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Politique

La réforme de l'ISF critiquée à gauche mais aussi à droite

La réforme de l'ISF et du bouclier fiscal proposée par le gouvernement est critiquée mercredi par des élus de gauche mais parfois aussi de droite. Nicolas Sarkozy a finalement décidé de supprimer le bouclier fiscal et de réserver l'impôt de solidarité sur

La réforme de l'ISF et du bouclier fiscal proposée par le gouvernement est critiquée mercredi par des élus de gauche mais parfois aussi de droite. Nicolas Sarkozy a finalement décidé de supprimer le bouclier fiscal et de réserver l'impôt de solidarité sur - -

La réforme de l'ISF et du bouclier fiscal proposée par le gouvernement est critiquée mercredi par des élus de gauche mais parfois aussi de droite, sous l'angle du "cadeau aux riches".

Nicolas Sarkozy a finalement décidé de supprimer le bouclier fiscal, un dispositif décrié qu'il avait renforcé après son élection, et de réserver l'impôt de solidarité sur la fortune aux contribuables dont le patrimoine est supérieur à 1,3 million d'euros.

La réforme que le gouvernement veut voir votée cet été doit permettre d'exonérer la moitié des quelque 600.000 contribuables qui doivent acquitter l'ISF.

"Cette mesure qui va toucher 300.000 contribuables va apparaître naturellement à l'opinion publique comme une mesure de classe", a déploré mercredi le député UMP "villepiniste" Jean-Pierre Grand.

"Ça, c'est extrêmement désagréable aux oreilles des républicains sociaux de la majorité", a-t-il ajouté dans les couloirs de l'Assemblée nationale.

Le président de la commission des Finances de l'Assemblée, le socialiste Jérôme Cahuzac, a qualifié la réforme de "bricolage" et estimé que le chef de l'Etat avait reculé sur tous les fronts.

Le Parti socialiste s'oppose depuis le début de la législature au bouclier fiscal, qui limite à 50% des revenus fiscaux le montant des impôts directs que peut payer un contribuable.

"L'élément le plus remarquable est la suppression du bouclier fiscal qui a été défendu avec véhémence par le président de la République il y a encore quelques mois: il s'est résolu à accepter sa suppression et donc, d'une certaine manière, à manger son chapeau", a dit Jérôme Cahuzac à des journalistes.

"L'ISF ne sera pas supprimé et là encore le président de la République recule", a-t-il encore déclaré.

"LA BANDE DU FOUQUET'S"

Pour le Parti communiste, la réforme est un "numéro de funambule fiscal au service de la bande du Fouquet's", une référence aux industriels qui avaient fêté avec Nicolas Sarkozy sa victoire à la présidentielle en mai 2007 dans un restaurant des Champs-Elysées.

Le coût de la réforme est estimé par le gouvernement à 900 millions d'euros par an, dont 300 pour la suppression de la première tranche de l'ISF et 600 pour l'allègement du barème.

Ce coût doit être compensé par la création d'une taxe de sortie pour les expatriés, une hausse de la fiscalité sur les héritages importants et un durcissement des conditions pour les donations en franchise d'impôt, selon le ministre du Budget, François Baroin.

Mais pour le PC, "la politique fiscale de l'UMP va continuer à appauvrir l'Etat". "Les conséquences sont déjà connues: c'est moins de profs, de policiers, d'infirmières, et donc une société française qui s'affaiblit", lit-on dans un communiqué.

"Ils ont réussi à faire un nouveau cadeau fiscal aux plus riches, ce qui est totalement invraisemblable", a dénoncé le communiste Jean-Claude Sandrier, membre de la commission des Finances de l'Assemblée.

La co-présidente du Parti de gauche, Martine Billard, a quant à elle qualifié la réforme de "tour de passe-passe".

Le porte-parole du groupe UMP pour le débat budgétaire Jérôme Chartier, s'est élevé contre toutes ces critiques.

"Cette réforme, c'est loin d'être un cadeau aux riches", a-t-il dit dans les couloirs de l'Assemblée. "Il fallait nécessairement réformer l'ISF et en faire un impôt de solidarité juste mais qui ne soit pas confiscatoire", a-t-il ajouté.

La réforme devrait être présentée le 11 mai en conseil des ministres. Elle sera examinée début juin par les députés et fin juin par les sénateurs pour être adoptée avant la mi-juillet.

Jean-Baptiste Vey et Emile Picy, édité par Yves Clarisse