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Politique

Le budget 2012 entre péril économique et incertitude politique

Le projet de budget 2012 donnera mercredi au gouvernement l'occasion d'afficher sa fermeté sur la maîtrise des comptes publics, mais la mauvaise conjoncture économique et l'élection présidentielle risquent de compliquer rapidement cet exercice. /Photo d'a

Le projet de budget 2012 donnera mercredi au gouvernement l'occasion d'afficher sa fermeté sur la maîtrise des comptes publics, mais la mauvaise conjoncture économique et l'élection présidentielle risquent de compliquer rapidement cet exercice. /Photo d'a - -

PARIS (Reuters) - Le projet de budget 2012 va donner au gouvernement l'occasion d'afficher sa fermeté sur la maîtrise des comptes publics, mais la...

PARIS (Reuters) - Le projet de budget 2012 va donner au gouvernement l'occasion d'afficher sa fermeté sur la maîtrise des comptes publics, mais la mauvaise conjoncture économique et l'élection présidentielle risquent de compliquer rapidement cet exercice.

A moins de sept mois du premier tour de la présidentielle et alors que la crise des dettes publiques dans la zone euro pèse sur la croissance mondiale, cet exercice imposé s'annonce à la fois délicat et très cadré, les mesures de rigueur annoncées fin août ayant levé l'essentiel du voile.

Le Premier ministre François Fillon avait ainsi ramené la prévision de croissance pour 2012 de 2,25% à 1,75% et durci l'objectif de déficit public à 4,5% du PIB contre 4,6% auparavant. Cette trajectoire vise à conforter la note "triple A" de la dette française, une priorité de l'Elysée.

"C'est un budget historique car, pour la première fois depuis 1945, les dépenses de l'Etat vont diminuer d'un milliard d'euros en valeur absolue, hors charges de la dette et pensions de retraite", se félicite la ministre du Budget, Valérie Pécresse, dans un entretien à paraître mercredi dans Les Echos.

Problème: la chute des marchés financiers et la dégradation de la conjoncture économique internationale ont encore assombri l'horizon de la croissance, comme le montrent les derniers indicateurs de confiance des entreprises et des ménages.

Au point que la nouvelle prévision de croissance gouvernementale semble déjà obsolète aux yeux de certains économistes. Ceux d'Exane BNP Paribas prévoient par exemple une baisse du PIB au quatrième trimestre 2011 et une croissance de 1,0% au mieux en 2012.

"Nos engagements de réduction du déficit seront tenus quelle que soit la conjoncture", assure Valérie Pécresse, expliquant que le gouvernement n'a "pas de raison" de réduire à nouveau sa prévision de croissance. "Nous ne voulons pas sombrer dans le pessimisme ambiant", dit-elle.

PAS DE BOULEVERSEMENT

Les pressions sur la croissance ne discréditent pas pour autant le budget 2012, selon Michel Didier, président de l'institut d'études économiques Coe-Rexecode, qui table sur une croissance à 1,2% l'an prochain.

"Entre 1,2% et 1,7%, ce n'est pas de nature à bouleverser les finances publiques", estime-t-il. "L'essentiel, c'est de rester sur une trajectoire où l'on gagne un point de déficit par an."

Pour suivre cette trajectoire, le gouvernement entend jouer à la fois sur les dépenses, avec notamment la suppression d'un peu plus de 30.000 postes de fonctionnaires, et sur les recettes, les mesures annoncées le 24 août devant faire entrer une dizaine de milliards d'euros dans les caisses de l'Etat.

Le débat sur le projet de budget, qui commencera le 18 octobre à l'Assemblée nationale, devrait se focaliser sur les mesures les plus emblématiques, même si leur portée financière est limitée.

La "contribution exceptionnelle" de 3% pour les hauts revenus semble assurée d'occuper le devant de la scène. Le gouvernement s'est ainsi dit ouvert à un abaissement par les parlementaires du seuil d'application de la mesure, ce qui devrait conduire à ramener celui-ci de 500.000 à 250.000 euros.

"Il faut que nous trouvions un compromis là-dessus, sinon la gauche va nous faire danser sur cette question idéologique", a dit François Fillon lors de la réunion du groupe UMP à l'Assemblée, selon plusieurs participants.

Un avertissement auquel le président du groupe socialiste de l'Assemblée, Jean-Marc Ayrault, a apporté une confirmation : "Quand on déposera ici un amendement, par exemple de réforme fiscale, il ne sera pas adopté ici à l'Assemblée mais pourra l'être au Sénat". "Ça ne va pas être facile pour la majorité !", a-t-il dit sur France 3.

Le gouvernement compte d'autre part créer une taxe exceptionnelle pour les industriels soumis aux quotas de dioxyde de carbone (CO2), a dit une source gouvernementale, confirmant une information du Figaro.

Cette taxe devrait, selon le quotidien, rapporter près de 250 millions d'euros.

Selon le site internet du quotidien Les Echos, le déficit budgétaire (hors comptes sociaux et comptes des collectivités locales) sera ramené à 81,7 milliards d'euros fin 2012, soit près de 14 milliards de moins que le déficit prévisionnel de 2011 (95,5 milliards).

Marc Angrand, Emile Picy et Jean-Baptiste Vey