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L'Elysée confirme la validité des "zones noires"

Nicolas Sarkozy a demandé lundi au gouvernement de s'assurer que les sinistrés de la tempête Xynthia ne seraient pas autorisés à rentrer chez eux si leurs logements sont situés dans des zones dangereuses. /Photo prise le 1er mars 2010/REUTERS/Régis Duvign

Nicolas Sarkozy a demandé lundi au gouvernement de s'assurer que les sinistrés de la tempête Xynthia ne seraient pas autorisés à rentrer chez eux si leurs logements sont situés dans des zones dangereuses. /Photo prise le 1er mars 2010/REUTERS/Régis Duvign - -

Nicolas Sarkozy a demandé au gouvernement de s'assurer que les sinistrés de la tempête Xynthia dont les logements sont dans des zones dangereuses, ne seraient pas autorisés à rentrer chez eux.

PARIS (Reuters) - Nicolas Sarkozy demande au gouvernement de s'assurer que les sinistrés de la tempête Xynthia ne seront pas autorisés à rentrer chez eux si leurs logements sont situés dans des zones dangereuses.

Cette mise au point intervient après un week-end marqué par plusieurs manifestations de sinistrés refusant de quitter leur maison, et par une déclaration du ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, semblant ouvrir la voie à un réexamen de certains cas.

Plus de 1.500 logements sont en théorie voués à la destruction en Vendée et Loire-Atlantique dans les "zones noires" définies par les pouvoirs publics, c'est-à-dire celles qui présentent "un danger de mort avéré".

A la demande de Nicolas Sarkozy, le Premier ministre, François Fillon, réunira les ministres concernés ce mardi à Matignon à 11h00 pour examiner les suites de la tempête qui a fait 53 morts fin février, en quasi-totalité sur les côtes des départements de Vendée et de Charente-Maritime.

La présidence de la République rappelle dans un communiqué que Nicolas Sarkozy, lors de sa dernière visite sur place le 16 mars, avait insisté "sur le fait qu'il ne serait pas possible d'autoriser des personnes à se réinstaller là où elles sont exposées à un risque mortel".

"La réunion du Premier ministre et des ministres concernés aura pour objet de vérifier la mobilisation effective des services de l'État aux côtés des sinistrés et le respect des principes posés par le président de la République", ajoute-t-elle.

Les méthodes utilisées pour délimiter les "zones noires" ont été contestées localement, des habitants se disant prêts à attaquer l'Etat en justice pour empêcher la destruction de leur maison.

Brice Hortefeux a déclaré dimanche que le principe des "zones noires" ne serait pas remis en cause tout en reconnaissant que certaines "situations individuelles" pourraient être réexaminées.

Le secrétaire d'Etat aux Transports, Dominique Bussereau, également président du conseil général de Charente-Maritime, avait souhaité l'ouverture d'une concertation.

"LES GENS NE COMPRENNENT PAS"

A La Faute-sur-Mer, commune de Vendée où 29 personnes ont péri dans les inondations, la cartographie des "zones noires" est jugée "injuste et terriblement arbitraire", témoigne Hervé Cassara, avocat de l'association des victimes des inondations de La Faute-sur-Mer (AVIF).

"Les gens ne comprennent pas pourquoi certains d'entre eux se trouvent dans cette zone sans avoir eu une seule goutte d'eau, alors que d'autres qui ont eu 1,50m ne le sont pas", a-t-il dit à Reuters.

"Il faudrait rendre publiques les études sur lesquelles s'est basée cette cartographie, détailler les critères et les soumettre à des contre-expertises. Comme dans tout débat scientifique, il se peut que des experts aient des avis divergents", a-t-il ajouté.

Thierry Demaegdt, président de l'association des sinistrés de Charron (Charente-Maritime), rappelle que les habitants des zones sinistrées ne contestent pas le principe des "zones noires" mais leur découpage.

"Nous remettons en cause la cartographie des 'zones noires' mais absolument pas le principe des 'zones noires'", a-t-il dit à Reuters.

Environ 150 maisons sont situées en "zone noire" à Charron.

"Ce sont des technocrates qui ont déterminé le découpage des zones, sans concertation, sans venir sur le terrain. Ce découpage qui englobe des maisons qui n'ont pas été inondées doit être revu", estimé Thierry Demaegdt.

Pour Jacques Maire, président des conchyliculteurs du village des Boucholeurs, par ailleurs porte-parole d'une association fondée pour contester les "zones noires", aucune maison ne doit disparaître.

"Avec des aménagements et des travaux, on doit pouvoir tout régler. La zone noire est située 3,5 mètres au-dessus du niveau de la mer, et des maisons n'ont eu que très peu d'eau", dit-il.

Environ 70 maisons sont concernées dans son village.

Yann Le Guernigou, avec Claude Canellas à Bordeaux et Guillaume Frouin à Nantes, édité par Sophie Louet