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L'idée d'une démission de Georges Tron fait son chemin à l'UMP

L'éventualité d'une démission rapide du secrétaire d'Etat à la Fonction publique Georges Tron, accusé par deux femmes d'abus sexuels, semblait faire son chemin samedi dans les esprits, à l'UMP et dans les milieux gouvernementaux. /Photo d'archives/REUTERS

L'éventualité d'une démission rapide du secrétaire d'Etat à la Fonction publique Georges Tron, accusé par deux femmes d'abus sexuels, semblait faire son chemin samedi dans les esprits, à l'UMP et dans les milieux gouvernementaux. /Photo d'archives/REUTERS - -

PARIS (Reuters) - L'hypothèse d'une démission rapide du secrétaire d'Etat à la Fonction publique Georges Tron, accusé par deux femmes d'abus...

PARIS (Reuters) - L'hypothèse d'une démission rapide du secrétaire d'Etat à la Fonction publique Georges Tron, accusé par deux femmes d'abus sexuels, semblait faire son chemin samedi dans les esprits, à l'UMP et dans les milieux gouvernementaux.

Georges Tron dénonce comme "fantaisistes" et calomnieuses les accusations de ces deux anciennes employées de sa mairie de Draveil (Essonne) et a fait savoir par son avocat, Me Olivier Schnerb, que sa démission n'était pas à l'ordre du jour.

Il a cependant lui-même ouvert la porte à ce scénario en déclarant au quotidien Le Parisien qu'il ne voulait pas "devenir gênant" pour le gouvernement.

"Est-ce que la question de ma démission du gouvernement se pose ? Oui, ce serait idiot de dire l'inverse", a-t-il dit.

La présidence de la République renvoie les questions des journalistes sur cette affaire au Premier ministre, François Fillon, lequel a fait savoir qu'il avait évoqué vendredi matin avec Georges Tron "les conséquences de cette situation".

Les services du Premier ministre refusent de prononcer le mot démission, de même que les ministres et la plupart des dirigeants de l'UMP interrogés en marge d'un conseil national du parti présidentiel. Mais il est clair que si rares sont ceux qui osent en parler, beaucoup y pensent.

Les dirigeants de la majorité redoutent de connaître les affres que traverse le Parti socialiste après la mise en cause de l'ex-ministre PS et directeur général démissionnaire du FMI, Dominique Strauss-Kahn, pour crime sexuel aux Etats-Unis.

"Le mieux, dans ce genre de situation, pour que le gouvernement ne soit pas gêné, c'est qu'il y ait une démission et qu'on attende les décisions de justice", a déclaré à Reuters Jean-Claude Geniès, conseiller national UMP de Seine-et-Marne.

"Même s'il est innocent, c'est vrai que ça ne sent pas bon", a renchéri une députée proche de la direction de l'UMP sous couvert de l'anonymat. "Je serais à sa place, je partirais. Le week-end va être déterminant."

PARTIR POUR MIEUX SE DÉFENDRE ?

"Pourvu qu'il parte vite", confiait un cadre de l'UMP. "Il ne faudrait pas que l'affaire Strauss-Kahn arrive chez nous alors qu'on commençait juste à retrouver un peu le moral."

D'autres jugent qu'il serait préférable pour Georges Tron de démissionner "pour mieux assurer sa défense" mais se retranchent derrière la présomption d'innocence et les prérogatives du Premier ministre et du président Nicolas Sarkozy.

Certains dirigeants de l'UMP et membres du gouvernement, sans se prononcer sur une démission de Georges Tron, rendent hommage à ses déclarations au Parisien.

"Je trouve ça plutôt digne de sa part, qu'il évoque le fait qu'il est bien conscient qu'il y a un sujet. Il le vit lui-même de façon très dure", a ainsi dit le ministre des Affaires européennes, Laurent Wauquiez, à des journalistes.

Le secrétaire général adjoint de l'UMP Hervé Novelli a déclaré que la prise de position du secrétaire d'Etat à la Fonction publique l'"honorait". Mais non sans estimer que Georges Tron risquait de se trouver "affaibli" et d'affaiblir le gouvernement s'il devait assurer sa défense en continuant à assumer ses fonctions gouvernementales.

Le président du groupe UMP au sénat, Jean-Claude Gaudin, a pour sa part dit qu'il ne serait pas surpris que le secrétaire d'Etat démissionne "pour rendre service à ses amis".

L'avocat de Georges Tron, Olivier Schnerb, a assuré à la mi-journée qu'il n'y avait "aucune démission à l'ordre du jour".

Mais "si le président de la République ou le Premier ministre manifestent le moindre souhait qu'il quitte le gouvernement, il s'y résoudra immédiatement", a-t-il ajouté.

Pour l'avocat, cependant, Georges Tron "n'est accusé de rien à part la calomnie" et, "petit à petit, les mensonges vont finir par apparaître". Les relations entre ce proche de l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin et les deux plaignantes n'étaient que des "relations de travail", fait-il valoir.

Emmanuel Jarry et Jean-Baptiste Vey