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L'Elysée dément la création d'un cabinet noir anti-Sarkozy

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PARIS (Reuters) - La présidence française a démenti mercredi les informations de presse faisant état de la constitution à l'Elysée d'un...

PARIS (Reuters) - La présidence française a démenti mercredi les informations de presse faisant état de la constitution à l'Elysée d'un "cabinet noir" chargé de déstabiliser des personnalités de droite liées notamment à l'affaire Tapie, dont Nicolas Sarkozy.

Dans son édition de jeudi, l'hebdomadaire Valeurs actuelles affirme qu'une cellule a été créée à l'Elysée pour fouiller en toute illégalité les archives de Nicolas Sarkozy, notamment, et des députés de l'opposition ont repris ces accusations à leur compte lors des questions au gouvernement à l'Assemblée.

La présidence déclare dans un communiqué avoir agi uniquement sur demande des juges d'instruction et leur avoir fourni des documents dont elle disposait légalement, les renvoyant aux Archives nationales pour le reste.

"La présidence de la République n'a fait qu'exécuter les réquisitions adressées par les juges d'instruction et par le Conseil constitutionnel. En aucun cas elle n'est allée au-delà des demandes des juges", peut-on y lire.

Valeurs actuelles reproduit une liste de personnalités visées où l'on retrouve tous les protagonistes de l'affaire Tapie, l'homme d'affaires lui-même et son avocat Maurice Lantourne, les arbitres qui ont rendu la décision controversée en sa faveur, Christine Lagarde, alors ministre de l'Economie, ainsi que Jean-Louis Borloo, ancien ministre et président de l'UDI.

L'hebdomadaire cite le chef du service des télécommunications et de l'informatique de l'Elysée, Bernard Muenkel, affirmant qu'en avril 2013 le commandant militaire du palais, Eric Bio-Farina, lui a tendu une liste en lui ordonnant de chercher tous les documents capables de gêner des personnalités issues de la précédente majorité.

Eric Bio-Farina a, selon Bernard Muenkel, affirmé que c'étaient les juges qui demandaient ces informations, ce qui est donc confirmé par le communiqué de l'Elysée.

ARCHIVES DE SARKOZY

L'officier lui aurait notamment demandé de violer le protocole d'accord signé par Nicolas Sarkozy avec les Archives nationales afin de régler l'accès aux archives de son quinquennat, dont l'ancien président est le seul propriétaire.

Bernard Muenkel explique avoir refusé malgré des demandes pressantes et avoir été mis au placard avant d'être mis en arrêt maladie deux mois pour "stress professionnel".

L'enquête de Valeurs actuelles est complétée par des copies de courriels, dont un d'Eric Bio-Farina destiné à Sylvie Hubac, directrice de cabinet de François Hollande, Pierre Valleix, conseiller justice de la présidence et Alain Zabulon, directeur adjoint de cabinet, nommé depuis coordonnateur national du renseignement.

Dans son communiqué, l'Elysée explique avoir été saisi au printemps dernier de "trois réquisitions judiciaires auxquelles il a été répondu dans le strict respect du droit".

La première a été faite "dans le cadre de l'instruction ouverte concernant la mise en oeuvre d'une procédure d'arbitrage entre le Consortium de Réalisation (CDR) et les liquidateurs des sociétés de M. Bernard Tapie", qui a octroyé 403 millions d'euros à l'homme d'affaires dans son litige sur la vente d'Adidas par le Crédit Lyonnais.

UN ABUS DE CONFIANCE

La seconde se rapporte à l'instruction pour prise illégale d'intérêt à l'occasion de la fusion des Caisses d'Epargne et des Banques Populaires, qui a vu l'ex-secrétaire général adjoint de l'Elysée sous Nicolas Sarkozy, François Pérol, prendre la présidence du directoire de la nouvelle entité. Ce dernier est sous le coup d'une information judiciaire.

Enfin, conclut l'Elysée, le Conseil constitutionnel a demandé de fournir des éléments comptables dans le cadre du recours formé contre la décision du 19 décembre 2012 de la commission des comptes de campagne et des financements politiques rejetant les comptes de campagne Nicolas Sarkozy.

La présidence dit avoir transmis des informations qui se trouvaient "disponibles dans les services" mais ajoute que les juges ont été invités à interroger les Archives nationales pour "les autres archives, papiers ou informatiques" qui y avaient été transférées, conformément à la loi.

Dans l'entourage de François Hollande, on reconnaît que l'Elysée était bien en possession de documents qui auraient dû être détruits tous les six mois, mais qui ne l'avaient pas été depuis ... 1981. La présidence a donc jugé qu'elle était tenue de les fournir à la justice.

"Ce qui est quand même extravagant dans l'article de Valeurs actuelles, c'est que si on ne l'avait pas fait, nous étions en faute", dit-on. "La justice nous demande des documents, je ne vois pas ce qu'on aurait pu faire d'autre."

Des proches du président ajoutent que le fac-similé des listes de noms publiées par l'hebdomadaire reprend en fait celles demandées par les juges d'instruction et souligne que certains courriels ont été tronqués par Valeurs actuelles.

L'Elysée précise par ailleurs que Bernard Muenkel est toujours salarié de l'Elysée, même s'il est en congé maladie.

Gérard Bon et Yves Clarisse, avec Julien Ponthus, édité par Gilles Trequesser