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La gauche estime avoir mis a nu la nature de l'UMP

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PARIS (Reuters) - La gauche estime avoir frappé "là où ça fait mal" en mettant en évidence les relations entre la droite et le monde de l'argent...

PARIS (Reuters) - La gauche estime avoir frappé "là où ça fait mal" en mettant en évidence les relations entre la droite et le monde de l'argent autour de l'affaire Woerth et d'une série d'abus reprochés à des ministres.

L'ancienne candidate à la présidentielle Ségolène Royal, qui a outré l'UMP en dénonçant le "système Sarkozy corrompu", affirme que le chef de l'Etat en est arrivé à la même conclusion qu'elle en annonçant un remaniement ministériel en octobre.

"Nicolas Sarkozy reconnaît lui-même cette corruption, puisqu'il vient d'annoncer qu'il y aurait un remaniement ministériel à l'automne et qu'il tiendrait compte du comportement de certains ministres", a-t-elle dit jeudi sur RMC.

Plusieurs ministres ont été épinglés pour l'utilisation qu'ils font de leurs logements de fonction et le gouvernement a ordonné au secrétaire d'Etat chargé du Grand Paris, Christian Blanc, de rembourser les cigares consommés au ministère.

Pour la présidente de la région Poitou-Charentes, "quand il y a un mélange entre les fonds publics et privés, il y a un esprit de corruption. Lorsqu'il y a une perte du sens de l'intérêt général, il y a corruption."

"J'ai frappé là ou ça fait mal", a-elle ajouté en réponse à la "meute de réactions" de la majorité.

L'ex-Premier ministre socialiste Lionel Jospin est sorti pour sa part de sa réserve pour démentir le parallèle que l'UMP tente d'établir entre les dérives actuelles et l'attitude des socialistes lorsqu'ils étaient aux affaires.

Il a affirmé qu'il n'y avait jamais eu au Parti socialiste de cumul entre des fonctions gouvernementales et la direction du parti. "Jamais un trésorier du PS n'a été en même temps membre du gouvernement", a-t-il dit sur Europe 1.

Il évoquait ainsi la situation du ministre du Travail et trésorier de l'UMP Eric Woerth, soupçonné de conflit d'intérêt dans l'affaire impliquant l'héritière de L'Oréal Liliane Bettencourt, dont son épouse gérait une partie des placements.

RELATIONS PRESQUES INCESTUEUSES

Lionel Jospin, qui a été Premier ministre de 1997 à 2002, a appelé à rétablir "des règles saines" au sommet de l'Etat, dénonçant les relations "presque incestueuses" entre la majorité et le monde des affaires.

"Il y a entre les dirigeants de l'UMP, le président de la République et les membres du gouvernement une proximité trop grande entre le pouvoir politique et les milieux d'argent", a-t-il estimé.

"Ce qui provoque les problèmes d'aujourd'hui, c'est le mélange de relations privées de gens qui dînent ensemble, chassent ensemble, font des croisières ensemble et de rapports publics, c'est ça qu'il faut éviter", a-t-il ajouté.

Le gouvernement refusant de lancer une information judiciaire, les socialistes ont demandé l'ouverture d'une enquête parlementaire sur les soupçons de complaisance fiscale de l'ex-ministre du Budget Eric Woerth en faveur de Liliane Bettencourt, qui a admis avoir des comptes en Suisse.

Le ministre du Budget, François Baroin, a annoncé de son côté avoir saisi l'Inspection générale des finances de ce dossier.

Il a affirmé que le rapport serait à la disposition "à la fois du public qui s'intéresse à cette situation et d'une éventuelle future commission d'enquête parlementaire".

Pour Martine Aubry, premier secrétaire du PS, l'affaire pose plus généralement un problème "de morale et d'éthique" après les dérapages d'une demi-douzaine de ministres.

"C'est la même chose lorsqu'on parle des cigares achetés par tel ministre ou des logements de fonction prêtés par tel autre à sa famille", dit-elle dans un entretien au quotidien Metro.

Prenant la défense de Ségolène Royal, qui fut sa rivale pour la direction du PS, Martine Aubry ajoute: "Ce qu'a dit Ségolène Royal, c'est ce que pensent beaucoup de Français: depuis le Fouquet's, tout le monde se rend compte qu'il y a une forme de rapprochement de ceux qui sont actuellement au pouvoir avec le monde de l'argent".

Martine Aubry faisait référence à l'invitation, le soir de son élection en mai 2007, par Nicolas Sarkozy, de ses partisans influents dans un prestigieux établissement des Champs-Elysées.

Gérard Bon, édité par Yves Clarisse