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Politique

La réforme du livret A repoussée et limitée

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La décision concernant le Livret A n'est « pas arbitrée » a affirmé lundi le ministre de l’Économie, Pierre Moscovici. Selon le Journal du Dimanche le gouvernement souhaiterait repousser à la rentrée la réforme du livret A, promise par François Hollande lors de la campagne présidentielle.

C'était une promesse de campagne : François Hollande s’était engagé à ce qu’une fois élu, le plafond des dépôts du livret A soit doublé, passant de 15.300 à 30.600 euros. Une réforme qui devait avoir lieu au mois de juillet. Mais d'après les informations du Journal du Dimanche, la réforme du Livret A serait repoussée à la rentrée, voire à l'automne. Quant au plafond, il ne serait pas doublé mais relevé dans un premier temps à 20.000 euros seulement.
Cette mesure était censée dynamiser la construction de logements sociaux, le Livret A alimentant les organismes HLM. Le gouvernement espérait ainsi porter à 150.000 le nombre de constructions par an, contre 110.000 en 2011.
L'encours global du Livret A, dont le taux de rémunération est de 2,25%, se monte à 226,6 milliards d'euros contre 216,9 milliards fin 2011 et 195,3 milliards fin 2010.

« Je ne pleurerai pas sur la situation des banques »

La décision concernant le Livret A n'est « pas arbitrée » a tenté de rassurer lundi le ministre de l'Economie et des Finances, Pierre Moscovici. « Nous aurons une réforme globale qui ira vers le doublement du plafond du Livret A prévue par le président de la République » a-t-il poursuivi, sans toutefois évoquer de calendrier ni apporter plus de précisions.
Pour Serge Maître, secrétaire général de l’association française des usagers des banques, le gouvernement est en train de reculer sous le poids des lobbies : ce report de la réforme du livret A, « c'est sans aucun doute à cause des pressions des banques et des compagnies d'assurances. Car elles craignent que cela entraîne une diminution de l'épargne qui est, en ce moment, placée sur des assurances-vie ». « Personnellement je désapprouve cette décision », affirme sur RMC la socialiste Marie-Noëlle Lienemann, ancienne ministre du Logement. « Le gouvernement aurait dû tenir la promesse qui a été faîte immédiatement. Moi, je ne pleurerai pas sur la situation des banques et je pense qu'il faut tenir bon face à la finance. Je regrette qu'on y cède parce que le premier signal que l'on donne à la finance n'est pas un signe de résistance ».

« Ce ne sont pas les plus modestes qui bénéficieront de ce relèvement »

Tout en rejetant toute idée de lobbying anti-livret A, le président du Crédit Mutuel Nord Europe, Philippe Vasseur, assure que de toute façon augmenter le plafond du placement préféré des Français, ne profiterait qu’à quelques-uns : « La très grande majorité de détenteur de livret A ne sont pas au plafond. Le livret A est une épargne défiscalisé. Donc plus vous êtes aisés et que vous payez d'impôts, et plus vous avez intérêt à avoir cette épargne défiscalisée. Donc ce ne sont pas, contrairement à ce que l'on pourrait penser, les plus modestes qui bénéficieront de ce relèvement du plafond du livret A ».

La Rédaction avec Antoine Serres