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Politique

La fessée bientôt hors-la-loi ?

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Contrairement à de nombreux pays, en France, la fessée est toujours autorisée. Dominique Versini, défenseure des enfants, souhaite interdire tous les châtiments corporels dans l'éducation des enfants.

Même pas mal ! Si une petite fessée occasionnelle ne traumatise pas un enfant, des coups, des baffes ou tout autre geste violent, assenés quotidiennement, laissent souvent des traces. En France, les châtiments corporels - dont la fessée fait partie - ne sont pas interdits, contrairement à beaucoup d'autres pays. Il y a 5 ans, les Nations Unies demandaient expressément à la France de les « interdire au sein de la famille ». Et en juin 2008, 18 pays européens [la France n'en fait pas partie] ont signé l'appel du Conseil de l'Europe intitulé « Lève la main contre la fessée ! ».

« On peut s'imposer sans frapper »

Dominique Versini, défenseure des enfants, a présenté mercredi 4 février son rapport sur l'enfance, devant le Comité des droits de l'enfant des Nations Unies à Genève. Une visite préparatoire à l'audition de la France en mai prochain. Elle demande « une loi contre les châtiments corporels dans l'éducation, parce que la France n'a pas mis en place une véritable politique d'accompagnement des parents dans leur parentalité. A un moment où on ne cesse de reprocher aux jeunes leur violence et où on se pose tout un tas de questions sur la meilleure éducation à leur donner, je pense qu'il faut rejoindre le conseil de l'Europe, qui demande à tous d'aller vers une éducation sans violence : apprendre en tant que parent à avoir de l'autorité, sans forcément recourir à la violence. On peut s'imposer sans frapper. On va faire une loi sur la justice des mineurs... mais quel exemple peut-on donner à des jeunes à qui on reproche parfois d'utiliser la violence pour régler les problèmes, quand chez vous on règle le problème en vous cognant dessus ? »

« Sensibiliser les parents »

Et Dominique Versini de rappeler qu' « il y a des jeunes qui reçoivent, au-delà des fessées, de véritables coups, qui ont une éducation très traditionnelle, avec des manifestations de violence de la part des parents. J'ai été dans certaines régions, par exemple l'Océan Indien, l'Ile de la Réunion, à Mayotte, où les enfants ont encore une éducation extrêmement traditionnelle, avec l'utilisation de violences dans l'éducation de l'enfant. Mais il y en a aussi en métropole, tout près de nous ; ne nous voilons pas la face. Il faut mettre en place des campagnes de sensibilisation. En Suède, ils ont mis en place dans toutes les mairies, des groupes de parents, permettant à ceux-ci d'apprendre à gérer leur autorité. Parce que c'est vrai que parfois, à bout de nerfs, certains parents lancent une claque, c'est spontané, ce n'est pas un phénomène de violence. Mais quand ce sont des coups tous les jours, ça a vraiment des conséquences graves sur l'enfant. »

La rédaction