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Le "bank run" d'Eric Cantona hors-jeu pour la classe politique

Des responsables politiques français de tous bords critiquent l'appel d'Eric Cantona à détruire les banques en vidant en masse les comptes, opération dite de "bank run". /Photo d'archives/REUTERS/Vincent Kessler

Des responsables politiques français de tous bords critiquent l'appel d'Eric Cantona à détruire les banques en vidant en masse les comptes, opération dite de "bank run". /Photo d'archives/REUTERS/Vincent Kessler - -

PARIS (Reuters) - Des responsables politiques français de tous bords ont critiqué mardi l'appel d'Eric Cantona à détruire les banques en vidant en...

PARIS (Reuters) - Des responsables politiques français de tous bords ont critiqué mardi l'appel d'Eric Cantona à détruire les banques en vidant en masse les comptes.

L'idée de l'ancien footballeur de Manchester United a été amplement relayée sur internet et un collectif propose de mener ce mardi une telle opération, dite de "bank run", en Europe.

Du Front national aux Verts en passant par le PS et l'UMP, des dirigeants politiques ont pris leurs distances mardi avec une idée qu'ils jugent contreproductive même si elle illustre, selon certains, un profond "ras-le-bol" vis-à-vis des banques.

"A l'évidence sa réponse n'est pas la bonne, je dirais même qu'il marquerait vraiment un but contre son camp, contre la France, contre nous tous en réalisant cela", a dit Martine Aubry, premier secrétaire du Parti socialiste, sur France Inter.

Jugeant toutefois que "la finance aujourd'hui tue l'économie", elle a souligné que "ce que Cantona pose c'est une question que tous les Français se posent : les banques nous ont emmené au mur, on les a beaucoup aidées, aujourd'hui elles refont des profits et nous on va toujours aussi mal".

Pour la ministre des Solidarités, Roselyne Bachelot, "ce sont les Français les plus modestes qui morfleraient".

"On voit bien ce qui se passe actuellement en Irlande, si c'est ça dont on a envie, et bien moi j'en veux pas", a-t-elle ajouté sur France Info.

Raillant la participation d'Eric Cantona et de son épouse à des campagnes de publicité, elle a dit qu'"il faut avoir un petit peu de responsabilité dans la vie quand on est un des chantres de la société de consommation".

"LES PIEDS DANS LE PLAT"

Selon Marine Le Pen, candidate à la succession de son père à la tête du Front national, "monsieur Cantona est le porte-parole des Français qui sont indignés de la manière dont les banques et les marchés financiers internationaux se comportent".

"Il est aussi le révélateur de l'incapacité de l'Etat de mettre les banques au pas", a-t-elle dit sur Radio Classique, tout en précisant qu'elle n'appelait pas à retirer son argent des banques.

Bruno Gollnisch, son concurrent pour la présidence du FN, s'est dit contre une opération qui conduirait à l'effondrement du système bancaire français.

Pour faire en sorte que les banques changent de comportement, "on leur serre la vis, on impose en particulier qu'il y ait de véritables garanties dans leur capital quand elles créent de l'argent", a-t-il dit sur Canal+.

Eric Cantona "met les pieds dans le plat sur un vrai sujet", a dit la secrétaire nationale des Verts, Cécile Duflot.

"Il exprime ce ras-le-bol vis-à-vis des banques, vis-à-vis du double jeu des banques qui ont été sauvées par les Etats", a-t-elle ajouté sur RMC.

Dans cet entretien très consulté sur internet, Eric Cantona déclare que "la révolution est très simple à faire".

"Le système est bâti sur le pouvoir des banques donc il doit être détruit par les banques. C'est-à-dire qu'au lieu qu'il y ait trois millions de gens qui aillent dans la rue (...), ces trois millions de gens vont à la banque, ils retirent leur argent, et les banques s'écroulent", ajoute-t-il.

Interrogée à plusieurs reprises sur l'idée d'Eric Cantona lors d'une conférence de presse mercredi, la ministre de l'Economie, Christine Lagarde, avait répondu : "Chacun son métier, il y en a qui jouent magnifiquement au football, je ne m'y risquerais pas, je crois qu'il faut intervenir chacun dans sa compétence."

Jean-Baptiste Vey, édité par Patrick Vignal