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Politique

La politique des banlieues de Sarkozy est-elle un échec ?

A Grenoble, près de 200 policiers restent mobilisés pour prévenir de nouvelles émeutes après les tirs par arme à feu qui ont visé dimanche soir un car de CRS.

A Grenoble, près de 200 policiers restent mobilisés pour prévenir de nouvelles émeutes après les tirs par arme à feu qui ont visé dimanche soir un car de CRS. - -

Après les violences de ce week-end à Grenoble et Saint-Aignan, certains politiques dénoncent l'échec de Nicolas Sarkozy sur la sécurité. Pourtant, ce type d'événement n'est pas nouveau. Donnez votre avis dans ce forum !

Dans les événements survenus à Grenoble (Isère) et Saint-Aignan (Loir-et-Cher) ce week-end, l'opposition de gauche et le Front national voient l'échec de Nicolas Sarkozy en matière de sécurité. Jean-Jacques Urvoas, secrétaire national du PS en charge de la sécurité, dénonce « l’invalidation de la lecture sarkozyste de la gestion des banlieues ».

« La lutte contre la délinquance se gagnera dans la rue »

Martelant que « le gouvernement agit avec beaucoup de détermination », Eric Ciotti, secrétaire national de l'UMP en charge de la sécurité, renvoie la balle au PS qui propose un colloque sur le sujet et n’a donc, selon lui, « rien compris » : « la lutte contre la délinquance se gagnera dans la rue », ajoute-t-il, convaincu.

« Ces territoires où l’on créée les grands voyous de demain »

Côté banlieues, où l’on tire la sonnette l’alarme depuis longtemps, certains élus ne cachent pas leur colère. « Très inquiet, parce qu’[il] sait qu’[en banlieue] on va à la catastrophe », François Pupponi, le maire socialiste de Sarcelles dans le Val-d’Oise et vice-président de l’association Villes et Banlieues, explique : « depuis 30 ans, ce pays n’est pas capable de mettre en œuvre une politique cohérente à la fois de renouvellement urbain, économique et d’insertion sociale dans ces territoires. […] Aujourd’hui, ce qui nous manque, c’est de l’emploi pour les jeunes de ces quartiers enclavés », mal, voire pas reliés aux lieux où il y a de l’emploi et dont les habitants sont donc « discriminés ».
« Quand il y a un taux de chômage trop important, poursuit François Puppponi, ça fait souvent basculer un certain nombre de jeunes dans la délinquance, puis dans la grande délinquance et ensuite ces territoires sont gangrenés par le grand banditisme. Donc on est en train de créer dans ces territoires, les grands voyous de demain. »

« Ça peut dégénérer à tout moment lorsqu'il y a mort d'homme »

Une analyse que partage le sociologue Laurent Mucchielli, qui rappelle que ce type d'événement n'est pas nouveau : « depuis 25 ans, c’est le même enchaînement : les mêmes causes produisent les mêmes effets. Ça se produit à bas bruit tous les jours dans des centaines de quartiers en France et ça peut dégénérer à tout moment lorsqu'il y a mort d'homme. La raison de fond en est simple : qu'on le veuille ou non, la société française exclut une partie de ses citoyens du jeu social. »

La Rédaction, avec Fabien Magnenou