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La France Insoumise

"Il en a peur, il lui est soumis": Jean-Luc Mélenchon estime que "le pouvoir ne contrôle plus la police"

Emmanuel Macron "a passé son temps à courir derrière la police", fustige le leader de La France insoumise. Il défend la stratégie de son parti en appelant une nouvelle fois à "la justice", alors qu'il lui est reproché de toutes parts de ne pas avoir appelé au calme lors des émeutes.

La meilleure défense, c'est l'attaque? Au moment où les insoumis sont sous le feu des critiques, y compris au sein de la Nupes, Jean-Luc Mélenchon contre-attaque dans une interview pour Mediapart. Le leader de La France insoumise défend la position prônée par les siens après la mort de Nahel et les émeutes qui s'en sont suivies, tout en tançant l'exécutif.

Si l'insoumis salue une "première réaction" "humaine" d'Emmanuel Macron, il déplore que le président se soit "arrêté là". "Il aurait pu appeler" la mère de Nahel, juge-t-il, "ou aller la voir, ce qui aurait été un geste extrêmement fort, pour montrer qu’il n’y avait pas de décrochage entre la population et les autorités."

"Au lieu de cela, il a passé son temps à courir derrière la police", fustige Jean-Luc Mélenchon, qui cite le communiqué signé vendredi dernier par les syndicats Alliance et Unsa Police.

"Nous sommes en danger"

Dans ce document, les deux organisations, qui totalisaient près de 50% des voix lors des dernières élections professionnelles, appellent au combat contre les "nuisibles" et évoquent une "horde de sauvages". Elles concluent leur texte ainsi: "Aujourd'hui, les policiers sont au combat car nous sommes en guerre. Demain, nous serons en résistance et le gouvernement devra en prendre conscience".

Pour Jean-Luc Mélenchon, ce communiqué est "en tout point inacceptable". "Or, nous n’avons pas entendu une seule critique", poursuit-il. "Je ne suis pas là pour polémiquer, ce ne sont pas mes mots", s'était contenté de répondre Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur, lors de son interview pour le 20 heures de TF1.

Ce type de réaction démontre "que nous sommes plus en danger que nous le pensions", selon le triple candidat à la présidentielle, qui précise: "Je parle là comme le représentant politique d’une partie de l’opinion des Français, qui se sent menacée par un pouvoir qui se comporte de cette manière face à la population des quartiers populaires." Et le tribun de tacler:

"Nous sommes en danger car le pouvoir ne contrôle plus la police. Il en a peur. Il lui est soumis."

"Notre rôle consiste à formuler une évaluation politique"

Comme depuis le début des événements, Jean-Luc Mélenchon plaide pour une issue politique. De par cette prise de position, "on en a déduit que je n'appelais pas au calme et cela nous a été reproché", regrette l'insoumis.

Et pour cause: les critiques viennent de toutes parts, y compris au sein de la Nupes où Olivier Faure et Fabien Roussel ont pris leurs distances publiquement. "Pourtant, nous intervenons sur notre terrain", se défend Jean-Luc Mélenchon.

"Nous ne sommes pas des sociologues ou des urbanistes. Notre rôle consiste à formuler une évaluation politique d’un problème politique pour lui apporter des réponses politiques."

Selon lui, Emmanuel Macron aurait dû "immédiatement suspendre" la loi de 2017 sur l'usage des armes à feu par les policiers, qu'il appelle "permis de tuer". "Mais comme son intention n’est pas de répondre aux problèmes qui sont ici posés, il en a inventé d’autres", estime le septuagénaire, qui parle d'une "tactique de diversion".

"Le calme, ça se construit"

Il revient ensuite sur les différentes déclarations du chef de l'État. L'appel à la responsabilité des parents? "Un propos insultant, qui manifeste son refus de prendre en compte leur situation sociale", juge l'ex-ministre socialiste. Et les "jeux vidéo" qui auraient "intoxiqué" certains jeunes?

"Une assertion digne du café du commerce", dénonce-t-il, soulignant qu'aucune étude n'"atteste d'un lien entre ces jeux et la violence".

"Au bout d'une semaine", "le président et son gouvernement n’ont toujours pas fait une seule proposition en rapport avec les événements, à part envoyer 45.000 hommes (pour le maintien de l'ordre, ndlr) dans le pays", pointe Jean-Luc Mélenchon. "Le calme ça se construit", répète-t-il une nouvelle fois, appelant à la "justice". "On ne peut pas marchander avec nos convictions", dit l'insoumis qui persiste et signe.

Baptiste Farge