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La droite réclame la fin de "Nuit debout", le gouvernement embarrassé

De nombreuses personnalités de l'opposition veulent que le gouvernement prenne des mesures pour mettre fin à l'occupation de la place de la République par le mouvement "Nuit debout" et aux manifestations contre la loi travail. Mais le gouvernement craint de heurter la gauche de la gauche.

Après les violences en marge des manifestations de ce jeudi, de nombreuses personnalités de droite réclament l’interdiction des défilés et l’évacuation définitive de la place de la République occupée depuis le 31 mars par le mouvement "Nuit debout". L’ancien Premier ministre François Fillon demande "l’évacuation de la "Nuit debout" qui n’est pas compatible avec l’état d’urgence", comme le rappelle le site du Figaro. Référence gaullienne oblige, il ajoute: "Ça suffit, ce qui s’installe dans notre pays, ça s’appelle la chienlit!" 

"Une situation de quasi insurrection"

Certains vont plus loin et dépassent la simple critique du mouvement pour exiger du gouvernement qu'il se montre inflexible face aux cortèges de manifestants eux-mêmes. C’est le cas d’Eric Ciotti, chargé des questions de sécurité au parti "Les Républicains", qui déclare:

"Je demande très clairement l'interdiction des manifestations, l'interdiction de Nuit debout sur la place de la République, avec une évacuation de la place de la République à Paris. Et je demande également des sanctions les plus fermes possibles contre les casseurs, contre ceux qui hier ont blessé plusieurs dizaines de policiers".

Toujours chez Les Républicains, Philippe Goujon, élu dans le XVe arrondissement de Paris, prend appui sur les coûts du nettoyage quotidien de la place de la République pour tancer Anne Hidalgo, la maire socialiste de Paris qu’il estime "sous la coupe de sa majorité composée d’extrémistes qui sont en communion avec ce mouvement". Lui aussi souhaite que le rassemblement soit prohibé par les autorités, comme il l’a expliqué sur les ondes de France Bleu 107.1:

"Voilà trop longtemps que cela dure, les Parisiens sont dans une situation de quasi insurrection, ils subissent des violences, des dégradations et le gouvernement ne réagit pas ou pas suffisamment. Il faut que le gouvernement interdise les "Nuit debout". Il faut que l'Etat prenne ses responsabilités."

Le maire de Nice, Christian Estrosi, a quant à lui publié un tweet allant dans le même sens.

La majorité balance entre fermeté...

Pendant ce temps-là, la majorité semble de plus en plus embarrassée. Il y a quinze jours déjà, Anne Hidalgo avait désavoué Colombe Brossel, son adjointe chargée de la sécurité, qui indiquait que la municipalité s’apprêtait à porter plainte contre X pour les dégradations constatées place de la République.

Après les événements du 28 avril, le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve a encouragé les organisateurs des manifestations récentes à condamner avec la même fermeté que lui les violences. Visiblement, le ministère estime que leur responsabilité est engagée. C'est ce que souligne une réaction venue de la place Beauvau, citée par Le Parisien: "Voir des casseurs en début de cortège voulant en découdre sans même attendre la fin des défilés est plutôt inhabituel".

Cependant, il n’est pas question jusqu'ici de s’opposer aux manifestations. Les premiers mots du chef de gouvernement, Manuel Valls, après les débordements, insistaient sur le caractère minoritaire de ceux-ci.

...et ménagement pour raison politique

La proximité de l’élection présidentielle et du scrutin législatif dans un an y sont pour beaucoup dans la valse-hésitation du gouvernement. Si l’ordre public est bien entendu la priorité de celui-ci en ces temps marqués par l’état d’urgence, il faut bien ménager son camp pour éviter (autant que faire se peut) un éventuel retour de bâton en 2017.

C’est par cette volonté de ne pas s’aliéner encore un peu plus les jeunes, les syndicats, les frondeurs et la gauche de la gauche que Thierry Arnaud explique la réserve du gouvernement au sujet de la conduite à tenir face à la contestation actuelle. Le journaliste politique de BFMTV assure également que l’exécutif désire démontrer que l’état d’urgence est compatible avec le maintien du droit de se rassembler et de manifester. Pour le moment, François Hollande a refusé de taper du poing sur la table face au mouvement.

R.V