Marche pour Adama Traoré: malgré son interdiction, des députés LFI iront au rassemblement à Paris

Une dizaine d'élus de La France insoumise (LFI) ont affirmé qu'ils se rendraient bien place de la République, à Paris, au rassemblement en hommage à Adama Traoré, mort en 2016 peu de temps après son arrestation par des gendarmes.

Après une première interdiction dans le Val-d'Oise vendredi, la marche pour Adama Traoré prévue ce samedi après-midi à Paris a également été interdite, la préfecture évoquant un contexte "sensible" après les émeutes liées à la mort de Nahel, tué par un tir de la police lors d'un contrôle routier.

Une dizaines d'élus de La France insoumise (LFI) se sont malgré tout rendus sur place, selon un décompte de l'Agence France-Presse (AFP), comme la cheffe du groupe à l'Assemblée Mathilde Panot.

Plus tôt dans la journée, le député de l'Essonne Antoine Léaument avait confirmé sa participation par un tweet, après son passage sur BFMTV ce samedi matin.

"Ces marches se sont toujours déroulées dans le calme, les organisateurs n'ont jamais posé de problème, c'est justement le fait de l'interdire qui fait qu'il peut y avoir des tensions", a-t-il expliqué sur notre plateau.

"On leur dit quoi aux gens? Il n'y a plus de solutions démocratiques? Est-ce que ça appelle au calme d'interdire une manifestation pacifique? J'ai vraiment du mal à comprendre le moment auquel on arrive dans notre pays", a-t-il poursuivi, avant de conclure: "La manifestation est une expression démocratique et pacifique des opinions."

"Macron fait pire que Trump"

Danielle Simonnet, députée de Paris, a également annoncé, sur BFMTV, avoir l'intention de se rendre au rassemblement. "Quand il y a eu le décès de George Floyd, tué par la police aux États-Unis, il y a des manifestations autorisées et des débordements à déplorer", a-t-elle évoqué.

"Donc Emmanuel Macron est en train de faire pire que Donald Trump", a-t-elle poursuivi.

Avant de poursuivre: "Dans le pays des droits de l'homme, de la révolution française, le président ne respecte pas le droit constitutionnel à manifester, notre liberté fondamentale."

Selon elle, le rassemblement devait être "pacifique" et s'est déroulé "pendant plusieurs années" de la sorte à Beaumont-sur-Oise (Val-d'Oise), "sans aucun incident". Pour elle, il s'agit donc d'"une véritable provocation".

Un droit "protégé de manière constitutionnelle"

Manon Aubry, invitée de BFMTV, n'a de son côté pas indiqué si elle se rendra au rassemblement mais s'est interrogée: "Dans un état de droit, le droit de manifester est protégé de manière constitutionnelle. Si on interdit une expression démocratique, pacifiste, c'est quoi l'étape suivante? Dissoudre toutes les organisations qui appelaient à ce rassemblement?"

Adama Traoré avait 24 ans, lorsqu'il est mort dans la cour de la caserne de Persan en juillet 2016, peu de temps après son arrestation par des gendarmes. Un rassemblement en son hommage avait jusqu'ici lieu tous les ans dans le Val-d'Oise.

Mais cette année, la préfecture a décidé d'annuler la marche, avançant un "contexte de tensions particulièrement violentes" depuis la mort de Nahel, tué à Nanterre par un tir de la police.

La sœur d'Adama Traoré a annoncé, ce samedi en début d'après-midi, dans une publication sur Instagram, qu'elle serait, elle aussi, présente place de la République à Paris, malgré l'interdiction de manifester prononcée par la préfecture de police.

Clément Boutin Journaliste BFMTV