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L'UMP prête à investir le Sénat

Dans l'hémicycle du Sénat, l'UMP qui devrait reprendre la présidence, pourrait en pour construire son projet d'alternance

Dans l'hémicycle du Sénat, l'UMP qui devrait reprendre la présidence, pourrait en pour construire son projet d'alternance - Jacques Demarthon - AFP

Donnée gagnante dimanche, l’opposition compte utiliser le Sénat pour influer sur la politique gouvernementale. Du moins, ralentir le vote de texte qu’ils pourront amender à loisir. Néanmoins, "la gauche sait gouverner avec un Sénat à droite", tempère le politologue Eddy Fougier.

Les pronostics sont unanimes sur les élections sénatoriales: la chambre haute va retourner dans les bras de l’opposition qui compte déjà plus de sénateurs que le PS. Pour Gérard Larcher, candidat UMP à la présidence, le Sénat est un "contre-pilier" à l’exécutif. Son concurrent principal au plateau Jean-Pierre Raffarin argue qu’il se fera le chantre de la "résistance", d’un "Sénat de combat" face à la politique prônée par François Hollande et par le gouvernement Valls II. L’UMP est prête au basculement et prépare ses forces en vue d’un troisième succès électoral après les municipales (les conseillers municipaux représentent 95% des grands électeurs aux sénatoriales) et les européennes.

"Le Sénat, s’il bascule effectivement, serait la seule institution dominée par la droite, il servira donc de chambre d’écho aux critiques contre le gouvernement et aux contre-propositions formulées, convient le politologue de l’Iris Eddy Fougier, contacté par BFMTV.com. A ce titre son importance pourrait s’avérer importante pour faire émerger un leader d’opposition", voire y peaufiner un projet d'alternance.

Pouvoir de nuisance limité

Mais dans les faits, le Sénat est-il le lieu propice à l’exercice d’un contre-pouvoir par l’opposition alors même que des textes majeurs de la majorité ont été retoqués dans un Sénat dit "à gauche"? Dernier exemple en date, une alliance des radicaux de gauche à l’UMP a permis de voter de contre la réforme territoriale, un projet majeur de la présidence Hollande.

Le pouvoir de nuisance du Sénat dans la mise en œuvre de la politique gouvernementale est limité puisque l’Assemblée nationale prend le dessus en cas de désaccord sur un texte de loi donné. "Des dispositions, comme les ordonnances, existent aussi même si elle ne serait pas perçues par les élus comme par l’opinion", rappelle Eddy Fougier.

Cela dit, il reste possible de ralentir l’examen des textes et d’utiliser toutes sortes de procédures pour alourdir les processus. Notamment dans les commissions où "les textes sont amendés et discutés" avant de passer dans l'hémicycle. "Elles sont aussi un enjeu important, notamment celle des Finances, dans une logique de contre-pouvoir mise en avant par l'UMP et l’opposition", explique le politologue.

La gauche habituée à un Sénat à droite

Malgré tout, "la gauche est habituée à gouverner avec un Sénat à droite. En 1981 cela n’a pas empêché François Mitterrand de faire voter les nationalisations ou encore Lionel Jospin de faire passer les 35 heures, détaille Eddy Fougier. De plus, le gouvernement actuel est aussi habitué à ‘cohabiter’ avec ses frondeurs à l’Assemblée nationale. Les risques sont surtout d’assister à des couacs supplémentaires mais, il ne faut pas s’attendre à un shutdown à l’américaine quand, en octobre 2013, le pays avait été contraint à l’arrêt en l'absence de vote sur le Budget 2014".