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La France Insoumise

Regarder la finale ou continuer le boycott? À gauche, les cœurs balancent

L'équipe de France pendant la demi-finale contre le Maroc au stade Al-Bayt Stadium à Doha le 14 décembre 2022

L'équipe de France pendant la demi-finale contre le Maroc au stade Al-Bayt Stadium à Doha le 14 décembre 2022 - FRANCK FIFE / AFP

Fabien Roussel regardera dimanche soir le match tout comme Éric Coquerel. D'autres, comme Ugo Bernalicis ou Patrick Kanner, refusent de changer d'avis alors que la Nupes a multiplié les appels au boycott.

Un dilemme cornélien pour les députés fans de foot. Malgré le boycott de la Coupe du monde par une partie de la gauche, la finale entre la France et l'Argentine pourrait changer la donne. Plusieurs figures de la gauche ont déjà annoncé qu'elles regarderaient le match dimanche soir prochain, loin des critiques sur les dérives environnementales et sociales du Qatar.

"J'espère assiste à une belle finale et qu'on la remporte. Hier, j'ai assisté à un superbe match", a expliqué tout sourire Fabien Roussel, le patron des communistes sur BFMTV ce jeudi.

Un match fédérateur et des députés qui aiment le ballon

Son porte-parole Ian Brossat sera également devant sa télévision dimanche. L'ancien candidat à la présidentielle tenait pourtant un tout autre discours avant le Mondial.

Il avait ainsi expliqué se "retrouver dans l'appel" au boycott de l’ancien footballeur Éric Cantona sur France info en septembre dernier, pointant notamment du doigt les 6500 ouvriers morts sur les chantiers qataris pour préparer la Coupe du monde.

Difficile pour les élus de se passer du soutien à un évènement fédérateur alors que plus de 20 millions de Français ont regardé la demi-finale ce mercredi. Les députés sont également à l'image du pays: grands amateurs de football pour nombre d'entre eux. Le Palais-Bourbon compte ainsi depuis plusieurs décennies une équipe de football, secouée à la rentrée dernière par des députés qui ne souhaitaient pas jouer avec des membres du Rassemblement national.

"Ne pas vouloir en dégoûter les autres"

Sur les bancs de La France insoumise, le boycott divise. Si certains ne regarderont pas l'évènement à l'instar des députés Hadrien Clouet et Ugo Bernalicis - qui nous confie cependant "ne pas vouloir en dégoûter les autres -, d'autres encourageront bien les Bleus comme Éric Coquerel, le président de la Commission des finances, David Guiraud ou Christophe Bex.

Alexis Corbière, l'un des piliers du mouvement, avait pourtant interpellé Élisabeth Borne fin novembre sur "le triple scandale" de la Coupe du monde, dénonçant notamment le "scandale écologique, avec les stades climatisés à ciel ouvert et le va-et-vient incessant des avions pour transporter les supporters". Sollicité sur son intention de regarder -ou non- la finale, il n'a pas répondu à nos questions.

Plus de 160 vols circulent chaque jour tout le long de la compétition pour acheminer les supporters qui séjournent hors du Qatar lors du Mondial.

"On n'est pas forcément tous cohérent mais au moins, on a une chance : le match n'a pas lieu pendant des débats à l'Assemblée. Là, on peut le faire en privé chez nous. Ça reste plutôt discret comme changement de pied", sourit un cadre de La France insoumise.

"Un boycott institutionnel, pas collectif"

Sur les bancs des socialistes, les coeurs hésitent tout autant alors qu'Olivier Faure avait tenu des mots très durs contre le Qatar à l'été dernier, dénonçant lors des universités d'été que sous "chaque pelouse" de stade, "il y avait un cimetière": "celui des travailleurs forcés".

Certains, comme le patron des sénateurs socialistes Patrick Kanner, comptent respecter leurs engagements.

"Je n'ai pas regardé un seul match et je m'y tiendrai jusqu'au bout. On ne peut pas légitimer un pays qui a des pratiques aussi scandaleuses. L'argent ne peut pas tout justifier", tance ainsi l'ex-ministre des Sports de François Hollande.

De son côté, le député PS Arthur Delaporte regardera bien le match. "On a appelé collectivement au boycott institutionnel, pas individuel. On peut avoir un positionnement politique tout en prenant du plaisir avec la Coupe", assure le porte-parole du groupe à l'Assemblée.

Macron "assume"

Et de pointer du doigt la présence d'Emmanuel Macron ce mercredi soir pour la demi-finale, tout comme dimanche prochain en plein scandale de corruption. Quatre personnes ont été inculpées et écrouées dimanche dernier pour "corruption" en faveur du Qatar. Parmi elles, la vice-présidente de l'institution, démise de ses fonctions. "J'assume totalement ma présence", a répondu de son côté le locataire de l'Élysée.

Marie-Pierre Bourgeois