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Politique

L'UMP en quête d'une seconde naissance

Le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé. L'UMP, rejetée dans l'opposition pour la première fois depuis sa création en 2002, s'efforce d'engager sans heurts son "aggiornamento", une réflexion sur ses "valeurs" qui sera au coeur de la bataille po

Le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé. L'UMP, rejetée dans l'opposition pour la première fois depuis sa création en 2002, s'efforce d'engager sans heurts son "aggiornamento", une réflexion sur ses "valeurs" qui sera au coeur de la bataille po - -

par Sophie Louet PARIS (Reuters) - L'UMP, rejetée dans l'opposition pour la première fois depuis sa création en 2002, s'efforce d'engager sans...

par Sophie Louet

PARIS (Reuters) - L'UMP, rejetée dans l'opposition pour la première fois depuis sa création en 2002, s'efforce d'engager sans heurts son "aggiornamento", une réflexion sur ses "valeurs" qui sera au coeur de la bataille pour la présidence du parti en novembre.

L'échec patent de la "droitisation" et l'abandon contesté du "front républicain" anti-FN devraient être le point de départ d'une large réflexion programmatique, annoncée avant le second tour des élections législatives par Jean-François Copé.

L'idée n'est pas de s'écharper sur la stratégie du "ni ni" mais de "se dire les choses tranquillement" de "rassembler tout le monde, de la Droite populaire aux humanistes" sur une ligne politique commune, souligne le secrétaire général de l'UMP.

Les prétendants à la présidence du parti, Jean-François Copé et François Fillon en tête, se sont gardés de dégainer dimanche soir, mais combien de temps la paix armée prévaudra-t-elle?

"Ce serait inconséquent de se lancer dans des candidatures au lendemain d'une défaite. Le moment des candidatures viendra dans le courant du mois d'août", déclare Alain Juppé dans un entretien au Monde daté du 19 juin.

On prête à l'ancien Premier ministre l'ambition de prendre la direction du parti, afin de pacifier s'il en était besoin les prétendants à l'élection présidentielle de 2017 pour la primaire de 2016.

"IL FAUT TRACER UNE VOIE"

Pour l'heure, Alain Juppé, qui dirigea l'UMP de 2002 à 2004 avant de céder les rênes à Nicolas Sarkozy, juge nécessaire de "mettre au clair tout ce qui nous rassemble" avant même d'envisager l'épanouissement de courants à l'image du PS.

Un bureau politique prévu mercredi fixera le cadre et les échéances, notamment la convocation d'un congrès en novembre pour la désignation des président, secrétaire général et vice-président par les militants à jour de cotisation.

Alain Juppé estime que la charte des valeurs de l'UMP, qui date de 2002, doit être réactualisée. "Il y a un trouble dans notre électorat, mais notre rôle n'est pas de reproduire ce qui se dit sur les marchés, de suivre les tendances, il faut tracer une voie", explique-t-il.

Dans cette charte, l'UMP se donne notamment pour but de donner à la politique française un "souffle nouveau" et d'enrayer la montée de la "méfiance à l'égard de la politique". Son credo: "Ecouter les citoyens, agir avec eux et pour eux".

"Ce qu'il faut, c'est rebâtir une pensée politique à l'UMP qui permette à ce parti de s'appuyer sur ses deux cultures. Une culture de la droite républicaine autoritaire et une culture de la droite humaniste plus dialoguante", a affirmé lundi sur RMC Info et BFM TV Jean-Pierre Raffarin, qui insiste sur la refondation d'un centre-droit moribond.

Jean-François Copé propose de fonder le débat sur trois credo : "générosité" ("on a eu le tort de ne pas assez insister sur ce que nous avons fait pour préserver le modèle social"); "courage" ("dire la vérité aux gens sur ce qu'on doit faire, mener des réformes"); "fermeté" (il faudra ajouter une vision lucide et ouverte de ce qu'est l'Europe et le monde".

"Nous devons nous renouveler", a pour sa part déclaré François Fillon, sans préciser plus avant ses projets. L'ancien Premier ministre, qui s'attacher à tisser des liens avec les fédérations en vue de la campagne interne, a simplement averti qu'il contribuerait de "toutes es forces" au "combat pour la reconquête" face à une gauche hégémonique.

Les élections municipales, européennes et sénatoriales de 2014 sont le prochain curseur.

BAROIN, LE MAIRE, PÉCRESSE, NKM...?

De fait, malgré les appels à l'union, les successeurs putatifs de l'ex-président Nicolas Sarkozy se disputent déjà le rôle de chef de l'opposition dans la prochaine législature.

D'autres semblent prêts à se déclarer: ainsi l'ex-ministre de l'Economie François Baroin, qui a vivement critiqué la dérive droitière du parti, a dit lundi sur RTL qu'il n'excluait pas de briguer la présidence de l'UMP si ses idées n'étaient "pas reprises".

Bruno Le Maire pourrait lui aussi être sur les rangs. Il prône de "l'audace". "Nos idées doivent aller beaucoup, beaucoup, beaucoup plus loin", nous devons montrer que "nous n'avons pas les mêmes idées que le Front national".

"C'est toujours intéressant qu'il y ait plusieurs candidats. (...) Valérie Pécresse et Nathalie Kosciusko-Morizet... Ce serait bien aussi qu'elles se présentent", a commenté pour sa part sur Public Sénat la sénatrice UMP Chantal Jouanno.

L'aile libérale de l'UMP, qui a perdu son représentant emblématique Hervé Novelli, battu en Indre-et-Loire, a souhaité lundi qu'"une candidature émerge" en son sein.

Le premier acte de cette guerre de positions se jouera mercredi matin lors de l'élection du président du groupe UMP, poste influent au-delà du cadre parlementaire.

Le président sortant Christian Jacob, un proche de Jean-François Copé, est donné favori, mais l'ancien ministre du Travail Xavier Bertrand, qui s'est rallié à François Fillon, pourrait lui disputer la fonction. Jean Leonetti et Hervé Gaymard pourraient également se déclarer.

Avec Yann Le Guernigou, édité par Patrick Vignal