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La stratégie de l'UMP mise en échec

LES RÉSULTATS DE L?UMP

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par Emmanuel Jarry PARIS - Le premier tour des élections régionales n'a pas réservé dimanche les "bonnes surprises" dans lesquelles l'UMP, ses...

par Emmanuel Jarry

PARIS (Reuters) - Le premier tour des élections régionales n'a pas réservé dimanche les "bonnes surprises" dans lesquelles l'UMP, ses alliés de la majorité présidentielle et Nicolas Sarkozy plaçaient leurs espoirs ces dernières semaines.

Le chef de l'Etat et les dirigeants du parti majoritaire espéraient voir l'UMP arriver en tête, afin de préserver les chances d'une "dynamique de second tour" dimanche prochain.

Las, le Parti socialiste, seul ou allié à d'autres forces, a recueilli près de 30% des suffrages, laissant les listes d'union de la droite autour de l'UMP à trois points, à plus de 26%, ce qui met le PS en mesure de réussir son "grand chelem".

En l'état du rapport de forces dessiné par les résultats du premier tour, aucun des huit membres du gouvernement têtes de liste ne semble en mesure de triompher au second.

Non seulement l'UMP arrive symboliquement en deuxième position derrière le PS au niveau national mais elle aborde le second tour sans réserve de voix, a souligné sur France 2 le dirigeant de TNS Sofres Brice Teinturier.

La stratégie unitaire de la droite "n'a donc pas été payante", estime cet analyste politique.

En revanche, le total des suffrages, pour la gauche de gouvernement, dépasse 50% et, au sein de cette opposition, "le PS retrouve un rôle de leader", a-t-il ajouté.

Autre mauvaise nouvelle pour Nicolas Sarkozy, le Front national, qui s'était effondré aux législatives de 2007 et aux élections suivantes, flirte de nouveau avec les 12% de voix.

C'est le signe que l'UMP ne parvient plus à empiéter sur l'électorat d'extrême droite - ce qui avait été un des facteurs de la victoire de Nicolas Sarkozy à la présidentielle de 2007.

DOUBLE SANCTION

Plus encore, le FN peut maintenir ses listes dans une douzaine de régions, brisant ainsi pratiquement les rêves de reconquête de l'UMP en Champagne-Ardenne, dans le Centre ou en Franche-Comté.

En Alsace, où la majorité présidentielle arrive largement en tête avec près de 35% des suffrages, le maintien du FN (près de 13,5% des voix) rend aussi la tâche de l'UMP plus difficile.

"C'est une double sanction à l'égard de l'UMP, qui s'est opérée à la fois par la poussée de la gauche mais également par la remontée du Front national", souligne Brice Teinturier.

L'Elysée comme le Premier ministre, François Fillon, n'ont pas résisté à la tentation de mettre en cause le thermomètre plutôt que la cause de cet accès de fièvre électorale et ont mis en avant le taux record d'abstention - plus de 52%.

Pour l'entourage de Nicolas Sarkozy, cela démontre "la nécessité de réformer le mode de scrutin". Et les dirigeants de l'UMP et le Premier ministre y ont vu un argument en faveur de leur projet de réforme des collectivités territoriales.

"Plus que jamais, la réforme et la simplification de notre organisation territoriale, que nous voulons avec le Président de la République, sont nécessaires", a ainsi déclaré François Fillon dans une brève déclaration radio-télédiffusée.

Pour le reste, à l'instar de Nicolas Sarkozy, il a refusé de tirer un "enseignement national" de ce scrutin et estimé que "rien" n'était encore joué dans de "nombreuses régions".

Le Premier ministre, les membres du gouvernement et les dirigeants de la majorité ont appelé à la mobilisation des électeurs de droite au second tour.

MARGINALISATION DE BAYROU

Une mobilisation qui a fait défaut ce 14 mars. "Ça doit tous nous interpeller", a souligné le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel. Un avis partagé par le député-maire UMP de Bordeaux Alain Juppé pour qui le résultat de dimanche "a naturellement une signification politique".

"Il va falloir y réfléchir. Il faut que l'UMP, bien sûr, y réfléchisse", a déclaré l'ancien Premier ministre.

François Fillon et les dirigeants de la majorité, qui devaient dès lundi repartir en campagne, voulaient croire dimanche soir en d'hypothétiques difficultés du PS pour sceller une alliance avec les écologistes.

"Il va se passer exactement ce que les Français détestent le plus dans la politique : les arrangements, les petites réunions où on va échanger, déchirer son programme pour quelques places", prédisait ainsi le secrétaire général de l'UMP, Xavier Bertrand.

Mais si Europe Ecologie a confirmé, à plus de 12% des voix, qu'elle constituait bien la troisième force politique, son score en deçà des européennes laisse plutôt présager des négociations apaisées avec le PS.

La seule "bonne surprise" de ce premier tour pour l'UMP est la marginalisation confirmée du président du Mouvement démocrate (MoDem), François Bayrou, devenu un opposant virulent de Nicolas Sarkozy : sa formation a à peine dépassé les 4% de suffrages.

Emmanuel Jarry, avec service France, édité par Sophie Louet