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Le commissaire Lagarde mis en examen à Lille et laissé libre

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par Pierre Savary LILLE (Reuters) - Le commissaire divisionnaire Jean-Christophe Lagarde, chef de la sûreté départementale du Nord, a été mis en...

par Pierre Savary

LILLE (Reuters) - Le commissaire divisionnaire Jean-Christophe Lagarde, chef de la sûreté départementale du Nord, a été mis en examen pour proxénétisme aggravé en bande organisée et recel d'abus de biens sociaux vendredi à Lille et placé sous contrôle judiciaire, a-t-on appris auprès de ses avocats.

Il est impliqué dans une affaire de proxénétisme qui touche les sphères hôtelière, policière et politique.

Avant lui, dans la soirée, deux autres personnes, un homme et une femme, responsables de deux entreprises du Nord, ont également été mises en examen pour proxénétisme aggravé en bande organisée et association de malfaiteurs.

La femme a été remise en liberté sous contrôle judiciaire, l'homme a été écroué. Tous deux sont soupçonnés d'avoir organisé et financé, via leur société, des voyages de prostituées à Paris et à New York.

Ces trois mises en examen s'ajoutent aux cinq déjà prononcées dans ce dossier.

Jean-Christophe Lagarde, interpellé à l'hôtel de police de Lille-Sud jeudi matin, a été entendu par l'IGPN, l'Inspection générale de la police nationale, avant d'être présenté à un juge vendredi soir.

Ce policier de 47 ans, ancien adjoint de Michel Neyret à Lyon, a travaillé à la police judiciaire, puis à la sûreté du Rhône de 1995 à 2006, avant d'être muté à Lille.

Son nom est apparu à plusieurs reprises dans le dossier instruit par deux juges d'instruction lillois.

Il est soupçonné d'avoir mis en relation des prostituées avec Dominique Strauss-Kahn et d'autres personnes dans des soirées fines organisées à Paris et à New York, auxquelles il aurait lui-même participé.

La justice enquête sur trois voyages à New York, dont l'un la veille de l'arrestation du patron du FMI en mai.

HUIT PERSONNES MISES EN EXAMEN

Présenté comme un proche de Dominique Strauss-Kahn, Jean-Christophe Lagarde aurait, d'après un avocat présent dans ce dossier, organisé des réunions de travail sur la politique policière avec "DSK". A l'issue de ces réunions, des prostituées venaient rejoindre les protagonistes, selon cet avocat.

Au moins un autre policier aurait participé à une de ces réunions de travail mais sans prendre part ensuite aux ébats sexuels.

Dominique Strauss-Kahn a demandé à être entendu par les juges d'instruction lillois.

Dans un communiqué, les avocats du commissaire ont affirmé mardi que leur client "n'avait commis aucune infraction pénale".

Cinq personnes avaient déjà été mises en examen dans ce dossier, quatre sont écrouées.

Le responsable des relations publiques de l'hôtel Carlton de Lille, le directeur de l'hôtel, le propriétaire de l'hôtel et un chef d'entreprise en travaux publics (filiale du groupe Eiffage) sont poursuivis pour "proxénétisme aggravé en bande organisée" et écroués.

Le groupe Eiffage a annoncé vendredi "à titre conservatoire, la mise à pied à effet immédiat" du responsable d'une de ses filiales. "Une enquête interne a été immédiatement déclenchée: à l'issue de celle-ci, les décisions et sanctions disciplinaires qui s'imposeront seront mises en oeuvre", ajoute Eiffage.

Un avocat pénaliste lillois est aussi poursuivi, avec les mêmes chefs de mise en examen, mais a été laissé en liberté.

Deux hôtels lillois ont été frappés en fin de semaine dernière d'une mesure de fermeture administrative de trois mois mais étaient toujours ouverts vendredi soir.

Pierre Savary, édité par Guy Kerivel