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La polémique continue après les propos de François Fillon

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PARIS (Reuters) - François Hollande a défendu dimanche la nécessité de "digues" et de "règles" face au Front national, à l'issue d'un week-end...

PARIS (Reuters) - François Hollande a défendu dimanche la nécessité de "digues" et de "règles" face au Front national, à l'issue d'un week-end marqué par les suites de la polémique sur les propos de François Fillon mettant en cause la doctrine de l'UMP à ce sujet.

L'ex-Premier ministre a suscité de multiples réactions négatives dans son propre parti en se prononçant le 8 septembre pour un vote en faveur du candidat "le moins sectaire" en cas de duel PS-FN au second tour des élections municipales de 2014. Propos qu'il a réitérés vendredi.

Invité du journal de 20h00 sur TF1, le chef de l'Etat, ancien premier secrétaire du Parti socialiste, a pour sa part voulu se placer sur le terrain des principes.

"Nous voulons que la France puisse être fière d'elle même, fière de ses valeurs", a-t-il dit. "Tous les partis sont autorisés à aller vers les électeurs, les électeurs sont libres de les choisir mais il y a des digues, il y a des règles."

Il a rappelé qu'il avait lui-même était confronté à cette situation en avril-mai 2002, lorsque Jean-Marie Le Pen, alors président et candidat du FN, s'était retrouvé face au candidat de droite Jacques Chirac au second tour de la présidentielle.

"Je n'ai pas regardé qui était le plus ou le moins sectaire, la question ne se posait même pas (...) J'ai appelé à voter Jaques Chirac et je ne le regrette pas", a-t-il ajouté.

Un peu plus tôt, lors d'une Fête de la rose du PS en Loire-Atlantique, le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, avait estimé que les dirigeants de l'UMP jouaient "avec le feu" et leur avait demandé de clarifier leur position.

De fait, les ténors de l'UMP ont vivement critiqué l'ancien Premier ministre.

"INCOMPRÉHENSIBLE" POUR JUPPÉ

Le député-maire UMP de Bordeaux, Alain Juppé, a dit sur son blog ne pas comprendre ce qui avait pu "pousser François Fillon à déclarer qu'en certaines circonstances il pourrait apporter sa voix à un candidat du Front national".

"Car c'est bien ce qu'il a dit", a insisté cet autre ancien Premier ministre. "C'est incompréhensible de la part d'un homme politique expérimenté qui devait bien se douter qu'il allait (...) précipiter à nouveau sa formation politique dans le piège qui lui est tendu de manière récurrente."

Le numéro 2 de l'UMP et ancien ministre Luc Chatel a accusé celui qui fut son patron au gouvernement de faire la "courte échelle" au parti d'extrême droite.

"J'en ai assez qu'on se tire des balles dans le pied ", a-t-il dit lors du Forum de Radio J. "Le Front national est l'allié objectif du Parti socialiste. Le Front national veut la mort de l'UMP et on voudrait lui faire la courte échelle aux élections municipales ? C'est absurde."

Un autre ancien membre du gouvernement Fillon, Xavier Bertrand, a dénoncé l'ambiguïté des propos de l'ex-Premier ministre et un "mauvais calcul" politicien, au moment où la présidente du FN, Marine Le Pen, réaffirmait à Marseille son ambition d'être au centre du jeu politique.

"Les déclarations de François Fillon divisent l'UMP, ces déclarations affaiblissent l'UMP", a-t-il dit sur France 3.

Son ex-collègue Bruno Le Maire a dit sur BFM-TV qu'il ne voterait jamais pour un candidat FN et a invité François Fillon à clarifier sa position.

LE CRIF DÉÇU ET INQUIET

Les chefs de file du courant de l'UMP "France Moderne et humaniste" ont juré qu'ils ne s'allieraient jamais au FN, dont ils jugent les idées "dangereuses" et le programme économique "désastreux". Il importe que le parti reste "clair et ferme sur le sujet", ont dit Franck Riester et Marc Laffineur.

Au centre, le président de l'UDI, Jean-Louis Borloo, avait déclaré samedi à Poitiers, lors de l'université d'été de sa formation : "L'UMP, en tant que prétention d'incarner la droite et le centre est morte cette semaine."

Le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) s'est dit "déçu et inquiet" par les propos de François Fillon. Et l'Union des étudiants juifs de France, "choquée" que l'ex-Premier ministre ait offert un "blanc-seing" au FN, a dit attendre une "réaction des jeunes UMP".

Le président souverainiste de "Debout la France" Nicolas Dupont-Aignan est, à droite, à peu près le seul responsable qui ait apporté publiquement son soutien à François Fillon.

L'ex-premier ministre "a eu tout à fait raison, tout dépend du contexte local", a-t-il dit à TV5 Monde, tout en estimant que l'UMP s'agitait parce qu'elle avait "peur de la tornade" FN.

L'ancien ministre UMP François Baroin, invité du Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro, s'est pour sa part efforcé de relativiser les déclarations de François Fillon - "Il n'a jamais dit qu'il appellerait à voter FN", a-t-il dit.

Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse