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Politique

L'UMP divisée sur le travail du dimanche

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A une semaine de l'examen du texte sur le repos dominical, le débat fait rage. Au sein même de l'UMP, les députés se renvoient arguments sur arguments. Explications.

Politiques, salariés, employeurs... la loi sur le travail dominical divise. Le vote est pourtant prévu pour le 11 décembre. Réunis hier pour trouver un terrain d'entente, les députés n'ont guère avancé. Réticent, le centre s'est abstenu. La gauche, combative, a dénoncé une proposition de loi visant à « rendre légal ce qui est aujourd'hui illégal, et promis une véritable « bataille » en séance publique contre un texte « extrêmement dangereux ».
Et dans le camp UMP, la gronde monte. Pour faire fléchir les députés récalcitrants, la commission a pourtant adopté plusieurs amendements. Ainsi, de façon à protéger le petit commerce de proximité, les magasins « alimentaires » ne pourront pas ouvrir le dimanche après-midi. Des amendements complémentaires garantissent par ailleurs « le caractère volontaire » du travail dominical, alors que le texte initial instaurait un « droit de refus ». Des avancées surtout symboliques, qui ne satisfont pas les députés UMP opposés à cette proposition de loi.

« Le dimanche : un rendez-vous social, familial »

Marc Le Fur, vice-président de l'Assemblée nationale et député UMP des Côtes-d'Armor, est l'un des initiateurs de cette fronde qui a vu une soixantaine de députés de la majorité publier deux tribunes contre la libéralisation du travail dominical. A une semaine du vote à l'Assemblée nationale, toujours farouchement opposé à cette proposition, il explique pourquoi il votera contre, si aucune modification n'est apportée au texte : « C'est un débat de société. Nous considérons que le dimanche est un rendez-vous social, à un moment où la vie associative, qui est très forte dans notre pays, devient encore plus intense ; un moment où les gens se retrouvent en famille. C'est cela qu'il faut examiner de près. »

« N'ouvrons pas la boîte de Pandore »

Conciliant, Marc Le Fur explique que lui et ses collègues réfractaires à cette proposition de loi pour le travail le dimanche restent ouverts à quelques concessions. Notamment pour « certaines zones touristiques ou pour les zones où de fait existe, de manière illégale mais depuis plus de 10, 20 ans une ouverture l'après-midi, nous considérons que là, peut-être, il faut confirmer le système ». Il met cependant en garde : « il ne faut pas, pour résoudre ces cas particuliers, ouvrir la boîte de Pandore et aller au-delà de ces situations très particulières que nous sommes prêts à admettre. »

La question religieuse ?

De son côté, Patrick Devedjian, le secrétaire général de l'UMP a rappelé hier que la République n'a « pas en prendre en considération » l'argument religieux dans ce débat sur le travail dominical. Une remarque à laquelle Marc Le Fur répond : « c'est une loi laïque, pas religieuse, que nous voulons préserver, puisqu'elle date de 1906, après la séparation de l'Eglise et de l'Etat. Il y a d'ailleurs des pays beaucoup plus religieux que le nôtre, comme les Etats-Unis et l'Italie, où l'on travaille le dimanche. C'est notre tradition laïque qui fait que le dimanche est un jour particulier en France. »

« Préserver les acquis de la tradition française »

Préférant ironiser, Patrick Devedjian a déclaré : « Si l'on prend le problème sur le plan religieux, les chrétiens ne travaillent pas le dimanche, les juifs le samedi et les musulmans le vendredi. Pourvu que les bouddhistes ne s'en mêlent pas ». Un sujet à propos duquel Marc Le Fur n'a pas envie de plaisanter : « En France, nous avons une tradition historique, avec des règles qui existent depuis toujours. Soit on remet tout en question, mais ça me paraît autrement plus grave. Soit on s'efforce de préserver ces acquis, en les améliorant, en les modifiant à la marge, pourquoi pas. »

Vers une issue dans le débat ?

Visiblement bien décidé à ne pas laisser passer cette « redéfinition de la règlementation du repos dominical », comme a été rebaptisée la proposition de loi, Marc Le Fur fait un pas en avant, tout en restant sceptique : « il est tout à fait possible qu'il y ait des évolutions. Je les attends, je les espère, mais pour le moment, je ne les vois pas venir. » A bon entendeur...

Juliette VINCENT