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La France Insoumise

Roussel appelle à "envahir les préfectures", Mélenchon dénonce "une initiative violente"

Jean-Luc Mélenchon, le 15 mars 2023, à Chevilly-Larue

Jean-Luc Mélenchon, le 15 mars 2023, à Chevilly-Larue - EMMANUEL DUNAND / AFP

L'ex candidat à la présidentielle refuse de s'associer aux propos du communiste et regrette "la violence qu'elle supposerait" et "son impréparation totale". Fabien Roussel invoque "la légitime défense" face à l'inflation.

Le ton monte encore entre La France insoumise et le Parti communiste à quelques heures du début de la fête de l'Humanité. Fabien Roussel a appellé ce jeudi à des rassemblements devant les préfectures et les stations-essence, souhaitant "les envahir, même, si nécessaire". La méthode déplaît fortement à Jean-Luc Mélenchon.

"Cette initiative violente est purement personnelle. Elle n'a été discutée nulle part, pas même au PCF. Je crois donc qu'il ne serait pas raisonnable de s'y associer compte tenu de la violence qu'elle supposerait dans cette impréparation totale", tance le fondateur de La France insoumise sur X (anciennement Twitter).

"On se fait racketter, voler et on ne peut rien dire"

Le numéro un des communistes a défendu ce jeudi sur Franceinfo l'idée que les Français devaient se révolter par "légitime défense" si le gouvernement refusait d'instaurer un tarif réglementé des carburants et le blocage des prix de certains produits alimentaires.

La hausse des prix sur l'alimentaire culmine à plus de 21 % sur deux ans. Même constat pour l'électricité dont le prix devrait augmenter de 10 à 20% au début de l'année 2024, après une hausse de 10% le 1er août dernier.

Fabien Roussel a toutefois revendiqué être "aussi un partisan de l’action non violente" mais ne pas concevoir que les Français restent dans l'inaction face à l'inflation: "vous croyez qu’on va se laisser plumer comme ça pendant combien de temps? (...) On se fait attaquer, racketter, voler et on ne peut rien dire", s'est-il ému.

Une éventuelle concurrence à la marche du 23 septembre organisée par LFI

Dans les rangs des insoumis, pas question d'encourager cet appel. Et pour cause: LFI a un tout autre agenda en tête. Une centaine de partis, syndicats et associations organisent une "marche unitaire" contre les "violences policières" et le "racisme systémique" le 23 septembre prochain.

Si ce rassemblement semble loin des questions de hausse des prix visée par Fabien Roussel, il vise à rassembler large. Si le motif premier est bien lié aux émeutes urbaines, qualifié par les députés insoumis de "révolte des quartiers populaires", un communiqué de presse des organisations s'inquiète de l'avenir de "notre modèle social" et de "l'effondrement écologique".

De quoi pousser les proches de Jean-Luc Mélenchon à faire connaître leur désapprobation face à l'appel de Fabien Roussel.

"Faisons plutôt collectivement du 23 septembre un jour d'expression de la colère qu'on a entendue au Stade de France", écrit ainsi le député Antoine Léaument, en référence aux sifflets qui ont émaillé la prise de parole d'Emmanuel Macron lors du match France-Nouvelle Zélande.

"On croirait presque entendre un député de la Nupes"

"Fabien Roussel va-t-il constituer un black bloc lors de la marche du 23 septembre contre les violences policières, le racisme systémique et pour la justice sociale?", a feint de s'interroger de son côté l'élu insoumis Ugo Bernalicis.

Le parlementaire Sébastien Delogu et ex chauffeur de Jean-Luc Mélenchon a lui, préfére, manié l'ironie, en pointant les différences régulières entre le communiste et le reste de la Nupes.

"C’est pas très 'arc républicain' de parler comme ça, Fabien Roussel. On croirait presque entendre un député Nupes", grince ainsi le député sur X.

Fabien Roussel s'est encore justifié en disant "préférer qu’un parti politique", "organise cette colère" "plutôt que de ne rien faire".

Marie-Pierre Bourgeois