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Nupes: Jean-Luc Mélenchon estime que "le point de non-retour est franchi"

Jean-Luc Mélenchon, le 15 mars 2023, à Chevilly-Larue

Jean-Luc Mélenchon, le 15 mars 2023, à Chevilly-Larue - EMMANUEL DUNAND / AFP

Dans une note de blog, le leader insoumis cogne sur ses partenaires de la Nupes et semble acter encore un peu plus la fin de cette coalition.

Une preuve de plus que l'alliance des gauches vit ses dernières heures? Dans une note de blog au vitriol intitulée "Tuer le père", Jean-Luc Mélenchon semble acter une nouvelle fois la fin de la Nupes. "Il est devenu clair que le point de non-retour est franchi", écrit le leader de La France insoumise, quelques jours après avoir estimé qu'Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, "rompt" cette coalition née des dernières élections législatives.

L'insoumis tire une conclusion limpide de sa propre analyse. "Les bases LFI savent donc qu’elles doivent se passer des députés qu’elles ont élus il y a un an", juge-t-il, avant de se projeter dans d'éventuelles futures élections: "La menace de dissolution (de l'Assemblée nationale, NDLR) se précisant avec l’approfondissement de la crise politique, je recommande que le terrain soit occupé dès à présent sans pause autour de nos porte-paroles locaux".

"Prétexte"

Dans cette séquence, chacun se renvoie la balle à gauche. Aucun ne souhaite avoir la responsabilité de mettre fin à une alliance réclamée par les électeurs. Évidemment, Jean-Luc Mélenchon ne fait pas exception. Revenant sur la guerre entre le Hamas et Israël - qui a cristallisé les tensions à gauche - le triple candidat à la présidentielle dénonce le "saut dans le vide" de ses partenaires et les accuse de chercher à "rompre la coalition".

Chacun en prend pour son grade. Les socialistes, d'abord. Soit ceux qui, à gauche, ont condamné le plus sévèrement la position de Jean-Luc Mélenchon sur la guerre au Proche-Orient, taclant plus généralement sa "méthode", avant de voter en conseil national un "moratoire" sur leur participation aux travaux de la Nupes, en attente d'une "clarification" des insoumis.

"Ce n'est pas vraiment une surprise", commente Jean-Luc Mélenchon, voyant en cette prise de distance un "prétexte choisi pour annoncer leur rupture". "Ce parti n'a plus de tête, mais son alignement atlantiste est connu de longue main", cogne-t-il, tout en imputant au PS une "ligne" en "soutien inconditionnel au gouvernement d'Israël".

"Vrai événement imprévu"

Les écologistes et les communistes ont eux aussi réprouvé le discours de La France insoumise, qui refuse de qualifier le Hamas d'organisation "terroriste", mais condamne des crimes de guerre au nom du "droit international". Pour autant, Jean-Luc Mélenchon distingue ces réactions de celles des socialistes, estimant qu'il s'agit d'un "tournant" et d'un vrai événement, imprévu par nous".

"Compte tenu du passé très attentif à la cause palestinienne de ces organisations, on s’attendait à autre chose de moins frontalement aligné sur ce sujet au moment du pire massacre de masse dans la région", tance le tribun de 71 ans.

Les coups pleuvent. Fabien Roussel? Le secrétaire national du PCF "met 6 heures à balbutier un vague soutien aux Palestiniens", estime Jean-Luc Mélenchon. Et Marine Tondelier? La patronne des écologistes "récuse les manifestations de soutien à la Palestine", accuse-t-il encore.

"Il s'agit de m'éliminer"

Avant même la décision des socialistes, les communistes avaient pris leurs distances avec la Nupes, appelant à "une nouvelle étape pour la gauche", face à une "impasse", sans aller toutefois jusqu'à suspendre leur participation à l'intergroupe. Quant aux écologistes, ils avaient appelé à une "assemblée des 151 députés" de l'alliance pour tenter de dépasser le plus rapidement les désaccords.

Jean-Luc Mélenchon ne garde pas toutes ses flèches pour les autres partis de gauche. Il en réserve également une pour l'insoumise Raquel Garrido, qui ne l'a aucunement ménagé dernièrement. D'autres, rangés comme elle parmis les "frondeurs" (François Ruffin, Clémentine Autain, Alexis Corbière) de LFI ont pris des distances avec la direction du mouvement, que ce soit sur la position concernant la guerre entre le Hamas et Israël ou la polémique déclenchée par Danièle Obono à ce sujet. Sans toutefois aller dans la critique frontale de Jean-Luc Mélenchon comme Raquel Garrido.

Le leader de LFI place cette "ex-chroniqueuse" aux côtés d'Olivier Faure et les accuse de vouloir le désigner comme "cause de tous les problèmes", en reprenant une ligne qui serait édictée, selon lui, par un ensemble hétéroclite: "Le Monde, les chroniqueurs de TPMP, CNews et quelques autres".

Pour Jean-Luc Mélenchon, les turbulences que traversent la gauche auraient un objectif bien précis. "Il s'agit de m'éliminer", avance l'ex-ministre délégué à l'Enseignement professionnel. "Si je ne me fais pas tuer en route par la folie de quelqu’un qui aura pris au sérieux toutes ces divagations, j’en dirai bientôt davantage ici et en conférence pour tirer les leçons de tout cela pour la suite", promet-il.

Baptiste Farge