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Politique

La Fondation Abbé Pierre dénonce la politique du logement

Dans son rapport annuel, la Fondation Abbé Pierre estime inégalitaire l'actuelle politique du logement.

Dans son rapport annuel, la Fondation Abbé Pierre estime inégalitaire l'actuelle politique du logement. - -

« Une France de propriétaires, oui, mais qui en a les moyens ? ». Tel est en substance le message de la Fondation Abbé Pierre, qui dénonce dans son rapport annuel le caractère « inégalitaire » de l'actuelle politique du logement.

Dans un contexte de crise marqué par une montée de la précarité et la multiplication par deux des prix de l'immobilier en dix ans, inciter les Français à s'acheter un toit peut se révéler risqué, estime l'organisation. « La politique du "tout accession" apparaît des plus discutables car soumise aux mécanismes spéculatifs des marchés, inadaptée aux budgets des ménages modestes et peu compatible avec la réalité de l'accession à la propriété », peut-on lire dans le 16e rapport annuel de la Fondation Abbé Pierre.

« Le PTZ+ va coûter 480 millions d'euros à l'Etat »

Exemple donné d'une « politique budgétaire et financière qui prolonge les inégalités »: le nouveau prêt à taux zéro (PTZ+) proposé sans conditions de ressources, dont le gouvernement espère qu'il contribuera à faire passer le taux de propriétaires en France de 58% à 70%, la moyenne européenne. « Permettre aux 20% de Français les plus riches d'accéder à ce prêt va coûter 480 millions d'euros à l'Etat », a déploré devant la presse Patrick Doutreligne, délégué général de la Fondation.

« Il manque 900.000 logements en France »

Pour les héritiers de l'abbé Pierre, le logement, qui engloutit en moyenne plus d'un quart des revenus de chaque Français, doit être la priorité des candidats à l'élection présidentielle de 2012, qui se verront soumettre une charte préparée pour l'occasion. « On veut que les candidats et les partis politiques prennent le logement à la juste mesure des besoins des Français », dit Patrick Doutreligne. « Il manque 900.000 logements en France, il manque des places d'hébergement, et face à ces difficultés on a l'impression qu'on laisse faire le marché », dit-il. « Il faut une intervention publique forte qui soit orientée principalement vers les plus modestes et les catégories moyennes, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui ».

Obliger les communes à respecter la loi

L'urgence est d'autant plus grande que le nombre de Français au seuil de la pauvreté s'accroît en même temps que les inégalités: 10% des ménages les plus riches possèdent 46% du patrimoine, alors que les 50% les plus modestes se partagent 7%.
Au chapitre des propositions, l'organisation suggère de construire 500.000 nouveaux logements par an pour résorber le retard, la création d'une loi foncière et d'une loi de programmation sur cinq ans, une réforme de la fiscalité plus égalitaire et des mesures encourageant la mixité sociale. Elle juge utile d'obliger les communes de plus de 3.500 habitants à construire 25% de logements sociaux, contre 20% aujourd'hui.