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Politique

L'avertissement de François de Rugy à Jean-Luc Mélenchon

François de Rugy, le nouveau président de l'Assemblée nationale.

François de Rugy, le nouveau président de l'Assemblée nationale. - CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

François de Rugy a été élu président de l'Assemblée nationale ce mardi après-midi. Dans son discours depuis le Perchoir, il a ciblé à plusieurs reprises, sans les nommer, les fortes têtes de l'opposition, à commencer par Jean-Luc Mélenchon.

En prononçant son premier discours en tant que président de l'Assemblée nationale, sitôt après son élection, François de Rugy a visiblement voulu adresser un message à l'opposition, sans nommer explicitement ses destinataires pour autant. Il a tout d'abord défendu ce qui est souvent présenté comme le talon d'Achille de cette large majorité par ses détracteurs: le taux record d'abstention ayant marqué le second tour des législatives.

"Nous ne pouvons pas ignorer le défi particulier qui est le nôtre. Pour la première fois dans l’histoire de la Ve République, nous avons collectivement été choisis par une minorité de Françaises et de Français. Cela n’entame en rien notre légitimité, votre légitimité à agir et à légiférer car nul ne peut prétendre représenter ou porter la voix de celles et ceux qui n’ont pas participé aux dernières élections législatives", a-t-il assuré. 

Les fortes têtes visées

Par la suite, François de Rugy a mis en garde par anticipation contre les comportements qu'il prête aux députés les plus bouillants et les moins favorables au gouvernement. "Une Assemblée plus démocratique doit être en premier lieu une enceinte où on ne se contente pas de parler mais où on apprend à s’écouter", a-t-il lancé. Il a poursuivi: "Cet hémicycle ne doit donc pas être un lieu de provocations et d’anathèmes, un théâtre d’excès et de caricatures mais, bien au contraire, de la sérénité, de la bienveillance, de l’esprit constructif et du respect dans les débats." Enfin, François de Rugy a assuré: "L’Assemblée ne sera respectée que si elle est respectable dans ses comportements."

Dans la mesure où il s'affirme déjà comme l'un des opposants les plus décidés à l'exécutif et l'un des orateurs les plus en vue de cette législature, Jean-Luc Mélenchon a sans doute pu se sentir concerné par certains de ces passages. Mais un axe du discours du nouveau président de l'Assemblée nationale lui était à l'évidence personnellement dédié.

"J’aurai aussi une pensée pour les miens, et les valeurs que m’ont transmises mes parents et mes grands-parents. Directement victimes de la deuxième guerre mondiale, ils m’ont transmis un engagement européen profond qui me rend fier de siéger face à vous, devant ce drapeau européen. Le président Accoyer avait eu la judicieuse idée d’installer ce symbole d’une paix durable dans notre hémicycle. Il y a toute sa place aux côtés de nos couleurs nationales", a prévenu François de Rugy. 

Jean-Luc Mélenchon au premier chef

Il s'agissait d'une réplique au premier coup d'éclat du député élu dans la 4e circonscription des Bouches-du-Rhône au Palais-Bourbon. Le 20 juin, visitant l'Hémicycle avec les seize autres députés "insoumis", Jean-Luc Mélenchon s'était agacé en apercevant le drapeau européen au côtés du drapeau français: "Franchement, on est obligé de supporter ça? C’est la République française ici, pas la Vierge Marie. Je ne comprends pas. Ce truc n’est pas constitutionnel." La référence à la Vierge était due au bleu marial de la bannière européenne et à la symbolique des douze étoiles, également rattachée à la figure de Marie par la liturgie catholique. 

Cette allusion transparente de François de Rugy n'est peut-être pas pour rien dans l'exaspération de Jean-Luc Mélenchon, capté dans ce tweet du Lab d'Europe 1. 

Robin Verner