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Politique

L'ex-comptable de Bettencourt nie avoir mis en cause Sarkozy

Me Georges Kiejman, avocat de Liliane Bettencourt, montre à la presse une photocopie des carnets de caisse de l'ancienne comptable de l'héritière de L'Oréal, après les avoir remis à la police. Entendue à nouveau par les enquêteurs, l'ex-comptable de Lilia

Me Georges Kiejman, avocat de Liliane Bettencourt, montre à la presse une photocopie des carnets de caisse de l'ancienne comptable de l'héritière de L'Oréal, après les avoir remis à la police. Entendue à nouveau par les enquêteurs, l'ex-comptable de Lilia - -

L'ex-comptable de Liliane Bettencourt nie avoir mis en cause dans la presse Nicolas Sarkozy pour des remises d'argent mais...

PARIS (Reuters) - L'ex-comptable de Liliane Bettencourt nie avoir mis en cause dans la presse Nicolas Sarkozy pour des remises d'argent mais maintient une accusation indirecte de financement politique illégal contre Eric Woerth.

Dans sa déposition recueillie mercredi en pleine nuit et reproduite en partie jeudi par lefigaro.fr, Claire Thibout, comptable de 1995 à 2008 de l'héritière de L'Oréal, dément certains propos rapportés par le site Mediapart.

"Je n'ai jamais dit que des enveloppes étaient remises régulièrement à M. Sarkozy", affirme-t-elle.

En revanche, elle a maintenu devant les policiers que le gestionnaire de la fortune Bettencourt, Patrice de Maistre, lui avait demandé en 2007 un retrait de 50.000 euros en espèces en lui expliquant qu'il était destiné à Eric Woerth, trésorier de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy.

"Là, il y a un tournant judiciaire. Elle (l'ex-comptable, NDLR) a été totalement manipulée par Mediapart", a-t-on déclaré dans l'entourage de Nicolas Sarkozy.

"Elle disculpe totalement et clairement le président de la République", a-t-on ajouté. Eric Woerth est "aussi" blanchi, estime-t-on à l'Elysée.

L'avocat de Claire Thibout, Antoine Gillot, a cependant déploré les conditions d'audition de sa cliente à son domicile par des policiers dépêchés spécialement dans le sud de la France et il a dénoncé des "pressions" du parquet.

"Le mot pressions me semble tout à fait adapté. Je trouve absolument scandaleux l'acharnement du parquet à son encontre", a-t-il dit à Reuters.

Claire Thibout est revenue à Paris avec les policiers jeudi, dans le but possible, selon l'avocat, d'une confrontation dans la journée avec Patrice de Maistre, qui nie ses accusations.

Mediapart a maintenu la teneur des entretiens avec Claire Thibout, sans préciser s'ils avaient été enregistrés. Ils ont été réalisés, dit la rédaction, en présence de tiers témoins.

LES CARNETS BETTENCOURT RÉAPPARAISSENT

Les carnets de l'ancienne comptable, un temps disparus, ont par ailleurs été retrouvés chez Liliane Bettencourt, qui avait pourtant déposé plainte pour "vol". Ils ont été remis à la police par l'avocat de l'héritière, Me Georges Kiejman.

Lors d'une conférence de presse jeudi, cet avocat s'en est pris à la comptable. "Elle ment parce qu'elle est blessée dans son amour-propre, blessée d'être écartée de la vie de Liliane Bettencourt", a-t-il estimé.

Il a montré aux journalistes des photocopies de ces carnets manuscrits sur lesquels Claire Thibout consignait les retraits en espèces et leur usage.

On peut y lire la trace d'un retrait de 50.000 euros sur un compte de Liliane Bettencourt à la BNP à la date du 26 mars 2007, évoquée par Mediapart, mais jamais mentionné devant la police par Claire Thibout.

On voit en regard de cette somme des dépenses domestiques, comme 12.861 euros d'achats pour la cuisine, sans qu'il soit clair s'ils se rapportent ou non au retrait.

On voit aussi à la date de janvier 2007 mention d'un retrait de 100.000 euros avec la mention "Monsieur", apparente allusion à André Bettencourt (décédé en novembre 2007). Georges Kiejman n'a pu dire quel usage signifiait la mention "Monsieur".

"On ne peut pas interroger un mort", a dit l'avocat.

La comptable a déclaré à Mediapart qu'elle portait toujours la mention "Bettencourt" lorsque l'argent était remis à des hommes politiques pour éviter de laisser une trace écrite.

L'enquête reste sous le contrôle du procureur de Nanterre Philippe Courroye, qui n'a pas caché dans le passé son amitié avec Nicolas Sarkozy.

Ce point a suscité une réaction de l'Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire), qui estime que le procureur devrait se dessaisir au profit d'un juge d'instruction.

Thierry Lévêque, Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse