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Politique

La guerre de Falorni contre Civitas, devenu un parti politique

L'institut Civitas, proche de l'extrême droite catholique, est désormais reconnu comme éligible au financement des partis politiques, ce dont s'est ému le député de gauche Olivier Falorni, ce mercredi à l'Assemblée nationale.

"'La démocratie c'est le mal, la démocratie c'est la mort, la démocratie c'est le mensonge', voilà la profession de foi de l'officine catholique intégriste Civitas", s'est étranglé mercredi à l'Assemblée nationale le député de gauche Olivier Falorni. C'est avec "stupeur" que le député des radicaux de gauche a appris que l'institut Civitas, proche de l'extrême droite catholique, était désormais reconnu comme éligible au financement des partis politiques.

Considéré comme le bras séculier de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X (FSSPX, traditionalistes lefebvristes), Civitas a vu sa structure de gestion "agréée en qualité d'association de financement" de parti politique, selon une décision parue le 12 juin au Journal officiel.

Une question de financement

Il a rappelé que Civitas s'était illustré, notamment lors de la mobilisation contre le mariage homosexuel, en dénonçant "l'homofolie". Or, elle peut désormais recevoir des dons jusqu'à 7.500 euros par personne, avec une possibilité de réduction d'impôt de 66%. Ce serait même le but de la manœuvre, selon certains détracteurs. Elle avait perdu en janvier 2016 son statut d'organisme d'intérêt général, ce qui lui permettait d'avoir une déductibilité des dons.

Après avoir écrit lundi au ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, pour dénoncer ce "véritable scandale", Olivier Falorni lui a demandé mercredi de "retirer l'agrément de Civitas car je ne veux pas un jour dans un bureau de vote de la République avoir à choisir entre un candidat salafiste et un candidat intégriste".

Bernard Cazeneuve a rappelé qu'il n'y avait pas de "pouvoir discrétionnaire en la matière". Civitas a été déclaré comme parti politique en 1999 à la sous-préfecture d'Argenteuil, dans le Val-d'Oise, mais son association de financement n'a été déclarée que le 30 mars 2016.

Pour qu'une association soit considérée comme un parti politique, il faut qu'une association de financement y soit adjointe.

"Il n'y a pas de procédure d'agrément"

"Il n'y a pas de procédure d'agrément. C'est un dispositif déclaratif qui conduit les partis politiques à déclarer en préfecture la création de ces organisations", a également indiqué le ministre de l'Intérieur.

"La démocratie a cette force, que vous considérez dans votre question comme une faiblesse, c'est qu'elle permet l'expression de ceux qui ne pensent pas comme ceux qui dans la démocratie défendent les valeurs", a voulu rassurer Bernard Cazeneuve.

Interrogé sur RTL mercredi matin, François Bayrou s'est dit "absolument opposé à l’idée qu’on mélange religion et politique".

"L'Eglise propose des positions politiques"

Le président de Civitas, Alain Escada, ne voit pas "pourquoi les mouvements pro-vie, pro-famille, catholiques enracinés ne pourraient pas disposer d'une représentation politique autonome". Sur RMC, il a assuré mercredi ne pas songer à une participation à l'élection présidentielle mais vouloir y "jouer un rôle".

"Nous voulons montrer que la doctrine sociale de l'Eglise propose des positions politiques qui peuvent servir à retrouver un équilibre dans la société. C'est aussi être pro-famille, pro-vie, défendre le patriotisme, c'est défendre les racines de la France chrétienne", a-t-il expliqué.

Il devrait s'expliquer plus amplement sur l'entrée de son mouvement dans l'arène politique en septembre.

K. L.