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La rentrée s'annonce difficile pour Nicolas Sarkozy

Nicolas Sarkozy regagne Paris en début de semaine pour une rentrée qui s'annonce agitée avec la perspective d'une forte mobilisation contre la réforme des retraites et d'une équation budgétaire 2011 complexe à résoudre. /Photo prise le 2 août 2010/REUTERS

Nicolas Sarkozy regagne Paris en début de semaine pour une rentrée qui s'annonce agitée avec la perspective d'une forte mobilisation contre la réforme des retraites et d'une équation budgétaire 2011 complexe à résoudre. /Photo prise le 2 août 2010/REUTERS - -

par Yann Le Guernigou PARIS (Reuters) - Nicolas Sarkozy regagne Paris en début de semaine pour une rentrée qui s'annonce agitée avec la perspective...

par Yann Le Guernigou

PARIS (Reuters) - Nicolas Sarkozy regagne Paris en début de semaine pour une rentrée qui s'annonce agitée avec la perspective d'une forte mobilisation contre la réforme des retraites et d'une équation budgétaire 2011 complexe à résoudre.

La situation paraît d'autant plus délicate pour le chef de l'Etat que sa cote de popularité reste très basse et que son bilan économique et social est jugé mauvais dans les sondages au moment où emploi et croissance sont les thèmes prioritaires pour les Français, soulignent les spécialistes de l'opinion.

Les affaires du début de l'été impliquant plusieurs ministres, en premier lieu les soupçons de conflit d'intérêts pesant sur celui du Travail Eric Woerth dans le dossier Bettencourt, ont alourdi un climat déjà morose.

L'annonce, plus de trois mois à l'avance, d'un remaniement qui débouchera fin octobre sur un gouvernement resserré n'a pas non plus contribué à la sérénité dans les cabinets ministériels.

La trêve estivale a été dominée par un virulent débat sécuritaire provoqué par les annonces faites fin juillet à Grenoble par le président, qui ont créé des remous jusqu'au sein de la majorité.

L'opposition, jugée moins à l'aise sur ce terrain par une majorité de Français, y a vu une tentative de "diversion" par rapport aux difficultés du pouvoir.

"Nicolas Sarkozy a échoué sur la sécurité, il a échoué sur l'économie, il veut sortir de la tourmente de l'affaire Woerth-Bettencourt", estime le député socialiste Manuel Valls dans une interview au Journal du Dimanche.

Le débat risque de se prolonger avec l'examen par le Parlement des mesures alors avancées, dont celle très controversée prévoyant la déchéance de la nationalité française pour certains délinquants d'origine étrangère. Celle-ci fera l'objet d'un amendement au projet de loi sur l'immigration débattu à partir du 27 septembre à l'Assemblée nationale.

RÉFORME "STRUCTURELLEMENT IMPOPULAIRE"

Mais le premier grand rendez-vous pour l'Elysée sera le 7 septembre, journée de mobilisation syndicale contre une réforme des retraites "structurellement impopulaire" selon Gaël Sliman, directeur de l'institut BVA Opinion.

Nicolas Sarkozy, qui entend en faire un symbole de son quinquennat, a déjà exclu de revenir sur le recul prévu de 60 à 62 ans de l'âge légal de départ à la retraite mais s'est dit prêt à discuter des aménagements pour les carrières longues ou les métiers pénibles.

"Il ne peut pas se permettre de faire marche arrière, ce qui affaiblirait sa crédibilité face à son électorat comme face aux syndicats. Le risque, face à une forte mobilisation, c'est qu'il lâche beaucoup de lest sur des contreparties, comme la pénibilité", déclare Gaël Sliman.

La préparation du budget 2011 est une autre source potentielle de mécontentement, l'enjeu étant pour le gouvernement de crédibiliser son plan de réduction des déficits publics dans une conjoncture qui peine à s'améliorer.

L'objectif reste de les ramener à 3% du produit intérieur brut à l'horizon 2013, soit cinq points de moins que le niveau attendu fin 2010, avec un premier palier à 6% l'an prochain.

Nicolas Sarkozy a été contraint de revoir à la baisse le scénario macroéconomique sur lequel repose ce plan lors d'une réunion vendredi au fort de Brégançon, à 2% de croissance contre 2,5% retenus jusqu'à présent pour 2011, avec pour conséquence de devoir ajuster à la hausse l'effort nécessaire sur les dépenses pour compenser de moindres recettes fiscales.

AUX ANTIPODES DE 2007

Cela passera en 2011 par une réduction de 10 milliards d'euros des niches fiscales et sociales plutôt que par des hausses des impôts existants, y compris la TVA, a-t-il assuré.

L'exercice nécessitera du doigté pour ne pas renforcer le sentiment prévalant dans l'opinion que la politique économique et sociale du gouvernement est injuste.

"On est dans un contexte où Nicolas Sarkozy semble avoir moins de marges de manoeuvre qu'il n'en jamais eu et, de ce fait, paraît en termes de style politique aux antipodes de ce qu'il était en 2007 lors de son élection", déclare François Miquet-Marty, directeur de l'institut Viavoice.

"On a le sentiment qu'il navigue entre des contraintes très fortes, qu'il est pris par les événements plus qu'il ne les maîtrise", ajoute-t-il, en soulignant que l'enjeu pour le chef de l'Etat en cette rentrée est de savoir "comment redonner le sentiment, notamment dans la perspective de la présidentielle de 2012, qu'il peut avoir de nouveau avoir prise sur les choses".

Le retour au premier plan des questions sécuritaires s'inscrit dans ce contexte.

"Comme lors de la campagne présidentielle, il fait tout pour remettre la lutte contre l'insécurité sur le devant de la scène. Il part du constat qu'il est toujours considéré meilleur que la gauche sur ce sujet et que, pour l'opinion, elle ferait moins bien si elle était au pouvoir", dit Gaël Sliman.

Comme il l'avait indiqué au lendemain de la déroute des élections régionales, Nicolas Sarkozy entend aussi concentrer son attention sur les problèmes des médecins et des agriculteurs, deux piliers traditionnels de l'électorat de droite. Il consacrera aux seconds sa première sortie en province de la rentrée, vendredi prochain.

Edité par Yves Clarisse