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Politique

La loi sur les génocides examinée dans la tourmente

Les députés français examinent jeudi dans un climat tendu une proposition de loi condamnant la négation des génocides qui provoque la colère des autorités turques. Des milliers de personnes ont manifesté dans le calme devant l'Assemblée nationale à Paris

Les députés français examinent jeudi dans un climat tendu une proposition de loi condamnant la négation des génocides qui provoque la colère des autorités turques. Des milliers de personnes ont manifesté dans le calme devant l'Assemblée nationale à Paris - -

par Emile Picy PARIS (Reuters) - Les députés français examinent jeudi dans un climat tendu une proposition de loi condamnant la négation des...

par Emile Picy

PARIS (Reuters) - Les députés français examinent jeudi dans un climat tendu une proposition de loi condamnant la négation des génocides qui provoque la colère des autorités turques.

Des milliers de personnes ont manifesté dans le calme devant l'Assemblée nationale à Paris avant le début de la séance, qui est publique.

La police a estimé à environ 3.000 le nombre de manifestants, pour beaucoup d'origine turque. Ils dénoncent un texte directement inspiré par le génocide arménien de 1915, que contestent les autorités turques.

Aucun incident n'a été rapporté.

"Je ne comprends pas pourquoi la France censurerait ma liberté d'expression", a dit à Reuters Yildiz Hamza, un Français d'origine turque qui préside une association de familles turques.

Juger de la vérité historique, "c'est le travail des historiens, pas des politiciens", a dit Aytem Doguant, une Française d'origine turque.

A quelques mois de la présidentielle, "la majorité veut récupérer le vote des Arméniens juste avant les élections", a-t-elle ajouté.

Le gouvernement a dit soutenir "la philosophie" du texte, tout en laissant les députés de la majorité libres de leur vote.

"C'est une initiative parlementaire et le gouvernement s'en remet effectivement au vote", a dit mercredi la porte-parole du gouvernement, Valérie Pécresse. "Le gouvernement soutient la philosophie de ce texte et n'y voit pas une attaque contre la Turquie."

APPELS AU CALME

Le député UMP Louis Giscard d'Estaing, qui préside la séance, a appelé au calme.

"Je souhaite que les débats se déroulent dans la sérénité", a-t-il dit.

Les députés d'opposition socialistes ont fait savoir par leur président de groupe, Jean-Marc Ayrault, qu'ils voteraient le texte déposé par leur collègue UMP Valérie Boyer avec le soutien d'une quarantaine d'élus de la majorité.

La commission des Lois de l'Assemblée nationale avait adopté le 7 décembre cette proposition en l'amendant légèrement pour lui donner une portée plus générale, dans l'espoir, jusqu'ici vain, d'apaiser la Turquie.

Dans sa première version, le texte sanctionnait la négation du seul génocide arménien.

Les autorités turques ont prévenu la France que les relations entre les deux pays risquaient de subir de graves conséquences si le Parlement français votait cette loi.

Dix-sept orateurs sont inscrits, dont le député UMP d'origine arménienne Patrick Devedjian, fervent défenseur du texte.

"Le négationnisme est un vrai scandale", a dit ce dernier sur France Info. "Je crois que le texte sera adopté. Il est important que les clivages traditionnels soient dépassés sur une question pareille."

Patrick Ollier, ministre chargé des Relations avec le Parlement, a pris place sur le banc du gouvernement et n'a pas donné de consignes de vote.

"Je m'en remets à la sagesse de votre Assemblée et je sais qu'elle est grande", a-t-il dit.

Avec Pauline Mével et Jean-Baptiste Vey, édité par Patrick Vignal