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La France Insoumise

Soutien de Mélenchon à Quatennens: le malaise à LFI pousse des députées à sortir du rang

Le numéro 2 de La France insoumise Adrien Quatennens, à Paris le 21 juin 2022

Le numéro 2 de La France insoumise Adrien Quatennens, à Paris le 21 juin 2022 - JULIEN DE ROSA © 2019 AFP

Plusieurs élues insoumises ont pris leur distance avec les propos du patron de la France insoumise. De quoi laisser envisager un changement au sein du mouvement qui était jusqu'ici toujours très fidèle à son fondateur.

Jean-Luc Mélenchon a-t-il plongé son parti dans l'embarras? L'ex-candidat à la présidentielle a "salué le courage et la dignité" dimanche d'Adrien Quatennens qui venait de reconnaître dans un communiqué avoir giflé sa femme. De quoi pousser certaines députées à exprimer leur désaccord avec lui - une première dans un mouvement jusqu'ici très légitimiste.

Une scène résume à elle seule le malaise. Ce mardi matin, des journalistes interrogent le groupe parlementaire sur ce tweet de soutien. Des regards s'échangent alors entre Mathilde Panot, Clémentine Autain et Danièle Obono. C'est finalement cette dernière qui prend la parole, sans répondre à la question.

"Les mots" de Mélenchon, "pas les miens"

La séquence illustre la prise de distance des élus insoumis vis-à-vis de leur chef. Quelques heures plus tôt, Clémentine Autain avait déjà fait entendre un autre son de cloche.

"Ce sont ses mots, pas les miens", tançait la députée de Seine-Saint-Denis dans les colonnes du Parisien.

La députée européenne Manon Aubry a utilisé la même expression lundi sur France info, ajoutant penser que "Jean-Luc Mélenchon se sentait un peu trahi par Adrien Quatennens", pour justifier la réaction de l'ancien candidat à la présidentielle.

Preuve de l'embarras au sein du parti: pas un seul des 75 députés insoumis n'a retweeté les propos de Jean-Luc Mélenchon. Seule la députée de Paris, Sophia Chikirou, très proche de l'ex-candidat à la présidentielle, a adopté le même ton sur le réseau social.

"Une minimisation des faits commis"

Le patron de la France insoumise a beau essayer de se rattraper quelques heures, expliquant ne pas être "indifférent" à son épouse, rappelant qu'une "gifle est inacceptable dans tous les cas", le mal semble être fait.

C'est Pascale Martin, députée LFI de Dordogne, qui a, la première, haussé le ton lundi après-midi, dénonçant des "tweets qui révèlent une minimisation des faits qui ont été commis et une méconnaissance de la réalité des violences conjugales". Élise Leboucher, députée insoumise de la Sarthe, a également "apporté son soutien" au communiqué de presse de sa collègue.

"Ce n'est pas anodin que celles qui prennent le contre-pied des propos de Jean-Luc Mélenchon soient des nouvelles députées qui n'ont pas de lien privilégié avec lui. Quand vous étiez déjà là sous la précédente mandature, il y a un côté à la vie à la mort avec lui", décrypte une élue écologiste auprès de BFMTV.com.

Repenser les "lieux" de "décision"

Plutôt que d'exprimer leur désaccord avec les propos de Jean-Luc Mélenchon, un petit groupe de députés décide de plancher sur un communiqué de presse, après l'annonce du retrait du député. C'est d'ailleurs sur ce texte que Manon Aubry s'est appuyée lundi.

"Nous avons écrit trois choses. La première, c'est que le mouvement prend acte du retrait d'Adrien Quatennens. Deuxièmement, il rappelle que la lutte contre les violences sexistes et sexuelles est la cheville ouvrière de notre mouvement et de notre combat politique", a expliqué l'eurodéputé au micro de France info.

Clémentine Autain peut se dire de son côté qu'elle a eu le nez creux. Fin août, l'élue de Seine-Saint-Denis regrettait qu'au sein du parti "les lieux de la prise de décision restent flous", pointant les "limites du gazeux".

L'annonce de sa mise en retrait du "travail parlementaire" par Danièle Obono sur BFMTV ce mardi soir peut-elle faire baisser la pression au sein de la France insoumise? Une autre affaire pourrait prendre le relais: celle visant Julien Bayou. Sandrine Rousseau a évoqué lundi soir des faits de "nature à briser la santé morale des femmes". Europe-Écologie-Les Verts a reconnu qu'une enquête interne était ouverte depuis juillet.

Marie-Pierre Bourgeois