L'ex-comptable de Bygmalion accuse l'UMP

Le Monde publie ce mercredi le contenu de l’audience de Matthieu Fay, qui raconte comment il a établi de fausses factures pour le compte de l’UMP dans le cadre de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2012.

Nouveau rebondissement dans l’affaire Bygmalion. Le Monde publie ce mercredi le contenu de l’audition par les enquêteurs, le 10 juin, de Matthieu Fay, l’ex-comptable de cette société soupçonnée d'avoir réalisé de fausses factures pour le compte de l'UMP dans le cadre de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2012.

De nouvelles informations publiées au lendemain de la parution d'un article du Monde révélant que la police s'interroge sur le rôle de Nicolas Sarkozy dans l'affaire, et le jour de la suspension de Jérôme Lavrilleux l’UMP. L’ex-directeur de cabinet de Jean-François Copé avait reconnu le 26 mai, en direct sur BFMTV, que la campagne de Nicolas Sarkozy en 2012 avait donné lieu à "un dérapage sur le nombre" de meetings et qu'un système occulte avait été mis en place pour éviter de dépasser le plafond autorisé des frais de campagne, soit environ 22,5 millions d'euros.

"Ce sont effectivement des fausses factures"

Selon Matthieu Fay, l’entreprise spécialisée dans la communication "a rencontré des difficultés dès avril 2012". "Les principaux sous-traitants n'ont pas été payés dans le délai de trente jours", se rappelle le comptable, licencié par Bygmalion le 26 mai dernier.

Et son témoignage accable l’UMP. "Il nous a été demandé par l'UMP de facturer 35 conventions", explique l’ex-salarié.

"Les dates et les événements nous ont été communiqués par l'UMP de façon à atteindre notre chiffre d'affaires. Ces facturations ne correspondent pas à des prestations effectuées par la société Event et Cie (filiale de Bygmalion, ndlr). Ce sont effectivement des fausses factures. Ce lot de factures, à savoir les factures sous-évaluées relatives aux meetings et les fausses factures, a été envoyé à l'UMP par porteur après le second tour", poursuit-il.

"Un chiffre rond pour que cela fasse plus réel"

Pour quelles sommes ? "Le montant total de la facturation des meetings était de 18.861.620,28 euros. Or nous ne devions pas dépasser, en ce qui concerne la facturation officielle des meetings, 3.346.423 euros", détaille Matthieu Fay, cité par le quotidien du soir.

La société établit alors les fameuses fausses factures, sous-évaluées, avec "un chiffre rond autour de 300.000 euros pour que cela fasse plus réel", raconte le comptable. La transmission des factures à l’UMP se fait ensuite "entre mars et juin 2012", par l’intermédiaire de Fabienne Liadzé, la directrice des affaires financières, "le seul interlocuteur" qu’il dit avoir eu.

V.R.