La gauche divisée sur la question du drapeau européen sur les mairies

Des eurodéputés écologistes ont affiché leurs divergences avec l'insoumise Manon Aubry sur ce sujet qui fait l'objet d'une proposition de loi Renaissance, rappelant ainsi les différentes sensibilités de la gauche sur l'Europe, au moment où LFI pousse pour une liste commune aux élections européennes de 2024.

Un texte qui provoque quelques remous à gauche. Les eurodéputés Yannick Jadot et David Cormand (Europe Écologie- Les Verts) ont étalé leurs désaccords avec leur homologue Manon Aubry (La France insoumise) ce lundi sur la question du drapeau européen, à la veille de l'examen à l'Assemblée nationale d'une proposition de loi Renaissance visant à rendre obligatoire son pavoisement sur les mairies.

Invitée de France Info, Manon Aubry a estimé que ce texte est "cosmétique".

"Vous pouvez aller devant n'importe quelle mairie de France, vous verrez déjà un drapeau européen", s'est justifiée celle qui a porté la liste des insoumis aux dernières européennes.

"L'Europe fait partie de la solution"

Par ailleurs, ce symbole "renvoie aussi à une forfaiture démocratique quand on est Français", selon l'élue, qui a rappelé que ces derniers ont "voté massivement 'non' à 55%" concernant le référendum sur la Constitution européenne en 2005. Laquelle a finalement été reprise en partie et adoptée deux ans plus tard.

Le drapeau européen "renvoie surtout à la liberté" pour les "Géorgiens, les Ukrainiens", a répliqué l'eurodéputé écologiste David Cormand. "Pour les européens, surtout un 8 mai, il renvoie plutôt à la paix".

Et l'ex-patron d'EE-LV d'ajouter: "Ce n'est pas l'Union Européenne, mais les parlementaires français qui ont adopté le traité de Lisbonne... En quoi ce serait le drapeau européen le problème?"

"Non l'Europe n'est ni LE problème, ni une forfaiture", a abondé dans la foulée Yannick Jadot. "L’Europe fait partie de la solution. Et son drapeau en Europe et dans son voisinage un magnifique symbole de liberté, d’État de droit et de démocratie!"

Le texte rejeté en commission

Manon Aubry a défendu son positionnement, expliquant vouloir parler des "victoires" obtenues au Parlement européen comme sur le "devoir de vigilence des multinationales", tout en gardant un jugement critique sur les "accords de libre échange" de l'Union européenne.

Si l'insoumise a accusé les troupes présidentielles de "créer un débat" qui détourne les Français des "vrais sujets", force est de constater que cela a au moins un mérite pour la majorité: pointer les divisions de la gauche sur la question européenne au moment même où LFI pousse pour une liste commune avant les élections de 2024 et se heurte notamment au refus des écologistes.

Pour autant, la majorité est elle aussi divisée sur ce texte porté par le député Renaissance Mathieu Lefèvre. En attestent les réticences des députés Modem qui se sont abstenus lors du vote en commission la semaine dernière. Plus généralement, les débats avaient tourné court avec l'adoption d'amendements de suppression de l'article unique, qui avaient été déposés par La France Insoumise (LFI) et le Rassemblement national (RN).

Baptiste Farge