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L'ancien rapporteur des comptes de campagne de Mélenchon détaille les anomalies reprochées au candidat

Sur BFMTV ce jeudi, l'ex-rapporteur à la commission des comptes est revenu sur les anomalies reprochées à Jean-Luc Mélenchon. Il s'interroge aussi: pourquoi la commission de contrôle n'a-t-elle pas relevé ces anomalies plus tôt?

Jean-Guy de Chalvron a été le premier à avoir repéré puis rapporté ce qu'il considérait comme des anomalies dans les comptes de campagne de Jean-Luc Mélenchon. L'ancien rapporteur pour la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) était en charge du suivi du candidat de la France insoumise. Invité de BFMTV ce jeudi soir, il demande au candidat de s'expliquer sur ces irrégularités pour lesquelles lui et La France Insoumise ont été perquisitionnés mardi.

"Qu'il s'explique!" a répété Jean-Guy de Chalvron, "et qu'on donne les vraies raisons de la plainte commise devant la justice. Je pense que ça mérite vraiment explications, ça c'est incontestable".

"Il a dit cet après-midi quelque chose de très inconvenant, que j'étais vraisemblablement dérangé du cerveau pour avoir porté de telles accusations. (...) Je n'ai jamais vu M. Mélenchon de ma vie, et je n'ai à priori rien contre lui" a-t-il développé.

"Pourquoi ne pas avoir tenu compte de mes remarques?"

"J'avais un certain grief à faire contre cette commission (...) irresponsable", fait aussi savoir Jean-Guy de Chalvron ce jeudi soir sur BFMTV.

Le haut-fonctionnaire regrette que la commission n'ait pas tenu compte de ses remarques dès le mois de novembre 2017. Jean-Guy de Chalvron s'interroge: "Pourquoi n'a-t-elle pas relevé les anomalies que j'ai moi-même relevé? On n'en serait pas là...".

"J'ai découvert à la lecture des comptes, qui m'a pris six mois, un certain nombres d'anomalies que j'ai naturellement signalées à la commission de contrôle des comptes (...) Elles étaient de trois ordres: une anomalie fiscale, une association plus ou moins liée à Jean-Luc Mélenchon qui ne payait pas de TVA alors qu'elle devrait en payer."
"Deuxième anomalie: des dirigeants de la même société liée à Jean-Luc Mélenchon étaient en même temps salariés de cette association, et notre code civil interdit cette pratique."
"La troisième, plus grave puisqu'elle relève du pénal, consistait à charger en salaires la dite-association plus une autre association qui s'appelle Médiascope, de façon à surfacturer les prestations réalisées et vraisemblablement aider à la constitution d'un réservoir." 

"1.5 millions d'euros qui me semblent contestables"

Sur BFMTV ce jeudi, le rapporteur raconte avoir confié dès novembre à la commission: "il y a (dans ces comptes de campagne), environ 1,5 million d'euros qui me semblent tout-à-fait contestables". Jean-Guy de Chalvron demande alors à la commission de bien vouloir demander des explications au candidat". Mais le haut-fonctionnaire explique avoir reçu un refus de leur part. "Cela n'est pas si simple que ce que tu imagines", lui aurait-on alors répondu.

Dérangé par la situation, le rapporteur des comptes de campagne décide donc de démissionner et envisage même un signalement au procureur. Mais à son grand étonnement, quelques mois plus tard, en février 2018, la commission porte plainte contre le parti, et tient finalement compte de ses remarques.

L'enquête sur ses comptes de campagne pendant la présidentielle a été lancée après deux signalements à la justice: l'un du président de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP), l'autre de la cellule française de renseignement financier Tracfin. Jean-Luc Mélenchon est par ailleurs visé par une enquête sur des présumés emplois fictifs d'assistants parlementaires européens, ouverte à la suite de signalements de l'ex-eurodéputée FN Sophie Montel.
Jeanne Bulant