que la progression du FN entre les deux tours des régionales constitue une donnée nouvelle susceptible de lui permettre de "jouer les trouble-fêtes".

"Pour un parti que Nicolas Sarkozy se vantait d'avoir fait disparaître de la scène politique, c'est une performance remarquable", dit-il.

L'historien note en particulier que, là où le FN progresse, son étiage va au-delà du report des électeurs de listes dissidentes. "Il va au-delà des voix de son camp", dit-il.

Dans cinq des douze régions où il s'est maintenu à l'issue d'un premier tour nettement plus favorable à ses couleurs que les précédents scrutins, le parti d'extrême droite a progressé par rapport au précédent scrutin de 2004.

C'est le cas notamment dans ses bastions de Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA) et du Nord-Pas-de-Calais, où il dépasse la barre des 20% des voix grâce à Jean-Marie Le Pen (22,8%) dans le premier, et à sa fille Marine (22,2%) dans le second.

"OPTION POUR LA FRANCE QUI SOUFFRE"

Pour Jérôme Fourquet, il ne fait aucun doute que le FN avait lui aussi souffert de l'abstention au premier tour.

"Je pense qu'il y a un vrai retour du FN. De nouveau le Front national redevient audible quand il dit que Nicolas Sarkozy utilise des effets d'annonce mais qu'il n'a pas de prise sur la réalité", dit-il.

L'analyste estime qu'outre les questions d'immigration, d'identité nationale et de sécurité, le FN a bénéficié du "clivage gros et petits" et des affaires touchant le chef de l'Etat.

"On a entendu pendant la soirée électorale parler de la France qui souffre. Je pense que le Front national constitue une option politique pour une partie de la France qui souffre", dit-il.

"La ligne d'attaque choisie par la gauche vis-à-vis du gouvernement sur le bouclier fiscal, sur les 'cadeaux' faits aux banques, sur l'affaire (Henri) Proglio (le salaire du PDG d'EDF-NDLR) et sur l'affaire de l'Epad (la promotion annoncée puis avortée du fils de Nicolas Sarkozy à la tête du quartier d'affaires de La Défense-NDLR) sont aussi un des moteurs puissants du vote FN", ajoute-t-il.

Edité par Yves Clarisse