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L'opposition accuse nicolas sarkozy de dérive droitière

Nicolas Sarkozy et le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux à Grenoble. Le chef de l'Etat a établi un lien entre délinquance et immigration dans un discours destiné à conforter son camp, mais l'opposition l'accuse de dérive droitière. /Photo prise le 30

Nicolas Sarkozy et le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux à Grenoble. Le chef de l'Etat a établi un lien entre délinquance et immigration dans un discours destiné à conforter son camp, mais l'opposition l'accuse de dérive droitière. /Photo prise le 30 - -

PARIS (Reuters) - Nicolas Sarkozy a établi un lien entre délinquance et immigration dans un discours destiné à conforter son camp, vendredi à...

PARIS (Reuters) - Nicolas Sarkozy a établi un lien entre délinquance et immigration dans un discours destiné à conforter son camp, vendredi à Grenoble, mais l'opposition l'accuse de dérive droitière.

Le chef de l'Etat a notamment menacé de déchoir de la nationalité française toute personne d'origine étrangère qui porterait atteinte à la vie d'un policier, d'un gendarme ou de tout autre représentant de l'autorité publique.

Les partis de gauche l'accusent de s'attaquer au principe d'égalité devant la loi pour essayer de reconquérir l'électorat du Front national qui l'avait rejoint en 2007 et qui semble aujourd'hui se tourner vers Marine Le Pen, probable candidate du FN à la présidentielle de 2012.

Pour Jean-Jacques Urvoas, secrétaire national du Parti socialiste, chargé des questions de sécurité, Nicolas Sarkozy fait ainsi "ce que personne dans l'arc républicain n'a jamais osé faire".

"Jusqu'à présent, ce discours était l'apanage de l'extrême droite", ajoute-t-il dans le Journal du dimanche, paru samedi.

Benoît Hamon, porte-parole du PS, considère que la menace de déchéance de la nationalité française "est en contradiction la plus absolue avec le principe d'égalité entre les Français."

"Il n'y a pas de différence à faire entre un Français de souche et quelqu'un qui aurait acquis la citoyenneté plus récemment", avait-il dit vendredi à Reuters.

Ségolène Royal, ex-candidate socialiste à la présidentielle, a de son côté qualifié l'intervention de Nicolas Sarkozy de "nouvelle étape dangereuse et indigne, dans une surenchère populiste et xénophobe".

"DISCOURS DE TARTUFFE"

Les critiques des associations de défense des droits de l'homme, qui font état d'une "stratégie de la tension" et d'une xénophobie affichée destinée à reconquérir un électorat perdu, sont tout aussi virulentes que celles de la gauche.

"Ce qui est en cause, ce n'est pas le débat légitime en démocratie sur la manière d'assurer la sécurité républicaine, c'est l'expression d'une xénophobie avérée", a dit la Ligue des Droits de l'Homme (LDH) dans un communiqué.

"En se livrant, à quelques jours d'intervalle, à un discours discriminatoire contre les gens du voyage et les citoyens européens que sont les Roms, puis en recherchant chez les étrangers et les personnes d'origine étrangère les causes de l'insécurité, Nicolas Sarkozy est en train de menacer les fondements mêmes de la République", ajoute-t-elle.

Le Mouvement contre la racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap) dénonce "des annonces démagogiques, contraires aux droits de l'homme, et inefficaces". "Une fois de plus, Nicolas Sarkozy s'aligne sur les thèses du Front national", déplore-t-il.

Le Front national estime pour sa part que les propos de Nicolas Sarkozy ne sont que de vaines paroles.

"Avec M. Sarkozy, ce sont toujours des mots, des mots, toujours des mots. Il ferait mieux de rétablir la double peine qu'il a supprimée et qui permettait d'évacuer hors de France les gens qui ont été condamnés par les tribunaux", a déclaré Jean-Marie Le Pen, président du Front national, sur LCI.

"Ce qui justifie notre mécontentement et celui d'un nombre croissant, c'est qu'au-delà des paroles, il n'y a pas d'actes", a renchéri Bruno Gollnisch, vice-président du FN.

Pour le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan, le "discours de Tartuffe" de Nicolas Sarkozy contredit totalement ses actes et pourrait être "grave de démagogie s'il n'était pas ridicule de bêtise".

Dans un communiqué, l'UMP dit ne pas voir matière à polémique, invoquant les résultats - contestés par la gauche qui parle d'échec contre l'insécurité - du gouvernement dans la lutte contre les violences urbaines.

"Loin de toute polémique, l'UMP tient à souligner que jamais un gouvernement n'a obtenu d'aussi bons résultats en matière de lutte contre la délinquance. (...) Depuis 2002, les indicateurs sont tous à la baisse", déclare-t-il.

Gérard Bon, édité par Marine Pennetier