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Politique

Le chômage : « priorité » du gouvernement Ayrault

le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault a érigé en « priorité » la lutte pour « faire reculer le chômage »

le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault a érigé en « priorité » la lutte pour « faire reculer le chômage » - -

Après l'annonce mercredi par le ministère du Travail de la hausse du chômage pour le 12e mois consécutif (+0,1%), le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault a érigé en « priorité » la lutte pour « faire reculer le chômage ». L'analyse d'un économiste.

Les chiffres du chômage ont été publiés mercredi en fin de journée : il s'agit des chiffres du mois d'avril c'est-à-dire du dernier mois de la présidence de Nicolas Sarkozy. Et ces chiffres montrent une très légère augmentation du taux de chômage : + 0.1%. Le nombre de demandeurs d'emploi sans activité en France métropolitaine a atteint en avril 2,888 millions de personnes, soit 4 300 de plus qu'en mars. Cette augmentation du chômage est continue depuis maintenant un an.

Le problème du chômage de longue durée

Le principal problème c'est le chômage de longue durée. Plus on reste longtemps sans emploi plus la probabilité de retrouver du travail diminue. Les spécialistes du recrutement le reconnaissent : à partir du moment où vous avez trois ans de chômage derrière vous il est très compliqué voire impossible de retrouver un emploi.

De mauvais chiffres chez les seniors

Pour les séniors, les chiffres ne sont pas bons non plus. En un an, le nombre de chômeurs de plus de 50 ans a progressé de 15.6%. Première explication : les dispositifs spécifiques aux séniors comme la retraite anticipée ou la dispense de recherche d'emploi ont été abandonnés. Les plus de 50 ans qui en bénéficiaient sont par conséquent venus grossir les rangs des inscrits à Pôle emploi.
Enfin, dans un contexte de crise et de croissance en panne, les plus de 50 ans apparaissent comme une variable d'ajustement pour les entreprises.

« Pour stabiliser le chômage, il faut créer au moins 150 000 emplois »

Eric Heyer est économiste et directeur adjoint au département analyse et prévision de l'OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques). Pour lui, cette tendance à la hausse du chômage ne peut pas s'inverser dans les mois qui viennent : « Pour commencer à stabiliser le chômage, il faut commencer par créer au moins 150 000 emplois et pour les créer, il faut 1,7% de croissance. Or, les prévisions sont largement inférieures à 1,7% de croissance et donc la seule possibilité c’est que le gouvernement prenne des mesures. On peut envisager du chômage partiel ou bien l’utilisation massive des contrats d’avenir. Mais cela a un coût et donc cela veut dire qu’on va devoir les financer par l’arrêt de certaines dépenses et de certaines niches fiscales ».

Les contrats de générations

On l'a vu, le chômage des plus de 50 ans et le chômage de longue durée sont particulièrement préoccupants. Pour contrer cette hausse, le gouvernement de Jean-Marc Ayrault a prévu de mettre en place les « contrats de générations ». L'objectif est de créer 500 000 contrats sur cinq ans. Ils verront progressivement le jour à partir de la rentrée 2013. Si une entreprise recrute un jeune en CDI et qu'elle maintient parallèlement un salarié proche de la retraite en poste, elle ne paiera plus de charges sociales sur les deux contrats. Les modalités de ces contrats seront décidées lors de la conférence nationale pour la croissance et l'emploi prévue mi-juillet. Coût annoncé : entre 2,2 et 2,3 milliards d'euros.

« Un dispositif qui peut marcher s’il y a de la croissance »

Pour Eric Heyer, ce contrat de génération ne peut pas être la seule solution pour mettre fin au chômage des séniors : « Ça me paraît difficile d’attendre beaucoup de ce contrat de génération parce qu’il repose sur le fait que dans le privé les entreprises veulent embaucher. Or, à l’heure actuelle, les entreprises souffrent d’une insuffisance de la demande, ont des carnets de commandes qui sont vides. On voit bien que c’est un dispositif qui peut marcher s’il y a de la croissance économique. Or, il est bien là le problème de l’augmentation du chômage, c’est qu’on est dans une croissance qui est proche de zéro et ça c’est une très mauvaise nouvelle ».

La Rédaction avec Stéphanie Collié