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Politique

Le baromètre des éditorialistes: face aux grévistes, Macron "a perdu le premier set"

Emmanuel Macron au Touquet, le dimanche 1er avril 2018

Emmanuel Macron au Touquet, le dimanche 1er avril 2018 - FRANCOIS LO PRESTI / AFP

La grève des cheminots a dominé l'actualité ces mardi et mercredi. Alors qu'un retour progressif à la normale est annoncé pour ce jeudi, nos éditorialistes ont compté les points. Et pour eux, pas de doute, la victoire de la première manche revient aux manifestants, comme l'indique le dernier sondage Elabe que nous avons publié ce mercredi.

Les appels à la grève contre la réforme de la SNCF ont été très suivis par les cheminots ces mardi et mercredi. Et, alors qu'on annonce un retour progressif à la normale ce jeudi, le sondage Elabe que nous avons publié ce mercredi indique que les Français sont désormais une majorité relative à appuyer la mobilisation des grévistes. En effet, s'ils n'était que 34% à approuver cette initiative le 14 mars dernier, ils sont sont à présent 44% tandis que la tendance inverse passait de 43% à 41% dans le même temps. Pour notre éditorialistes Bruno Jeudy, comme pour le chef de notre service politique, Thierry Arnaud, les chiffres montrent que dans le mano a mano qui s'engage entre l'exécutif et les syndicats, le point va aux seconds. 

> Bruno Jeudy: "Ce conflit devient extrêmement risqué pour Macron"

"Les courbes se croisent, ça veut dire que Macron a perdu le premier set. Maintenant, Emmanuel Macron est devant deux possibilités: soit il cède quelque chose aux grévistes, et on va voir dans les prises de parole du Premier ministre et dans les prochaines heures ce qu’il dira; soit il compte sur une usure du mouvement, sur le fait que les grévistes vont aussi se lâcher, une forme de guerre de nerfs, et sur le fait que finalement le gouvernement va tenir et in fine, il arrachera cette réforme et fera plier les grévistes. Mais aujourd’hui, pour Emmanuel Macron, ça devient extrêmement risqué ce conflit: tenir ou lâcher quelque chose, sachant que le gouvernement a déjà lâché vendredi dernier peut-être trop tôt le sac-à-dos social". 

> Thierry Arnaud: "Il y a eu des ratés dans l'explication"

"Le message que font passer les Français va au-delà de la SNCF. Au fond, c’est un reproche, d’une part de méthode, et d’autre part d’injustice. On a fait plusieurs études sur la façon dont les réformes en général étaient perçues par les Français et on a été frappé par le fait que plus de 70% des Français disent aujourd’hui considérer les réformes comme injustes. On a vu ce pourcentage s’aggraver. Il y a eu effectivement un certain nombre de ratés dans l’explication. On n’a pas expliqué en quoi cette réforme allait améliorer la SNCF. On a donné l’impression de stigmatiser les cheminots. Or, on aurait pu expliquer comment il fallait que le statut évolue sans stigmatiser les cheminots. (…) Et puis, il y a eu un certain nombre d’erreurs tactiques. Etait-il par exemple indispensable d’aller provoquer les syndicats avec les ordonnances, alors que le gouvernement dispose d’une majorité tout à fait solide à l’Assemblée nationale?"

Robin Verner