BFMTV
Politique

L'ombre de Nicolas Sarkozy sur la bataille pour l'UMP

Selon des politologues, Nicolas Sarkozy continue d'incarner le "leadership" de la droite que se disputent François Fillon et Jean-François Copé, alors que l'ancien chef de l'Etat pourrait revenir en politique pour la présidentielle de 2017. /Photo prise l

Selon des politologues, Nicolas Sarkozy continue d'incarner le "leadership" de la droite que se disputent François Fillon et Jean-François Copé, alors que l'ancien chef de l'Etat pourrait revenir en politique pour la présidentielle de 2017. /Photo prise l - -

Il y a d'un côté Jean-François Copé qui multiplie les références à l'ancien président, il y a de l'autre François Fillon qui voit se rallier à lui le très sarkozyste Christian Estrosi... Plus que jamais l'ombre de Nicolas Sarkozy plane sur les primaires de l'UMP.

L'estampille sarkozyste est devenue dans la campagne pour la présidence de l'UMP aussi convoitée que les voix des adhérents, preuve que l'ancien président continue d'incarner le « leadership » de la droite que se disputent François Fillon et Jean-François Copé.
De l'échéance présidentielle de 2017, il n'est singulièrement plus question dans les déclarations des deux favoris du congrès de novembre, qui font comme s'ils avaient intégré dans leurs plans de bataille l'hypothèse d'un retour de « l'ex-leader » naturel de l'opposition.
« L'ombre de Sarkozy écrase cette élection », souligne le politologue Thomas Guénolé. « Tous les candidats sont amenés à se positionner par rapport à Nicolas Sarkozy, c'est quand même très significatif. En fait, Nicolas Sarkozy est toujours le patron de la droite », juge-t-il. La question, « ce n'est même pas qu'il revienne, il est là », a résumé l'ancienne ministre Nadine Morano mercredi sur RMC.
Le ralliement à François Fillon de Christian Estrosi, qui apporte à l'ancien Premier ministre une caution sarkozyste notable, de même que les chaleureux hommages de Jean Sarkozy, fils cadet de l'ancien président, à Jean-François Copé, se décryptent à cette aune. « Nicolas Sarkozy n'a pas intérêt à intervenir dans la guerre, mais ça n'empêche pas d'envoyer des signaux », analyse un ancien ministre UMP, qui considère que l'ancien chef de l'Etat doit observer le plus complet mutisme et se consacrer à ses engagements internationaux - une série de conférences à venir.

Une entente Sarkozy – Copé ?

Un ancien président qui tirerait les ficelles du scrutin interne des 18 et 25 novembre pour se ménager une fenêtre de tir ? Cet autre connaisseur du premier parti d'opposition n'y croit pas. « Nicolas Sarkozy a tout intérêt à rester neutre, prendre parti pour un camp, ce serait s'aliéner l'autre ».
Mercredi, Jean-François Copé a brandi la Une de L'Express - "Et si Sarkozy avait eu raison ?" - devant des journalistes. Le secrétaire général de l'UMP, imperturbable face aux sondages qui le donnent perdant, multiplie les références à l'ancien président avec la volonté de s'assurer les suffrages de militants restés très attachés à Nicolas Sarkozy. Ce seront en effet les adhérents à jour de cotisation (environ 264.000) qui décideront du destin des deux ennemis en novembre. « Hier, ils vous ont amusé chez Fillon avec Estrosi, mais il y avait combien de militants dans la salle ? », lâche un proche de Jean-François Copé. En affirmant le 2 septembre qu'il s'effacerait s'il le fallait derrière Nicolas Sarkozy pour 2017, le député-maire de Meaux a nourri la thèse d'un accord avec l'ancien président dont la rumeur court dans les rangs fillonistes.
Reçu au Cap-Nègre le 24 août par Nicolas Sarkozy aux côtés de Brice Hortefeux, président de l'Association des Amis de Nicolas Sarkozy, Jean-François Copé se pose désormais en héritier et serviteur putatif. A 48 ans, il sait encore pouvoir tempérer ses ambitions élyséennes en « patientant », par exemple, à Matignon. « Copé à la tête de l'UMP serait pour Nicolas Sarkozy une meilleure option que François Fillon, parce qu'il est beaucoup moins fédérateur et que donc ça maximise les chances que Sarkozy apparaisse comparativement comme le meilleur candidat en 2017 », relève Thomas Guénolé.

« Comme DSK avant l’affaire du Sofitel »

François Fillon, 63 ans en 2017, serait donc l'homme à abattre ? Un de ses proches s'indigne : « La part heureuse du sarkozysme, il pourrait presque la revendiquer ».
Le député de Paris, qui a paru sentir le danger de primaires présidentielles ouvertes en 2016 en affirmant que l'élection de novembre était « une primaire avant l'heure », s'est démarqué de Nicolas Sarkozy dans une récente interview au Point en dépeignant le fillonisme comme une approche « plus sereine et plus pragmatique » des choses. Ses propos sont plus mesurés depuis lors - il a répété mardi que les attaques visant Nicolas Sarkozy le visaient lui aussi - et il a souligné à l'adresse des « copéistes » que ceux qui tentaient de « mettre un coin » entre lui et l'ancien président « ne l'impressionnaient pas ».
« François Fillon a-t-il un potentiel électoral supérieur à celui de Nicolas Sarkozy ? A l'heure actuelle, je ne le pense pas », avance Thomas Guénolé. « L'intérêt de Nicolas Sarkozy, c'est que le futur président de l'UMP ne comble pas l'attente du retour, ce qui est comparable un peu à la situation de Dominique Strauss-Kahn avant l'affaire du Sofitel », ajoute-t-il.
L'ancien Premier ministre Dominique de Villepin, qui peut se targuer de connaître l'animal politique Sarkozy, jugeait récemment que la droite et la gauche lui écrivaient actuellement « un scénario possible tout à fait inouï ». « Faire émerger un nouveau chef, cela ne s'improvise pas. C'est beaucoup trop tôt pour permettre à une primaire de se dérouler. Nicolas Sarkozy reste aujourd'hui, pour la plupart des dirigeants et des militants, son chef naturel », dit-il dans Libération.

La rédaction avec Reuters