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Politique

Le Fillon nouveau se déguste à l'Assemblée

Les députés de la majorité devraient réserver un triomphe au Premier ministre François Fillon lorsque le grand vainqueur du remaniement délivrera mercredi sous les ors de l'Assemblée nationale son discours de politique générale. /Photo prise le 17 novembr

Les députés de la majorité devraient réserver un triomphe au Premier ministre François Fillon lorsque le grand vainqueur du remaniement délivrera mercredi sous les ors de l'Assemblée nationale son discours de politique générale. /Photo prise le 17 novembr - -

Les députés de la majorité devraient réserver un triomphe à François Fillon lorsque le grand vainqueur du remaniement délivrera ce mercredi sous les ors de l'Assemblée nationale son discours de politique générale.

L'intervention du Premier ministre, qui bénéficie d'une forte légitimité parlementaire et d'une réelle popularité au-delà même des rangs de l'UMP, sera certainement saluée par une ovation debout des députés de son camp.

Les parlementaires du parti majoritaire ont, dans leur majorité, bataillé ferme pour que François Fillon, longtemps à la lutte avec le centriste Jean-Louis Borloo, soit finalement reconduit le 14 novembre par Nicolas Sarkozy, quelques heures avant un remaniement marqué par un virage à droite.

Ils ne sont cependant pas les seuls à apprécier le Premier ministre, dont la cote - 50% de satisfaits selon le baromètre Ifop-JDD publié dimanche - n'est pas commune pour un chef de gouvernement en place depuis plus de trois ans.

Tradition de la Ve République, le discours de politique générale offre l'occasion au Premier ministre de présenter, dès sa prise de fonction, les grandes lignes de l'action à venir de son gouvernement. Il peut ensuite engager sur son texte la responsabilité de son gouvernement par un vote des députés, même si la constitution ne l'y oblige pas.

François Fillon le fera mercredi pour donner plus de solennité à l'exercice et en sachant qu'il ne court aucun risque puisque le groupe UMP dispose à lui seul de la majorité absolue à l'Assemblée.

Le chef du gouvernement, qui reçoit depuis jeudi dernier à Matignon les membres de sa nouvelle équipe pour leur présenter les orientations de son texte, accorde la plus haute importance à ce moment, selon un proche.

"Il va peaufiner ce texte et le retoucher lui-même jusqu'à la dernière minute", explique ce dernier.

Longtemps éclipsé par l'hyperactivité du président et relégué naguère au rang de simple "collaborateur" de l'Elysée, François Fillon ne manquera pas l'occasion d'imprimer son style et de se poser en chef de la majorité parlementaire.

NOUVELLE DONNE

Celui qui a pris soin de démarquer par petites touches d'un président en pleine tourmente sait que la donne a changé et qu'il sort renforcé d'une longue séquence au cours de laquelle son sort a longtemps paru incertain.

Sans même attendre l'intervention télévisée du chef de l'Etat, il avait esquissé dès la semaine dernière devant l'Assemblée les priorités de son gouvernement.

"C'est un gouvernement de combat contre l'endettement, c'est un gouvernement de combat contre le chômage, c'est un gouvernement de combat contre l'injustice, c'est un gouvernement de combat contre l'insécurité", avait-il dit aux députés.

En grillant la politesse à Nicolas Sarkozy, qui devait détailler le lendemain sa "feuille de route" devant les caméras, François Fillon a donné un nouveau signe de rééquilibrage au sommet de l'exécutif après un début de quinquennat phagocyté par un président très remuant.

Le discours de mercredi, établi en concertation avec Nicolas Sarkozy, se calquera sur le fond sur les propositions du président, précise-t-on de source proche de Matignon. Les têtes de chapitre sont connues : refonte de la fiscalité avec suppression de l'impôt sur la fortune et du bouclier fiscal, réforme de la dépendance des personnes âgées et mesures pour tenter de faire baisser le chômage.

Réduire les déficits, renforcer la croissance et lutter contre l'insécurité seront également au programme mais l'essentiel est ailleurs.

Si l'exercice est convenu, il n'en donne pas moins à François Fillon une belle occasion de faire entendre sa différence et faire résonner une note consensuelle à l'heure où la porte semble se refermer sur l'ouverture et la diversité.

Epargné par les affaires et non impliqué directement par la vieille querelle entre balladuriens et chiraquiens qui se réveille sur fond d'affaire Karachi, le Premier ministre voudra endosser les habits de rassembleur et donner du souffle à son propos.

En pimentant son propre discours d'un imparfait du subjonctif et d'une locution latine, Nicolas Sarkozy a placé la barre assez haut. A François Fillon de faire entendre qu'en matière de lyrisme non plus, il n'est pas en reste.

Edité par Yves Clarisse