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Politique

Laurent Fabius, un "éléphant" devenu serviteur

Laurent Fabius, qui a longtemps émis des doutes sur les capacités de François Hollande à exercer la fonction suprême, a su faire preuve d'humilité pour se placer au service du nouveau président au poste de ministre des Affaires étrangères. /Photo prise le

Laurent Fabius, qui a longtemps émis des doutes sur les capacités de François Hollande à exercer la fonction suprême, a su faire preuve d'humilité pour se placer au service du nouveau président au poste de ministre des Affaires étrangères. /Photo prise le - -

PARIS (Reuters) - Laurent Fabius, qui a longtemps émis des doutes sur les capacités de François Hollande à exercer la fonction suprême, a su faire...

PARIS (Reuters) - Laurent Fabius, qui a longtemps émis des doutes sur les capacités de François Hollande à exercer la fonction suprême, a su faire preuve d'humilité pour se placer au service du nouveau président au poste de ministre des Affaires étrangères.

La rivalité entre les deux hommes, émaillée de petites phrases assassines, ne date pas d'hier et a culminé lorsque Laurent Fabius a pris le parti du "non" au traité constitutionnel européen de 2005, contre la ligne officielle du Parti socialiste, plongeant sa formation dans le chaos.

"Eléphant" à la stature de présidentiable, Laurent Fabius a souvent ironisé sur le profil de François Hollande, allant même jusqu'à le qualifier de minuscule "fraise des bois".

Pendant la campagne, le camp de Nicolas Sarkozy s'est servi d'une autre saillie de l'ancien Premier ministre à l'encontre du nouveau président : "François Hollande président ? On rêve."

Tout cela paraît oublié depuis la "primaire" socialiste de l'automne 2011, remportée sans coup férir par François Hollande. Dès lors, Laurent Fabius a joué collectif, allant même jusqu'à reconnaître avoir sous-estimé son ancien rival et à qualifier sa campagne de "magnifique".

Battu par Ségolène Royal pour la "primaire" socialiste pour la présidentielle de 2007, il a appris, à 65 ans, à avaler des couleuvres.

Né le 20 août 1946 à Paris, fils d'un riche antiquaire, Laurent Fabius poursuit de brillantes études et entre tardivement en politique.

Du très chic lycée Janson-de-Sailly, en passant par Louis-Le-Grand, l'Ecole normale supérieure et l'Ecole nationale d'administration, il rejoint le Conseil d'Etat en 1973.

Il s'inscrit l'année suivante au PS, à la section du VIe arrondissement, rencontre François Mitterrand qui vient d'échouer à l'élection présidentielle et devient l'un de ses conseillers.

BRAS DE FER AVEC JOSPIN

Ministre du Budget en 1981 puis de l'Industrie en 1983, il succède un an plus tard à Pierre Mauroy à Matignon. A 37 ans, il est le plus jeune premier ministre de la Ve République.

Son arrivée provoque le départ des quatre ministres communistes. En voulant faire table rase des premières années du socialisme au pouvoir, Laurent Fabius agace une partie du PS, un handicap qu'il ne vaincra jamais tout à fait.

Lors des élections législatives de 1986, il engage un bras de fer pour le contrôle du parti avec Lionel Jospin, alors premier secrétaire, et Pierre Mauroy.

Cette opposition, qui constitue une des principales lignes de division du PS, ne prendra fin qu'en 2000, lorsque Lionel Jospin, devenu Premier ministre, le nomme au ministère de l'Economie et des Finances.

Deux fois président de l'Assemblée nationale, entre 1988 et 1992 et 1997 et 2000, Laurent Fabius est rattrapé au début des années 1990 par l'affaire du sang contaminé.

Mis en examen pour "homicides involontaires et atteintes involontaires à l'intégrité des personnes", il obtient la relaxe en 1999 devant la Cour de justice de la République.

Plus discret ces dernières années, comme apaisé, celui qui a retrouvé en 2002 son siège de député de la 4e circonscription de Seine-Maritime n'en possède pas moins l'habitude de fréquenter les allées du pouvoir.

Il les retrouve, dans un rôle, nouveau pour lui, de serviteur expérimenté.

Patrick Vignal, avec Jean-Baptiste Vey, édité par Yves Clarisse