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La rentrée musclée de Mélenchon met le PCF mal à l'aise

Jean-Luc Mélenchon multiplie les attaques contre un gouvernement qu'il qualifie de "plan-plan", au risque d'irriter ses alliés communistes qui ne veulent pas donner l'impression de miser sur un éventuel échec de la majorité. /Photo prise le 22 août 2012/R

Jean-Luc Mélenchon multiplie les attaques contre un gouvernement qu'il qualifie de "plan-plan", au risque d'irriter ses alliés communistes qui ne veulent pas donner l'impression de miser sur un éventuel échec de la majorité. /Photo prise le 22 août 2012/R - -

par Chine Labbé PARIS (Reuters) - Jean-Luc Mélenchon multiplie les attaques contre un gouvernement qu'il qualifie de "plan-plan", au risque...

par Chine Labbé

PARIS (Reuters) - Jean-Luc Mélenchon multiplie les attaques contre un gouvernement qu'il qualifie de "plan-plan", au risque d'irriter ses alliés communistes qui ne veulent pas donner l'impression de miser sur un éventuel échec de la majorité.

Le positionnement de l'ancien candidat du Front de gauche à l'élection présidentielle lui a récemment valu le titre de "meilleur opposant" à François Hollande, devant les personnalités de droite et d'extrême droite.

Un titre qui pourrait, à terme, gêner le Parti communiste français (PCF), membre du Front de gauche aux côtés du Parti de gauche (PG) de Jean-Luc Mélenchon. Le PCF, qui a refusé de participer au gouvernement socialiste, souhaite en effet peser dans le débat, dans l'espoir d'obtenir une inflexion de sa politique.

Le 19 août, Jean-Luc Mélenchon a rompu un silence de trois mois avec une interview au Journal du Dimanche dans laquelle il dénonçait le "creux" des 100 premiers jours de François Hollande et "l'atermoiement continu" des socialistes face à la finance.

Depuis, l'eurodéputé ne mâche pas ses mots, notamment à l'égard du Premier ministre, qualifié sur son blog de "sectaire" qui recourt à la méthode de "la muselière ou la gomme".

Mercredi, il a encore reproché à Jean-Marc Ayrault, qui a ouvert l'université d'été du Medef, d'aller faire "des risettes" au patronat français.

Le ton est le même à l'endroit de François Hollande, qualifié de "brave homme" "à distance de tout".

"Je ne vais pas changer mon ton pour faire plaisir à cette équipe mi-chair mi-poisson qui a toujours l'air de se réveiller continuellement", s'est-il défendu la semaine dernière, lors d'une vente de fruits et légumes organisée par le PCF à Paris.

"Vous êtes dans un monde qui n'existe plus, un monde tranquilou, à la papa, plan-plan où on peut prendre son temps", a-t-il encore lancé sur BFM TV à l'attention des socialistes.

Jean-Luc Mélenchon est particulièrement virulent sur trois sujets. Il réclame une loi d'amnistie pour les syndicalistes condamnés sous le précédent quinquennat, une loi contre les licenciements boursiers et la tenue d'un référendum sur le traité budgétaire européen.

UN "AYANT DROIT AUTONOME"

Celui-ci doit être soumis au Parlement début octobre, mais Jean-Luc Mélenchon, chef de file, avec Laurent Fabius, du "non" au traité constitutionnel pour l'Europe en 2005, a appelé à une manifestation nationale le 30 septembre pour exiger un référendum.

Pourtant, le président du PG se défend d'incarner "l'opposition".

"Je ne suis pas un opposant à Monsieur Hollande. Je suis un ayant droit autonome. (Le gouvernement) a une dette politique envers nous et nos électeurs", a récemment déclaré sur Canal+ celui qui a recueilli 11,1% des voix au premier tour de l'élection présidentielle.

"Nous ne sommes pas des opposants qui viennent le béret à la main ou qui font de la démonstration, nous demandons le résultat de notre action politique", a-t-il ajouté.

Ses attaques répétées pourraient toutefois gêner le PCF.

Officiellement, ses critiques sont assumées au sein du parti, même si ses dirigeants soulignent qu'ils ne sont pas dans une simple logique d'opposition et qu'ils sont "disponibles pour une autre politique de gauche".

"Tout ce qui relève d'une critique argumentée, équilibrée, ajustée d'une politique qui ne va pas dans la bonne direction ne pose pas problème", affirme Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF.

"Il faut s'opposer à ce qui ne va pas, sans prendre des pincettes. Dans le même temps, nous souhaitons la réussite d'un changement à gauche", ajoute-t-il.

Certains communistes craignent toutefois que les prises de position de Jean-Luc Mélenchon donnent une mauvaise image du Front de gauche.

"Il ne faudrait pas que les gens pensent qu'on fait notre miel d'un échec de la gauche", dit ainsi un dirigeant du parti, reconnaissant l'existence de "nuances" entre PCF et PG sur la "posture" à adopter.

Certains observateurs se demandent par ailleurs si, en multipliant les attaques sur l'inaction présumée du gouvernement, Jean-Luc Mélenchon ne donne pas du poids à l'opposition de droite.

Edité par Patrick Vignal