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Politique

L'UMP s'organise en courants au risque de la division

Le collectif de "La Droite populaire" a ouvert mercredi le bal des courants à l'UMP en déposant une déclaration de principe en vue du congrès de novembre. /Photo prise le 26 mai 2012/REUTERS/Regis Duvignau

Le collectif de "La Droite populaire" a ouvert mercredi le bal des courants à l'UMP en déposant une déclaration de principe en vue du congrès de novembre. /Photo prise le 26 mai 2012/REUTERS/Regis Duvignau - -

PARIS (Reuters) - Le collectif de "La Droite populaire" a ouvert mercredi le bal des courants à l'UMP en déposant une déclaration de principe en...

PARIS (Reuters) - Le collectif de "La Droite populaire" a ouvert mercredi le bal des courants à l'UMP en déposant une déclaration de principe en vue du congrès de novembre, une mini-révolution pour le parti de droite où plusieurs responsables craignent que la bataille des chefs n'occulte "la bataille des idées".

C'est Jean-François Copé qui, dès le 3 mai, avait annoncé dans Le Figaro sa volonté de "permettre aux différentes sensibilités de pouvoir s'exprimer plus fortement en créant des mouvements au sein de l'UMP".

Le secrétaire général de l'UMP anticipait ainsi les soubresauts de la défaite et coupait l'herbe sous le pied de son rival François Fillon, désormais candidat du "rassemblement" pour la présidence du parti.

"Le pire, pour nous tous, serait un retour à une droite divisée comme du temps du RPR et de l'UDF", expliquait-il, tentant notamment de prévenir une forte diaspora centriste.

Ce dispositif, dont les dirigeants de l'UMP assurent qu'il diffère des courants du Parti socialiste, est prévu dans les statuts de la "cathédrale" fondée en 2002 pour unifier la droite mais tous les prédécesseurs de Jean-François Copé (Alain Juppé, Nicolas Sarkozy, Patrick Devedjian, Xavier Bertrand) s'y étaient refusé de crainte de multiplier les "chapelles".

"Les courants servent à traduire la diversité, pas la division", explique Jean-François Copé au coeur du débat sur la ligne politique de l'UMP. "Ce sera très distinct du PS, qui raisonne essentiellement en écuries de personnes, alors que les mouvements seront d'abord des lieux d'idées", précisait-il dans L'Express en juin.

Autre différence, selon le secrétaire général de l'UMP : "Les militants ne devront pas forcément adhérer à un mouvement, alors qu'au PS, c'est obligatoire, c'est complètement corseté".

Selon les statuts de l'UMP, un mouvement, pour être reconnu en tant que tel, "doit présenter au congrès une déclaration de principe qui définit ses orientations politiques. Cette déclaration de principe est soumise au vote du congrès après débat".

Le congrès de l'UMP pour l'élection de la future équipe dirigeante est fixé à novembre. Un second tour est prévu le 25 novembre si aucune liste n'obtient la majorité des suffrages exprimés.

DE "LA DROITE POPULAIRE" À "LA FRANCE DROITE"

Un mouvement est constitué dès lors que sa déclaration de principe est parrainée par au moins dix parlementaires UMP représentant au moins dix fédérations départementales et a recueilli au moins 10% des suffrages au congrès. Il peut soumettre au vote une motion politique lors du congrès.

Les activistes de "La Droite populaire", à l'aile droite du parti, n'ont pas failli à leur réputation en se lançant les premiers, mais l'initiative répond aussi à leur volonté d'attirer de nouveaux membres après l'hécatombe des élections législatives, où, de 43, leurs effectifs sont passés à 19.

Le sénateur de l'Oise Philippe Marini, président de la commission des Finances du Sénat, et le jeune député du Nord Gérald Darmanin ont annoncé mercredi qu'il rejoignaient leurs rangs.

"Nous voulons représenter une opposition totale, sans complexe, sans concession", a souligné Thierry Mariani, l'un des fondateurs du collectif en juin 2010.

"Voter pour notre motion, c'est aussi avoir l'assurance qu'au sein de l'UMP il y a un courant qui s'assume clairement à droite, qui est fidèle à la campagne de Nicolas Sarkozy de 2007", a-t-il ajouté sur i-télé, récusant la controverse sur la "droitisation" du parti.

L'ex-ministre a précisé que son mouvement ne présenterait pas de candidat pour la présidence de l'UMP et que ses membres prendraient parti individuellement "pour tel ou tel candidat" - en clair François Fillon, candidat déclaré, ou Jean-François Copé, qui devrait se lancer fin août.

Pour faire contrepoids à "La Droite populaire", Nathalie Kosciusko-Morizet a l'intention de lancer son propre courant, "La France droite". L'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin devrait également structurer le courant centriste des "humanistes".

D'autres mouvements existent au sein du parti : "La Droite moderne", qui rassemble les libéraux sous la houlette d'Hervé Novelli, "La Droite sociale" de Laurent Wauquiez, soutien de François Fillon et "La Droite forte" qui réunit les fidèles de Nicolas Sarkozy sous l'impulsion de Brice Hortefeux.

Sophie Louet, édité par Yves Clarisse