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Politique

La vie privée de Hollande cause le premier couac du quinquennat

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par Emmanuel Jarry PARIS (Reuters) - Comme en 2007 pour Nicolas Sarkozy, la vie privée du nouveau président de la République, François Hollande, a...

Comme en 2007 pour Nicolas Sarkozy, la vie privée du nouveau président de la République, François Hollande, a été mardi à l'origine du premier couac du quinquennat.

A cinq jours du second tour de l'élection législative, un tweet de la compagne du chef de l'Etat socialiste, dont la presse s'est emparée avec gourmandise, a déchaîné une tempête médiatico-politique, sarcastique à droite, consternée à gauche.

En fin de matinée, les abonnés au compte Twitter de Valérie Trierweiler pouvaient lire : "Courage à Olivier Falorni qui n'a pas démérité, qui se bat aux côtés des Rochelais depuis tant d'années dans un engagement désintéressé".

Ce message, interprété comme un soutien au socialiste dissident adversaire de l'ex-conjointe de François Hollande, Ségolène Royal, à La Rochelle, a eu l'effet d'une bombe dans les rédactions et les états-majors politiques.

Après le PS, qui a demandé à Olivier Falorni de se retirer, le chef de l'Etat a apporté un soutien appuyé à la présidente de Poitou-Charentes : "Dans cette circonscription (...) Ségolène Royal est l'unique candidate de la Majorité Présidentielle qui peut se prévaloir de mon soutien et de mon appui."

Cette déclaration est en bonne place sur la profession de foi de Ségolène Royal, dont la publication semble avoir été l'élément déclencheur du tweet incriminé.

Des proches de François Hollande n'hésitent pas à parler de "couac" ou de "dérapage", qu'ils imputent à un fort sentiment de jalousie à l'encontre de l'ex-compagne du chef de l'Etat, que la première a déjà manifesté à plusieurs reprises.

Fouquet's et croisière

Selon Le Canard enchaîné, elle a notamment reproché dans un SMS à une journaliste de Paris-Match d'avoir présenté Thomas Hollande comme le fils aîné du "couple Royal-Hollande".

Pendant la campagne présidentielle, plusieurs de ses tweets avaient défrayé la chronique. Quelques jours avant l'élection, elle avouait au magazine féminin Femme actuelle : "François me fait totalement confiance. Sauf sur mes tweets !"

Le 12 mai, trois jours avant l'entrée en fonction de François Hollande, Valérie Trierweiler, qui dit vouloir redéfinir le rôle de "première dame" et continuer à exercer son métier de journaliste, avait promis de faire attention - "Je comprends maintenant que la portée de mes propos a changé."

En 2007, la vie privée de Nicolas Sarkozy, en pleine crise conjugale, avait été à l'origine d'une série de faux-pas dès les premières heures du quinquennat.

Le chef de l'Etat avait notamment célébré sa victoire dans la brasserie chic du Fouquet's, sur les Champs Elysées, avec des grands patrons du Cac 40 et des "people", avant de partir en croisière sur un yacht de l'homme d'affaires Vincent Bolloré.

Selon ses proches, il avait voulu faire plaisir à son épouse Cécilia pour retarder une rupture qui sera effective quelques mois plus tard. Il en a gardé l'image de "président des riches" qui l'a handicapé lors de la présidentielle de 2012.

S'il fournit des munitions à la droite face à une gauche en passe de remporter une majorité absolue à l'Assemblée, le tweet de Valérie Trierweiler relève plus du vaudeville et ne devrait pas avoir le même impact politique, estiment des analystes.

Il est ainsi abusif de le comparer, comme des dirigeants de droite le font, aux propos du radical Jean-Louis Borloo évoquant entre les deux tours des législatives de 2007 une "TVA sociale", dont la perspective a fait perdre des sièges à l'UMP.

Règlements de comptes ?

L'affaire du tweet de Valérie Trierweiler "est symbolique", a expliqué à Reuters le directeur d'Ipsos-Public affairs, Jean-François Doridot. "Ça ne touche pas les gens personnellement."

Pour lui, l'image de François Hollande ne devrait pas en souffrir, alors que la soirée au Fouquet's et la croisière de 2007 "concernaient la personne du président de la République".

"Là, ça ne touche que sa compagne. On a plus l'impression d'assister à un règlement de comptes ou à une rivalité entre la première dame et l'ex-compagne", explique cet analyste.

Du côté de la présidence et du gouvernement, l'embarras n'en était pas moins patent et le silence gêné. L'entourage de Valérie Trierweiler s'est borné à dire que son tweet ne visait pas Ségolène Royal et exprimait une "position personnelle" qui n'engageait "en rien" l'Elysée et le président.

Le chef de l'Etat n'était pas au courant, Valérie Trierweiler "ne regrette rien et n'a pas l'intention de s'expliquer là-dessus", ajoute-t-on de même source.

L'ancien ministre Jean-Louis Bianco, proche de Ségolène Royal, a accusé sur son blog Valérie Trierweiler d'avoir outrepassé son rôle - "De quoi se mêle-t-elle ? Ce n'est pas elle que nous avons élue."

Le député écologiste européen Daniel Cohn-Bendit a pour sa part jugé "indécente" cette "intrusion" dans la bataille pour la circonscription de La Rochelle.

A droite, le ton est plutôt à la dérision. "Vous regrettez Sarkozy, vous regretterez Carla aussi", a ainsi "tweeté" l'ex-ministre UMP Nadine Morano en faisant allusion à la troisième épouse du prédécesseur de François Hollande, Carla Bruni.

"Les socialistes ont au moins une vertu, ils nous font beaucoup rire", a pour sa part déclaré le député UMP Eric Ciotti.

"Désormais, c'est Dallas à l'Elysée !" a renchéri un conseiller régional du même parti, Geoffroy Didier.