BFMTV
La France Insoumise

Pour Bompard, Braun-Pivet est "une sorte de bon petit soldat qui applique les consignes" de Macron

Le coordinateur national de La France insoumise dénonce la décision prise la veille par la présidente de l'Assemblée nationale. Elle a déclaré irrecevables les amendements consistant à réintroduire les mesures d'abrogation de la retraite à 64 ans dans la proposition de loi Liot, examinée ce jeudi dans l'hémicycle.

"Franchement, ça fait longtemps que je n'avais pas vu une comédie d'une aussi mauvaise facture". La déclaration est de Manuel Bompard. Invité de BFMTV-RMC ce jeudi, le coordinateur national de La France insoumise est revenu sur les propos de celle qui occupait sa place sur notre plateau la veille, Yaël Braun-Pivet, présidente de l'Assemblée nationale.

Cette dernière a douché les espoirs des opposants à la réforme des retraites. Ils misaient sur une proposition de loi Liot, examinée ce jeudi à l'Assemblée nationale et visant à abroger le report de l'âge légal de départ à 64 ans.

Craignant un revers majeur, les macronistes ont d'abord supprimé la disposition en commission la semaine passée, avec l'aide de députés LR. En réponse, les oppositions ont déposé des amendements pour réintroduire cette mesure, comprise dans l'article 1 du texte.

"Mauvaise plaisanterie"

Niet pour Yaël-Braun-Pivet qui leur a adressé une fin de non-recevoir ce mercredi.

"Sur ces amendements de rétablissement de l'article 1, je suis très claire: ils seront déclarés irrecevables par moi-même dans la journée", a avancé la patronne du Palais Bourbon.

Tout en se prévalant d'appliquer la loi, en vertu de l'article 40 de la Constitution, qui précise que les propositions et amendements des parlementaires ne sont pas recevables s'ils entraînent une diminution des recettes ou un alourdissement des charges publiques. Aux yeux des macronistes, se priver de la mesure d'âge reviendrait à créer un déficit de "15 milliards d'euros en 2030".

"C'est une mauvaise plaisanterie", répond Manuel Bompard. "On a le droit dans ce pays, nous les députés, de voter pour savoir si la majorité des députés sont favorables ou pas à l'aborgation de la retraite à 64 ans".

La justification constitutionnelle ne convainc pas le député des Bouches-du-Rhône:

"Ce n'est pas vrai que madame Braun-Pivet respecte le droit, la Constitution et les règles".

"Bon petit soldat" d'Emmanuel Macron

Par ailleurs, "madame Braun-Pivet, qui préside le bureau de l'Assemblée nationale, a accepté le dépôt de cette proposition de loi, donc sa recevabilité, à la fin du mois d'avril", rappelle le parlementaire LFI.

"Depuis, elle a changé d'avis", soutient-il, jugeant que ce revirement s'expliquerait par la "pression" mise par le président de la République Emmanuel Macron. Manuel Bompard insiste et charge lourdement la députée des Yvelines: "En prenant cette décision, madame Braun Praun-Pivet n'est plus présidente de l'Assemblée nationale, elle est une sorte de bon petit soldat qui applique à la lettre les consignes du président de la République."

"C'est extrêmement grave", poursuit l'insoumis qui souligne l'importance du "principe de la séparation des pouvoirs". "Ca veut dire que le pouvoir législatif n'est pas sous la coupe du pouvoir exécutif".

Pour la suite, "on ne lâchera jamais l'affaire" promet Manuel Bompard. Et d'assurer que "tôt ou tard, la réforme sur la retraite à 64 ans sera abrogée".  Lors de "notre prochaine niche parlementaire", on "redéposera une proposition de loi d'abrogation s'il le faut", précise-t-il.

Avant cela, il y aura une motion de censure, annoncée la veille par sa collègue et présidente du groupe parlementaire LFI, Mathilde Panot.

Baptiste Farge