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L'opposition à la réforme des retraites se radicalise

Manifestation à Bordeaux. L'opposition à la réforme des retraites est entrée dans une phase de radicalisation pour tenter de faire plier le gouvernement par le biais de manifestations de masse et de grèves reconductibles. /Photo prise le 12 octobre 2010/R

Manifestation à Bordeaux. L'opposition à la réforme des retraites est entrée dans une phase de radicalisation pour tenter de faire plier le gouvernement par le biais de manifestations de masse et de grèves reconductibles. /Photo prise le 12 octobre 2010/R - -

L'opposition à la réforme des retraites en France est entrée ce mardi dans une phase de radicalisation pour tenter de faire plier le gouvernement par le biais de manifestations de masse et de grèves reconductibles.

Le gouvernement parle d'une mobilisation en hausse à la mi-journée, avec environ 500.000 manifestants, contre 380.000 à la même heure le 2 octobre, selon le ministère de l'Intérieur.

Les syndicats évoquent un nombre de manifestants plus important que lors de toutes les précédentes journées d'action, qui avaient réuni selon eux jusqu'à trois millions de personnes.

L'exécutif a tenté de couper l'herbe sous les pieds des centrales syndicales en faisant adopter au Sénat les principales mesures de son projet de loi avant cette nouvelle journée de mobilisation qui sera rééditée samedi dans toute la France.

Après les députés, les sénateurs ont adopté lundi soir le report de 65 à 67 ans de l'âge pour une retraite à taux plein, avec quelques concessions pour les parents de familles nombreuses. Le report de 60 à 62 ans de l'âge légal de départ à la retraite avait déjà été adopté par les deux assemblées.

La stratégie du gouvernement est claire: le coeur de la réforme adopté par la représentation nationale, la contestation n'a plus de raison d'être et le mouvement devrait s'étioler.

"On a été au bout de ce qui est possible", a ainsi déclaré le Premier ministre François Fillon devant les députés UMP, cité par un participant à la réunion.

Mais les syndicats estiment que rien n'est joué alors que six Français sur dix, selon deux sondages CSA et BVA, sont favorables à une montée en puissance des actions, qui prennent la forme de grèves reconductibles dans certains secteurs stratégiques, comme l'énergie, les ports ou les transports.

"NOUS ALLONS CONTINUER", DIT THIBAULT

Avant même le départ des principaux cortèges, les dirigeants syndicaux ont estimé avoir réussi leur pari.

"Ce qui est sûr, c'est que la tendance est à des manifestations plus importantes que toutes les journées précédentes", a déclaré dans le cortège parisien le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault.

"Nous allons continuer, la mobilisation ne va pas s'arrêter au motif que les sénateurs ont voté", a-t-il ajouté.

Son homologue de la CFDT, François Chérèque, qui fait porter la responsabilité de la radicalisation sur un gouvernement qui serait sourd à la contestation, s'est aussi dit optimiste.

"Les chiffres sont tous en augmentation, sauf cas isolés", a-t-il dit en rejetant l'argument du ministère de l'Intérieur, selon lequel la hausse serait surtout due à la présence plus nombreuse de lycéens dans les cortèges.

"Il y a les jeunes qui sont plus nombreux mais cela ne suffit pas à expliquer l'augmentation du nombre de manifestants", a-t-il expliqué en estimant que de nombreux salariés du secteur privé s'étaient joints aux cortèges.

Jean-Claude Mailly, le secrétaire général de Force ouvrière, a fait allusion à ce qui s'était passé en 2006 avec le contrat première embauche (CPE), retiré par le gouvernement alors qu'il avait pourtant été adopté par le Parlement.

Si les lycéens étaient en nombre dans la rue, le blocage des lycées s'est déroulé sur un mode mineur.

LE TEST DES GRÈVES RECONDUCTIBLES

Le ministère de l'Education nationale a annoncé que près de 360 lycées sur 4.302 avaient été touchés à des degrés divers par le mouvement national de contestation, des chiffres qui n'ont pas été contestés par les syndicats lycéens.

C'est sur le front des grèves que la radicalisation sera mesurée avec le plus de précision puisque, contrairement aux journées précédentes, le mouvement est reconductible.

La journée de mercredi sera donc un test de la capacité de mobilisation de la base la plus radicale.

Dans les transports, les sept fédérations de cheminots ont entériné le principe d'une grève reconductible et des perturbations importantes avaient lieu à la SNCF de même que dans les transports urbains, notamment à Paris.

Le taux de grévistes annoncé par la direction de la SNCF est de 40,4%, en hausse de 3,3 points par rapport au 23 septembre.

Le trafic aérien était lui aussi perturbé, dans une mesure similaire à celle des journées précédentes de grève, avec par exemple une réduction de 50% des vols à l'aéroport d'Orly et de 30% à Roissy-Charles de Gaulle.

Dans l'énergie, la CGT a déposé un préavis de grève illimitée dans les secteurs du gaz et de l'électricité qui pourrait engendrer des débrayages chez EDF et GDF Suez, des baisses de charges et des coupures ciblées.

Les salariés de huit des douze raffineries françaises sont en grève et des pénuries locales pourraient intervenir.

Service France, édité par Yves Clarisse